BéréchitItshak NabetParacha

Itshak et Essav

par Itshak Nabet

La paracha de la semaine raconte la naissance d’Essav et de Yaakov avinou, jumeaux que Rivka iménou mit au monde. Yaakov, depuis la naissance, prit le chemin de ses pères, contrairement à Essav qui en sortit bien vite pour commettre les pires fautes. Pourtant la Torah témoigne qu’Itshak aimait Essav et, plus encore, désirait lui donner les bénédictions pour en faire son successeur. Essayons de comprendre le comportement d’Itshak avinou.
La Torah nous enseigne qu’Itshak aimait Essav car il lui mettait du gibier dans la bouche. Rachi zal explique de deux façons ce verset: soit parce qu’Essav servait des plats à son père ou soit parce qu’il le trompait par ses paroles, en lui posant des questions de Torah très compliquées, lui laissant ainsi entendre qu’il était Tsadik. A priori, il parait bien difficile d’accepter ces deux commentaires. Est-il possible qu’Itshak avinou aimait son fils parce qu’il lui apportait àmanger? N’est-il pas écrit qu’on doit haïr ceux qui haïssent Hachem? Et, d’après la seconde explication, peut-on imaginer que notre ancêtre, qui possédait l’inspiration divine, ne sût pas ce que tout le monde savait,qu’Essav était un assassin et un violeur qui pratiquait l’idolâtrie?

Pour répondre à ces questions, utilisons l’éclairage que donna le rav Gabriel Tolédano chlita à propos de cette paracha. D’après ce rav, Itshak connaissait la nature d’Essav et ses activités. Loin de le rejeter, tout son objectif était de se rapprocher de lui afin de le ramener vers notre créateur. Or le seul chemin pour aider Essav à changer était de lui fournir un maximum d’amour et d’attentions. Car seule cette chaleur pouvait ouvrir ce cœur à la spiritualité. Cependant, un problème se présentait à Itshak avinou: comment aimer ce fils qui donnait tellement de peine à ses parents? Notre ancêtre comprit que le seul moyen d’y parvenir était de trouver sescôtés positifs, de les mettre en valeur et de les amplifier au mieux. Et c’est ce que fit Itshak avinou, qui s’enleva de l’esprit tous les défauts d’Essav pour se concentrer seulement sur ses qualités. Voilà comment il parvint à le glorifier et à déverser sur lui tout son amour.

Le point de lumière qu’Itshak trouva chez son fils fut la mitsva d’honorer ses parents qu’il pratiquait avec perfection. Le Midrach nous dit (midrach Raba, 65,16) qu’il gardait des vêtements royaux qu’il avait volés à Nimrod exclusivement pour servir son père. Or il paraît impossible de penser que tant d’excellence dans l’accomplissement de cette mitsva ne provînt pas du plus profond de son âme. De plus, il n’y avait aucune raison de tromper son père toute sa vie. C’est pourquoi nous sommes en droit de penser qu’Essav estimait et admirait énormément Itshak. A ses cotés, il ressentait la spiritualité et aspirait à devenir meilleur. Il était donc prêt à tout pour faire la volonté d’Itshak avinou, même s’il retournait à ses désirs matériels une fois dans la rue.

Désormais, nous pouvons comprendre les explications fournies par Rachi zal. Itshak avinou, qui désirait rapprocher son fils de la Torah, profita de la moindre occasion pour lui faire accomplir la mitsva d’honorer ses parents. Ainsi lui demandait-il sans cesse du gibier, afin qu’à travers cette mitsva il se rattache à Hachem. De plus, il sentait que lorsqu’Essav était avec lui, il semblait un autre homme, qui s’intéressait à la Torah et aux mitsvot. Voilà pourquoi il essayait le plus possible de le faire venir auprès de lui. A partir de cette idée, nous pouvons également comprendre pourquoi Itshak voulut transmettre les bénédictions à Essav. Voyant que ses efforts n’aboutissaient pas, il décida d’essayer une nouvelle méthode. Il a placé sa confiance en lui montrant ainsi qu’il avait la capacité de devenir meilleur. Dans cette optique, il voulut lui offrir les bénédictions pour lui prouver qu’il était apte à ses yeux à être l’héritier du chemin qu’Avraham avinou avait ouvert. En accomplissant cet acte irréversible, il espérait que son fils devienne enfin un autre homme. Or nous pouvons constater que sa stratégie fonctionna, au moins pendant quelques instants. En effet, Essav qui n’avait cessé de mépriser son droit d’aînesse et les bénédictions, est soudain pris d’un profond remords lorsqu’il voit que son frère en a hérité. Comme il est écrit  » il hurla un grand cri plein d’amertume ». Et, plus encore, la Torah témoigne qu’il regretta même la vente de son droit d’aînesse à Yaakov:  » Est-ce parce qu’il s’appelle Yaakov qu’il m’a trompé deux fois? »demandera-t-il à son père en pleurant. Alors comment expliquer ce changement soudain dans le comportement d’Essav?

Il est possible d’expliquer qu’à ce moment précis Essav fit réellement Téchouva et prit sur lui de devenir meilleur. Après avoir vu son père lui offrir les si précieuses bénédictions, il prit conscience de ses capacités et voulut aussi devenir un des piliers de notre peuple. Et ce cri qui sortit du plus profond de son âme témoignait de ses véritables intentions. Cependant, Rivka iménou désapprouva cette décision. Car elle ne voulait pas placer le destin des enfants d’Israël entre les mains d’Essav et s’appuyer sur « un espoir de changement ». Ainsi, même si elle était d’accord sur cette méthode éducative, elle ne voulait pas prendre un risque exagéré. Itshak avinou accepta les arguments de sa femme et bénit Yaakov.

En conclusion, nous pouvons retenir trois leçons de cet épisode. Premièrement, que même chez les plus grands réchaim, il existe une partie positive. Et c’est à nous de trouver les cotés positifs qui résident chez chacun pour parvenir à s’aimer mutuellement. Ensuite qu’il faut transmettre beaucoup d’amour et d’affection pour rapprocher ses enfants et son prochain des sentiers de la Torah. Enfin que les gens ont besoin de sentir qu’on leur fait confiance. Et c’est en leur montrant qu’on a foi en eux qu’ils parviennent à changer et à grandir. Alors conservons bien précieusement ces enseignements. Essayons d’aimer chaque juif et d’aider autrui en donnant ce que nous avons de plus cher: notre affection et notre confiance.

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