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Massé: Un juif ne se trompe pas

par Itshak Nabet

Dans la paracha Massé, qui clôture ce livre de Bamidbar, la Torah retrace et énumère les 42 étapes que nos ancêtres traversèrent dans le désert, depuis la sortie d’Egypte à leur entrée en Terre Sainte. Tous les commentateurs s’interrogent devant ces 50 versets: pourquoi la Torah, qui est si avare en mots, a-t-elle besoin de reprendre le voyage des bné Israël en détail? De plus, puisque le livre de Dévarim est la répétition de la Torah, notre paracha représente la conclusion de toute la Torah. Alors quel ultime message vient-on nous transmettre ici?

Le Baal Chem Tov zal enseigne que, de même que nos ancêtres traversèrent 42 étapes, chaque juif passe dans sa vie 42 stations. De la naissance à la mort, notre vie est parsemée de moments paisibles et calmes comme Mitka ou de moments amers, comme Mara. Chaque personne connaît des épreuves et des consolations. Or souvent, lorsque nous sommes confrontés à de grandes difficultés comme la disparition d’un être cher, ou d’autres tragédies, une question revient: Pourquoi Hachem me fait-Il cela? Après tous les efforts, toutes les prières, pourquoi est-ce sur nous qu’Il envoie ces souffrances? Cette interrogation fit enlever la Kippa à plus d’un juif, hélas. C’est pourquoi il est important de savoir répondre à cette question.

Le rav Miller zal, dans son livre Olat Chabat Béchabato, s’arrête sur la vie de Ruth. Cette princesse Moabite quitta son pays natal et la royauté pour suivre sa belle-mère vers une terre étrangère. Confrontée à une terrible pauvreté, elle décida d’aller ramasser dans les champs les germes de blé oubliés par les cueilleurs. Elle trouva grâce aux yeux de Boaz, un proche parent de sa belle-mère qui accepta de l’épouser. Cet homme a au moins 80 ans. La jeune veuve se marie avec lui pour donner une descendance qui portera le nom de son ancien mari. Le mariage a lieu. Le lendemain, Boaz décède. Plutôt que de  célébrer son mariage par sept jours de réjouissances, elle doit s’asseoir par terre pendant les sept jours de deuil de son mari. Pourquoi Ruth ne demanda-t-elle pas à Hachem:  » Maitre du Monde, j’aurais pu être princesse comme Orpa, j’ai tout abandonné pour la Torah et les Mitsvot, même une semaine avec mon mari,et Tu ne me laisses pas en paix?

La réponse est qu’il est interdit à un juif de s’arrêter sur un instant de souffrance. Comme nous l’avons dit, nous avons 42 étapes à traverser. Or ce n’est qu’à la fin du parcours que nous pourrons voir où nous a menés ce long chemin. La vie de Ruth commença en se mariant avec un juif dans les plaines de Moav. Elle se termina dans les palais de son petit petit-fils: le Roi Chlomo. Il est impossible de devenir la mère de la royauté sans passer par les 42 étapes.

Dans la paracha Vayéra, lorsqu’ Avraham avinou divorça d’Agar, la Torah écrit que cette dernière se perdit dans le désert. Rachi explique qu’elle retourna à l’idolâtrie. Le rav Mordékhaï Porgémanski zal demande: » où Rachi voit-il une allusion qu’Agar quitta la religion? Il est juste indiqué qu’elle s’est perdue dans le désert. »

Ce rav raconte qu’un vendredi, alors qu’il voyageait en train afin de rentrer chez lui pour Chabat, il rencontra un juif dans le train. Les deux hommes se mirent à discuter de Torah pendant quelques heures lorsqu’ils remarquèrent qu’ils avaient manqué leur station. Le rav dit à ce juif: » pourquoi es-tu inquiet? » Il lui répondit: « Je suis abatteur rituel et Mohel. Je pars de chez moi le dimanche. Toute la semaine, je passe de village en village afin d’abattre de la viande pour les habitants. Le vendredi, je rentre chez moi pour Chabat. Cette semaine,  je n’aurai même pas ce plaisir. » Le rav lui répondit: « si Hachem a voulu que nous loupions cette station, c’est qu’Il désire que nous descendions à la prochaine station. » Lorsque le train arriva à la gare, il était déjà trop tard pour en prendre un autre dans le sens inverse. Il fallait donc passer Chabat dans cette ville. Ils demandèrent à un cocher qui attendait devant la gare s’il y avait des juifs dans cette ville. Celui-ci répondit qu’il y avait une famille à l’autre bout du village. Une heure avant Chabat, les deux voyageurs frappèrent à la porte de cette maison. Un juif ouvra la porte et devint blanc en apercevant les deux hommes.  » Un de vous deux est-il Mohel? » demanda-t-il. « Oui, cet homme, répondit le rav, pourquoi? »

« Je n’y crois pas! C’est incroyable! Chabat dernier, j’ai eu un fils. Depuis trois jours, j’ai envoyé des messages aux Mohalim des villes avoisinantes afin qu’un d’eux vienne pour circoncire mon fils demain. Hélas, personne ne me répondit. Cet après-midi, j’ai dit à Hachem: « Tu as ordonné de faire la circoncision à huit jours. J’ai fait ce qui est en mon pouvoir pour trouver un Mohel. Alors envoie- moi un Mohel! » Le rav se retourna vers le Mohel et lui dit:  » Alors un juif se trompe ou ne se trompe pas. Hachem voulait que l’on soit là à Chabat, alors Il fit que nous loupions la station et que nous débarquions dans ce village. »

Désormais nous pouvons comprendre ce qu’explique Rachi. Il est écrit qu’Agar partit de chez Avraham et se trompa dans le désert rès de Beer Chéva. Si la Torah précise qu’elle se trompa, c’est qu’elle n’était plus juive. Car un juif ne se trompe pas.  Dans nos vies, il y a des stations qui sont amères comme les eaux de Mara, mais ensuite vient Mitka. Nous devons savoir que, sur l’ordre d’Hachem, nous voyageons et que, toujours sur l’ordre d’Hachem, nous nous arrêtons. A chaque voyage, Hachem nous accompagne. La Torah répéta chaque étape des enfants d’Israël dans le désert pour nous renforcer dans cette foi. Si nous voulons parvenir à la quarante-deuxième étape, il faut faire confiance au GPS. Voilà sur quoi devait conclure toute la Torah. Alors qu’Hachem nous donne les forces de suivre le chemin de nos ancêtres, amen ken yéhi ratson.

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