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Parachat Hayé Sarah: la vie de Sarah Iménou

par Itshak Nabet

בס ד

« La vie de Sarah fut de 127 ans, telle fut la durée de sa vie. » Comme nous pouvons le constater, la Torah utilise un effet de redondance pour ouvrir notre paracha. Rachi zal explique que cette répétition témoigne qu’elle fit le bien tout au long de sa vie,sans aucune interruption. Elle fut à sa mort comme elle avait été dans sa jeunesse. Le Hatam Sofer zal s’interroge sur cette explication: comment une personne peut-elle demeurer au même niveau toute sa vie? Il paraît évident qu’elle connut des évolutions. Son service divin,lors de son enfance,était forcément moins abouti que celui de ses derniers jours. Alors comment la Torah peut-elle témoigner de l’inverse?

Ce rav répond que,même s’il est vrai que Sarah n’atteignit la plénitude que dans ses derniers instants, Hachem considéra l’œuvre de sa vie comme si elle l’avait effectuée entièrement avec cette même perfection. Puisque toute sa vie a ressemblé à une échelle, où chaque jour lui avait permis de s’élever un peu plus vers le Créateur, il n’y avait pas de raison de juger moins favorablement les premiers jours que les derniers. C’est pour cette raison qu’Hachem considéra toute l’existence de cette Tsadékette comme si elle avait été toujours au plus haut niveau. Nous pouvons désormais comprendre le sens cette répétition:  » Vayiyou Hayé Sarah, Voici la vie de Sarah… », la valeur numérique de Vayiyou est de 37 (6+10+5+10+6). Or,comme nous le savons, Hachem demanda à Saraï de se nommer Sarah à l’âge de 90 ans. Et ce n’est donc que pendant ces 37 dernières années qu’elle s’appela Sarah et atteignit la perfection dans son service divin. En effet, Rachi zal explique que Saraï veut dire ma princesse, alors que Sarah signifie la princesse du monde entier. Ainsi notre verset nous enseigne-t-il que même si Sarah porta ce nom et fut à ce niveau spirituel pendant seulement 37 ans, Hachem considéra que toute sa vie,et donc ces 127 années,fut à ce niveau.

Le Hatam Sofer zal nous dévoile ici un principe fondamental en expliquant pourquoi les jours de sa jeunesse ont été considérés,malgré leurs inévitables imperfections,comme ceux de sa vieillesse.Parce que c’est grâce à eux que ses vieux jours furent d’une telle qualité. Ainsi pouvons-nous déduire que toute chose ou toute personne qui permet d’accomplir une action positive est jugée,en elle-même,comme étant l’auteur de ce bienfait. Nous retrouvons également cette idée au sujet de l’étude de la Torah. Il est écrit à propos du verset:  » Réjouis- toi Zévouloune dans tes sorties et Issakhar dans tes tentes » (ces deux fils de Yaacov avinou s’étaient associés, nous disent les sages: Zévouloune travaillait et se chargeait de couvrir les frais de son frère Issakhar qui étudiait la Torah.)Réjouis-toi Zévouloune lors de ta sortie de ce monde, parce que Issakhar demeure dans sa tente. En d’autres termes, la Torah promet à celui qui permet d’étudier la Torah le même salaire qu’à celui qui l’étudie. Voila pourquoi Zévouloune peut se réjouir de sa part dans le monde futur.

Nous trouvons aussi cette idée à propos du rôle de la femme vis-à-vis de l’étude de la Torah. La guémara,dans le traité brakhot (17,a) rapporte une question de rav à rav Hisda: « Comment les femmes méritent-elles de ressusciter sachant que la résurrection des morts est réservée à ceux qui étudient la Torah ? En aidant leurs enfants à apprendre la Torah et en attendant leurs maris lorsqu’ils sont dans les maisons d’étude, répondit rav Hisda. » Le talmud nous enseigne que même si la femme n’est pas soumise à l’obligation d’étudier la Torah, dès qu’elle permet à sa famille d’accomplir son devoir, elle reçoit le salaire de ses enfants et de son mari.

A la lecture de cette guémara, il paraîtrait beaucoup plus facile d’être une femme. Il suffirait d’envoyer ses enfants et son mari à des cours de Torah! Le rav Chalom Chvadrone zal remarque qu’il n’est pas écrit dans cet enseignement  » lorsqu’elle reste chez elle et est contente que son mari étudie ». Il est écrit « lorsqu’elle attend son mari! ».Car c’est cette attente qui dévoile son attachement pour la Torah. Qu’elle laisse son époux aller à des cours de Torah ou aide ses enfants à réviser leurs leçons est en effet insuffisant. Encore faut-il qu’elle les attende et les accueille chaleureusement. C’est en agissant ainsi qu’elle prouve que la Torah est vraiment importante. De même, celui qui travaille et soutient des institutions de Torah doit montrer que celle-ci est chère à ses yeux. Il ne doit pas penser qu’il se débarrasse de sa charge en donnant son argent. Au contraire, il doit essayer de trouver du temps pour l’étudier et doit remercier ceux qui l’apprennent pour lui, car c’est grâce à eux qu’il acquiert son monde futur.

Dans notre paracha, celle qui avait été le soutien spirituel et matériel d’Avraham avinou, la mère d’Itshak avinou et de notre nation, la première femme d’exception,quitte ce monde. Et c’est précisément dans ce contexte que la Torah nous dévoile qu’il n’existe pas de concurrence entre l’homme et la femme. Chacun possède une tâche, également noble, qu’il doit accomplir. Et c’est justement par la réussite collective que nous pouvons nous élever. Il nous incombe donc tout d’abord d’essayer de comprendre où se trouve notre place pour,ensuite,nous efforcer de donner le meilleur de nous-même.

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