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Vouloir être libre

par Itshak Nabet

Dans la paracha de la semaine, Michpatim, la Torah énonce un grand nombre de commandements qui ont été ordonnés au mont Sinaï. Les premières mitsvot concernent l’acquisition d’esclaves juifs. En effet,
lorsqu’un homme avait volé de grosses sommes et n’avait pas les moyens de rembourser, le beth din le confiait à une famille pieuse contre la somme de six ans de travail. Ainsi le voleur payait ses dettes et
apprenait au sein de cette maison d’accueil à se comporter correctement. Après six ans, l’esclave pouvait sortir et retrouver sa liberté. Pendant ces années de service, le maître pouvait donner une
servante non juive à son esclave. Cependant les enfants qui naissaient de cette union restaient dans la propriété du patron. Puis la Torah précise que si l’esclave, à la fin des six ans,refuse de partir et
proclame qu’il aime son patron, sa femme non juive, et qu’il ne veut pas être libéré, il peut rester encore un grand nombre d’années jusqu’au Yovel dans cette maison.

A première vue, il paraît étrange que la Torah enseigne ces mitsvot juste après son don fait à Moshé, alors que ces lois ne sont applicables qu’en Eretz Israel. De plus, si la Torah nous précise comment faire si l’esclave veut rester, cela signifie que cette réaction était fréquente. Alors comment expliquer qu’un homme qui avait une situation, une famille, une réputation, accepte de vivre comme un serviteur et d’être la risée de ses anciennes connaissances?

La Torah nous dévoile dans cette paracha qu’il y a dans l’homme une force d’adaptation très importante. Une personne peut s’accoutumer au mode de vie le plus difficile. Et plus encore, avec le temps,elle
aimera sa nouvelle condition jusqu’à refuser un retour à sa situation initiale. C’est avec cette arme que les Russes ont déraciné la Torah du cœur des juifs. L’armée enrôlait de force les enfants et les
condamnait à 25 ans de service militaire. Ces jeunes juifs qui ne parlaient que le yiddish, qui était bercés dans la Torah et la sainteté, devenaient, après ce long tunnel, de véritables Russes. Ils
aimaient désormais tuer, violer, manger taref… Ils demeuraient à tout jamais coupés de leurs racines.

De même on raconte que,dans une forêt lointaine, une famille abandonna un enfant dans une grotte. Après des années, le petit avait grandi sans jamais en sortir. Il buvait l’eau d’une source qui traversait cet
endroit et se nourrissait de racines et de petits animaux. Un jour, un guide de randonnée descendit dans ce trou et découvrit l’enfant. Celui-ci effrayé cria:

« Qui es- tu? D’où viens- tu? »
L’adulte, étonné devant la peur de ce jeune sauvage, lui expliqua avec douceur qu’il était en promenade dans cette forêt et qu’il s’était égaré.

« Menteur, hurla l’enfant, tu es un démon! »
« Pourquoi dis-tu ça? » demanda le guide.
« Je le sais car dans cette grotte, il n’y a que moi donc tu es forcément un esprit. »
« Quoi,tu n’es jamais sorti d’ici? Tu ne sais pas que, dehors,il y a une vie pleine de lumière, de couleurs, de parfums subtils? Viens donne-moi la main,je vais te montrer. »

Alors qu’il s’approcha de l’enfant, celui-ci se débattit,
« ne me touche pas, tu dis n’importe quoi! Il n’y a rien de ce que tu dis: le monde, c’est cette grotte. D’ailleurs regarde, il y a tout ce qu’il faut: du noir, du gris, du très noir…c’est magnifique? »
« Mon pauvre petit, viens n’aie pas peur. »
L’adulte attrapa la main du jeune sauvage et,ensemble, ils avancèrent vers la liberté. Soudain un
rayon de soleil transperça l’obscurité.
« Au secours, on ne peut pas avancer, là-bas c’est la mort » s’écria l’enfant.
Le guide passa sa main à travers le faisceau de lumière
« tu vois,ce n’est rien, c’est juste un peu de soleil. »
Ils avancèrent lentement tous les deux lorsque les yeux du sauvage se fermèrent devant l’intensité de la lumière. Après quelques secondes,des milliers de nuances de couleur brillèrent devant lui, il observait le ciel bleu, la splendeur d’un paysage qui dépassait tous ses rêves. »Qu’est-ce-que c’est beau, avoua-t- il, c’est dommage de n’être pas sorti plus tôt.

Le message de cette parabole est clair: chacun,à son degré de judaïsme, vit dans l’obscurité face à l’immensité de lumière cachée dans ce monde. En effet, chaque juif peut s’élever à de hauts niveaux
de spiritualité. A travers la Torah, la prière et les mitsvot, chacun de nous peut se lier avec Hachem et donner une autre dimension à son existence. Mais,à l’image de l’esclave juif ou du petit de cette histoire, nous préférons vivre dans l’obscurité. On s’est habitué à notre vie de sauvage. C’est pourquoi cette paracha est venue nous mettre en garde juste après le don des dix commandements : n’oubliez pas que si la Torah peut nous permettre d’être libre, cela reste à condition de vouloir sortir de nos limites, de notre condition. Même si chacun se sent bien dans sa grotte, n’attendons pas trop longtemps pour en sortir. La vie passe vite et le temps perdu ne se rattrape pas. Alors prenons notre courage à deux mains et franchissons les barrières qui nous séparent de la lumière. Car si nous acceptons de faire ce premier pas, nous verrons la véritable beauté de ce monde.

Alors qu’Hachem nous aide à ouvrir les yeux et qu’Il nous donne les forces d’avancer dans notre quête de vérité.

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