Histoires

De passage dans ce monde-ci

par Itshak Nabet

Mr Mikhalovitch, un juif très riche qui vivait au début du XXème siècle, était assis dans son magnifique jardin lorsqu’un de ses valets lui apporta le courrier. La première lettre était un contrat pour acheter des biens immobiliers dans la grande ville. La seconde lettre, une lettre de remerciement d’un établissement de Torah qu’il avait aidé. Enfin, la dernière évoquait une proposition d’acquisition d’une usine qui se trouvait assez loin, pour la modique somme d’un demi-million de rouble.

Le bon Mikhalovitch contempla sa demeure, son écurie et ses jardins. « Quelle richesse… » pensa-t-il. A la sueur de son front, il travailla sans interruption, cinquante ans, pour construire cet empire. « Il est interdit de se reposer sur ses lauriers. Albert, nous prenons la routepour une affaire intéressante qu’il ne faut pas négliger. »

Albert prépara la splendide calèche de son maître et l’aida à monter. Le voyage devait durer trois jours. Après deux journées, ils arrivèrent dans la ville de Radine et décidèrent d’y passer la nuit. Cette ville était réputée pour son rav, le Hafetz Haïm, qui était un des grands décisionnaires.

Après avoir prié pour Minha et Arvit à la grande synagogue, Mr Mikhalovitch décida d’aller voir le Hafetz Haïm et de lui demander une bénédiction. Le bedeau de la synagogue le présenta comme étant un des grands philanthropes de la région. Le Hafetz Haïm le bénit et l’invita à souper chez lui. En se dirigeant vers la maison du rav, le notable s’imaginait que la demeure d’un des dirigeants spirituels du peuple juif devait sûrement être magnifique.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir une maisonnette en bois, qui ressemblait à tous les autres cabanons de la ville. Le repas était lui aussi simple, servi dans une vaisselle quelconque, loin du luxe de son palais. Cependant, la sagesse et les paroles du rav enchantèrent ce bon Monsieur Mikhalovitch. Avant d’aller dormir, il osa demander au rav : permettez-moi de vous questionner, pourquoi le rav vit-il dans une maison si pittoresque avec des meubles si fatigués ?

 

Le rav répondit : Et toi, pourquoi ne voyages-tu pas avec plusieurs calèches et ne prends-tu pas toutes les choses dont tu as besoin pour ton voyage : ta vaisselle, ton lit… ?

Kevod Arav, me passer de cela pendant quelques jours ne me dérange pas. Car chaque fois que je suis loin de ma maison, je pense que ne je suis que de passage ici. Et lorsque je retournerai chez moi, mon beau lit et mes affaires seront là.

Le rav regarda son invité et répondit : Tu as très bien répondu. Moi aussi, je ne suis que de passage ici. Je suis dans ce monde que pour 70, 80 ans seulement. Ma vraie maison se trouve dans le monde futur: elle sera splendide et ne manquera de rien. Ainsi, chaque fois que j’ai des difficultés, je me console en pensant que je ne suis qu’un invité ici, et lorsque j’irai dans ma maison, j’aurai une vie heureuse et paisible.

Pendant la fête de Soucot nous quittons nos maisons pour vivre dans quelques mètres carrés, sans lit, sans canapé, sans le confort auquel nous sommes habitués. La Souca vient nous rappeler que notre vie sur terre est précaire, et que son but n’est pas d’accumuler des biens et des plaisirs éphémères…Nous sommes venus pour faire le plein de Mitsvot et d’acquisitions spirituelles qui nous accompagneront pour l’éternité.

 

Tiré de Chalom Laam.

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