'HanouccaFêtes juivesItshak Nabet

La honte de nos pères

par Itshak Nabet

Dans quelques jours, nous allons allumer les premières bougies de Hanouka. Afin de se préparer à cet événement, je vous propose les paroles du rav Yéhouda Atia chlita.

La fête de Hanouka a été instituée en souvenir de la délivrance physique et spirituelle des juifs face à la colonisation grecque, qui dura 137 ans. A cette époque, un petit groupe de cohanim , qui se nommaient les macabi, écrasa miraculeusement des milliers de soldats et de cavaliers grecs. A la fin de la guerre, le 25 kislev 3596 (-165), les juifs inaugurèrent le Beth Amikdach. Après avoir effectué les sacrifices comme le veut la loi, ils cherchèrent de l’huile d’olive pure afin d’allumer la ménora. A leur grande déception, ils ne trouvèrent qu’une fiole utilisable pour un jour. Or la fabrication de cette huile durait huit jours. Vous connaissez la suite: la lumière de la ménora éclaira le monde pendant plus d’une semaine, et tous les ans nous rappelons ce miracle en allumant des hanoukiot pendant huit jours.

Il y a lieu de se demander: si l’allumage que nous effectuons vient célébrer le miracle de la ménora qui se trouvait dans le Temple, n’aurait- il pas été plus adapté d’allumer dans les synagogues qui représentent nos petits temples? Alors pourquoi devons- nous placer nos bougies dans les maisons?

Il faut savoir que les Grecs avaient institué de nombreux décrets afin de déraciner la religion du cœur des juifs. L’un d’eux interdisait aux israélites d’avoir une serrure à leur porte. En effet, chaque Grec devait pouvoir entrer quand il voulait dans une maison juive. Nous allons essayer de comprendre la raison profonde de cette loi.

La guémara, dans Yébamot (79, a),nous enseigne qu’un juif possède trois traits de caractère essentiels: il aime faire des actes de bonté, il a de la pitié pour les autres et il éprouve de la honte. Cette dernière qualité représente le moyen d’accès au paradis, comme nous le disons tous les matins: »l’effronté ira en enfer et le honteux ira aux paradis ». Nos sages nous enseignent que celui qui a honte des autres est protégé de la faute. La seule peur de sentir des gens l’observer l’empêche de s’énerver, de voler…Donc il acquiert en même temps sa place pour le monde à venir. A l’inverse, celui qui est effronté se permet de faire des fautes devant tous et se prépare une bonne place au chaud.

A l’époque, les gens se comportaient avec une extrême discrétion dans la rue et au travail, ils s’habillaient très tsniout, parlaient peu…Ce n’est qu’au sein de leur foyer, cachés du monde, qu’ils se permettaient plus de liberté. Grâce à cette honte originelle, ils étaient vaccinés contre les fautes.

Cette force du peuple juif était connue des Grecs. Ainsi, ils décidèrent de faire tomber les bné Israël en touchant un des fondements du judaïsme: la honte. Que firent-ils? Ils rentrèrent dans chaque maison, de nuit comme de jour, à l’heure des repas, du coucher et du lever. Les colonisateurs espéraient ainsi changer les mœurs de notre nation. Ils désiraient que les juifs dévoilent leur vie privée aux yeux de tous. Car en devenant effronté, le peuple n’aurait plus de retenue pour fauter et s’éloignerait définitivement de son Dieu. Or le midrach nous enseigne que nos ancêtres se sont préservés. Pendant trois ans, ils dormirent habillés sur leur chaise, ne prirent pas de repas attablés. Ils se comportèrent dans leurs maisons avec la tsniout qui était la leur dehors. En sauvant ainsi cette vertu, ils purent conserver leur judaïsme.

Voila pourquoi nous allumons les bougies dans les maisons, afin de célébrer cette victoire spirituelle. Et pour se rappeler à quel prix
nos ancêtres ont conservé leur honte originelle.

De nos jours, baroukh Hachem, nous avons des portes avec serrures, des codes et des vidéos. Mais tout cela ne décourage pas le Yetser Ara. Si les techniques et les sciences évoluent, l’objectif reste le même: enlever notre honte. Par l’intermédiaire de la télévision, des journaux et d’internet, une famille assiste aux pires crimes lors des informations, écoute des vulgarités et observe comment le monde extérieur n’a pas de limite, vit sans honte. Cette course à l’effronterie s’achèvera par les reality show et sur facebook. La vie privée se transforme alors en exposition universelle. Même si nous nous sentons très loin de ce que nous voyons, une petite voix murmure à l’oreille de chacun: »si tout le monde le fait, ça ne doit pas être si grave. »Alors la honte devient moins grande et les gens finissent par s’habiller plus mal dehors que chez eux, parlent comme des charretiers et tous se vantent de cette liberté de mœurs.

Comme nous l’avons dit, nous allons bientôt allumer les bougies de Hanouka. N’oublions donc pas pourquoi nous célébrons cette fête. Prenons exemple sur nos ancêtres qui se sont sacrifiés pour ne pas perdre cette honte qui définit notre identité. Et chassons les Grecs de chez nous, fermons les vraies portes de nos maisons et réjouissons- nous de la victoire des juifs, celle des vraies valeurs.

Nous vous souhaitons,bien chers frères et soeurs, de très bonnes fêtes
pleines de lumières et de joie.

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