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Issakhar et Zévouloune

par Itshak Nabet

Cette semaine, nous lirons la paracha Nasso. Parmi les nombreux sujets évoqués, nous trouvons le sacrifice des princes. Ce texte que nous avons la coutume de réciter individuellement au début du mois de Nissan, raconte la fin de l’inauguration du Michkan, le Temple portatif. Lors des douze premiers jours du service du Michkan, du premier au douze Nissan, les princes des tribus apportèrent des sacrifices. Ainsi chaque jour, un chef se présentait devant Aaron Hacohen et offrait l’offrande de la part de sa tribu. Le premier qui eut le mérite d’apporter son présent fut Narchon ben Aminadav. Ce chef de la tribu de Yéhouda fut désigné par Hachem pour le récompenser d’avoir sauté en premier dans la mer lors de la sortie d’Egypte. De plus la tribu de Yéhouda représente la royauté, en tant que roi, il méritait également de précéder aux autres princes. Puis ce fut le tour de Natanel ben Tsouar, le chef de la tribu d’Issakhar. Malgré les plaintes de Réouven, l’ainé de Yaacov avinou, Hachem désigna cette tribu qui représente l’étude de la Torah. Et en troisième position, ce fut Eliave ben Hélone, le chef de la tribu de Zévouloune qui approcha son sacrifice. Le Midrach s’étonne: Par quel mérite Zévouloune a-t-il été choisi en troisième position? Nous savons que la tribu de Zévouloune ne symbolise pas l’engagement spirituel par excellence, au contraire elle représente le commerce et le travail, alors pourquoi Hachem gratifia cette famille d’un si grand honneur?

Le Midrach Raba (Nasso,13) explique que les enfants de Zévouloune étaient très attachés à la Torah. Ils avaient pris sur eux de fournir aux enfants d’Issakhar ce dont ils avaient besoin pour vivre, afin qu’ils puissent toujours étudier sans travailler. Par ce mérite, ils devancèrent les autres tribus. Nous apprenons de cette inauguration qu’Hachem réserve une place très importante pour ceux qui aident les étudiants en Torah. Comme il est écrit: « La Torah est un arbre de vie pour celui qui s’y accroche et heureux celui qui le soutient ». Et ,plus encore, le Ben Ich Hai zal,dans son livre Benaiou sur Méguila(6,a),nous enseigne qu’après 120 ans, celui qui a financé des étudiants en Torah sera considéré comme s’il avait lui-même étudié ce que « ses associés » ont étudié. Le Beth-Din d’en haut lui dira: « Viens récupérer ton salaire, voici le traité Chévouot, Cetouvot…qu’un tel a étudié grâce à ton soutien. Sache qu’aux Yeux d’Hachem c’est comme si tu l’avais toi-même étudié. » Ainsi il est écrit: « Heureux Zévouloune lorsque tu sors et Issakhar dans ta tente », c’est-à-dire: Ne t’inquiète pas, Zévouloune, lorsque tu partiras de ce monde, car c’est par ton mérite qu’ Issakhah peut étudier et sa tente, sa maison d’étude, est considérée comme la tienne. Enfin le Pélé Yoetz souligne qu’il existe une obligation particulière pour celui qui a un proche ou de la famille qui étudie la Torah. Il faut tout faire, nous dit ce rav, pour le soutenir afin qu’il continue d’étudier la Torah et de patiquer les mitsvot. Car c’est une louange pour des parents d’avoir des enfants érudits en Torah.

Après tout ce qu’on vient de dire, nous pourrions penser que, finalement, il semble plus simple d’être un Zévouloune. On peut travailler et vivre avec un certain confort tout en finançant un peu les yéchivot et profiter des deux mondes! Alors à quoi bon s’enfermer au Beth Amidrach toute la journée?

Le rav Yéouda Itakh, dans son commentaire sur la paracha de Bamidbar, explique que chaque tribu possédait un drapeau. Celui d’Issakhar était noir alors que celui de Zévouloune était blanc. Il faut savoir que la couleur des drapeaux représentait la nature du rôle de chaque tribu. La couleur noire de Issakhar représente la difficulté de sa tâche. Comme l’ont dit les sages « Chez qui peux-tu trouver la Torah? Chez celui qui a le visage noirci comme un corbeau à force de peiner dans la Torah ». Car l’étude de la Torah n’est pas un métier. C’est un mode de vie. L’étudiant doit être dans son étude du matin jusqu’au soir, sans interruption, et doit se contenter de peu de matérialité… C’est pourquoi celui qui s’adonne à la Torah est appelé « un ben Torah », un fils de la Torah. Car de même qu’une personne est le fils de ses parents toute sa vie, de même le ben Torah doit être lié avec elle à chaque instant.

La couleur blanche est le symbole de la pureté. Ce drapeau nous avertit que le rôle de Zévouloune est d’être honnête dans son travail. Il doit parvenir à gagner sa vie sans combine, sans mentir, sans flatterie, sans crasse. Il doit aussi respecter la Torah malgré ses obligations, c’est à dire manger cacher, prier, respecter les fêtes, donner dix pour cent de ses revenus et être convaincu que tout ce qu’il gagne est grâce à Hachem et non à la force de ses mains ou de son esprit…C’est pourquoi les épreuves de Zévouloune ne sont pas plus faciles que celles d’Issakhar, mais juste différentes.

Comme nous le disions la semaine passée, lors de la sortie d’Egypte, chaque tribu avait une fonction bien précise, une place dans le campement et un drapeau différents. Mais toutes partageaient le même objectif : être plus performantes pour le bien du peuple d’Israel. De nos jours, cette organisation a disparu et chacun peut choisir son rôle dans la communauté. Cependant, il est impératif de réfléchir individuellement aux moyens de se parfaire. Car chaque juif qui s’élève et se réalise dans son domaine permet à tout le peuple de s’améliorer et de rapprocher d’Hachem. Alors, nous devons tous essayer de nous surpasser afin de mériter la délivrance que nous attendons quotidiennement, Amen ken yéhi ratson.

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