HistoiresItshak Nabet

Le couronnement du Roi

Aucun des milliers d’élèves qui se sont succédés à la Yechiva de Hevron, ne pourront l’effacer de leur mémoire. Chacun a précieusement conservé cette scène dans son cœur. On est à l’entrée de Roch Hachana. Après la préparation du mois d’Eloul, les étudiants de la Yechiva, saisis par la solennité de l’heure, attendent avec impatience le discours du Rav Meir Halevi ‘Hadach zal. Ils sont assis et attendent.
Le Rav lui aussi est assis et attends. Il attend le moment où son cœur s’ouvrira et pourra ouvrir le cœur des assistants. En effet, il n’a pas l’intention de leur faire entendre un discours; Il veut seulement faire vibrer les cordes de son cœur car les paroles qui jaillissent du cœur pénètrent dans les cœurs.

Soudain, le Rav se lève et se dirige vers l’estrade. Il s’avance lentement, à petits pas. Une sainteté particulière émane de sa personne et, sur son visage, on
peut lire la crainte du jugement divin. Les étudiants de la Yechiva sont pris de tremblement. Le Rav commence à parler de la sainteté du jour et de la révélation de la royauté divine qui se manifeste au moment du jugement. Et, pour que l’on comprenne bien cela, il rapporte ce que ses yeux ont vu de la gloire de la royauté terrestre. Puisant dans sa mémoire, il décrit artistement tous les détails du spectacle grandiose donc il a été témoin dans sa jeunesse. Il tient à donner à ses élèves une petite idée de ce que signifie « La royauté du Roi des rois ».

 » Lorsque j’étais un jeune garçon, j’ai assisté au couronnement du Tsar Nicolas l’empereur de toutes les Russies. La description de la magnificence de cet événement vous aidera à établir le parallèle avec la royauté divine.

Longtemps auparavant, les autorités et les chefs de l’armée se sont affairés aux préparatifs du couronnement à travers tout l’Empire. Des milliers d’employés et de militaires ont été mobilisés pour travailler jour et nuit. Un immense terrain a été apprêté pour devenir le lieu de la cérémonie. S’étendant sur des dizaines de kilomètres, il est délimité et gardé par des centaines de soldats. Seuls un ou deux représentants de chaque ville et agglomération ont reçu une carte d’invitation à la cérémonie du couronnement. Les élus se sont fait coudre un beau costume, ont acheté un nouveau chapeau et de nouvelles chaussures. Chacun se promène, rayonnant de bonheur, tout fier d’avoir été choisi! Même les membres de sa famille s’en vantent: » Je suis le parent d’untel qui a reçu un billet d’entrée à la cérémonie du couronnement! ». L’agglomération ou aucun représentant n’a été invité ne sens plus digne de figurer sur la carte géographique du pays. Cela ne signifie pas pour autant que tous les invités auront le privilège de tendre la main au roi ou de s’approcher de lui. Ils ont juste reçu l’autorisation de pénétrer sur le terrain et s’ils ont du poignet, s’ils sont de haute stature et doté d’une bonne vue ils pourront apercevoir l’estrade d’honneur. Plus à l’avant, on a préparé des sièges pour les maires des grandes villes, les officiers hauts gradés, les ministres, les ambassadeurs et les représentants des pays
étrangers. Les personnages très proches de l’empereur, placés à proximité de lui auront la possibilité de lui tendre la main.

La route menant au lieu de couronnement est apprêtée, nettoyée, clôturée
et des milliers de soldats la gardent. Tous portent de merveilleux uniformes spécialement confectionnés pour l’événement. C’est cette route que le roi, assis dans son carrosse ouvert et suivi de l’escorte royale, doit t’emprunter. Pour que tout se déroule à la perfection et que chacun connaisse son rôle, les militaires se sont entraînés pendant une longue période et ils ont dû effectuer des exercices épuisant. Chaque soldat a passé un contrôle sévère. Malheur à celui qui ne présente pas un costume impeccable sans aucun pli ! Un bouton non astiqué pourrait lui coûter la vie!

Sur les cotés se pressent des dizaines de milliers de personnes qui désirent apercevoir au moins l’espace d’un instant, le roi passer et peut-être même l’acclamer. Elles n’ont épargné aucun effort pour être présentes au couronnement. Tout le monde est en habit de fête et beaucoup se sont même fait coudre un nouveau costume pour l’occasion. Deux ou trois jours avant la cérémonie, ils se sont installés sur les bas-côtés de la route pour se réserver une bonne place d’où assisté au spectacle grandiose.

Le grand jour arrive enfin. Serrés les uns contre les autres, les invités attendent sous le soleil, pendant des heures. La multitude amassée derrière les barrières tente, en se poussant, de pénétrer sur le terrain mais les soldats la repoussent aux moyens de matraques. Soudain, on discerne au loin le carrosse royal qui approche, précédé de splendides cavaliers sonnant dans des trompettes d’or. La tension est à son comble. On se pousse, on se bouscule. Quiconque n’est pas costaud est écrasé dans la cohue. Ce jour-là, de nombreuses personnes ont
succombé uniquement parce qu’elles ont voulu apercevoir le roi…

A travers la fenêtre du magnifique carrosse, le souverain apparaît aux yeux du peuple qui l’acclame en chœur: Vive le Tsar! Beaucoup se prosterne jusqu’à terre s’évanouissent d’émotion. De tous côtés fusent des cris de joie. Heureux l’homme qui a pu entrevoir le roi, il aura de quoi raconter tous les jours de sa vie.

Le Cortège s’approche de l’enceinte où on a lieu le couronnement. Les invités s’empressent de se mettre au garde-à-vous et, d’un geste rapide il a juste leur tenue, et leur couvre-chef. Des coups de canon retentissent suivis de sonneries de trompettes. Le souverain avance. La foule est en liesse. Des larmes coulent sur les
joues des nombreux spectateurs. Ils ont l’impression de rêver, de vivre des moments qui n’oublieront jamais. Le roi monte sur l’estrade et la cérémonie commence.

Le général chargé de remettre les médailles prend en main un coffret serti de perles précieuses et de diamants. Sur le visage endurci de cet homme de guerre on lit une grande émotion. Il remet le coffre à un homme plus haut gradé qui l’ouvre puis le fait passer à son supérieur. Le dernier sort du coffret la magnifique couronne que les rayons du soleil font briller de tous ses feux et il la donne au plus éminent personnage de l’État choisi pour ce rôle sublime. C’est alors que
l’éminent personnage soulève la couronne et la dépose majestueusement sur la tête du souverain. Un frisson parcourt l’assistance.

« Vive le Tsar! » le cri jaillit de toutes les poitrines.
« Vive le Tsar! » répondent les armées du roi.
« Vive le Tsar! Vive l’empereur! »
Cette scène grandiose est restée graver dans le cœur de tous les participants. Tous ceux qui ont eu le privilège d’y assister ont joui, à leur retour chez eux, de l’estime de leur entourage. Il va sans dire que l’homme choisi pour poser la couronne sur la tête de l’empereur a été comblé de gloire et d’honneur pendant toute son existence. »
C’est ainsi que s’achevait l’émouvant témoignage du Rav.

Après cette description il nous parlait de la royauté divine. S’il en est ainsi pour un roi terrestre, à plus forte raison en est-il pour le couronnement du Roi des rois, Hakadosh Barouh Hou, à Roch Hachana. Là, nous pouvons comprendre combien est grand notre mérite nous avons la possibilité de couronner le roi si l’on peut s’exprimer ainsi en proclamant la royauté du Roi des rois! Cependant nos obligations sont à la mesure de nos privilèges. Nous devons nous préparer à ce couronnement de la même manière que l’homme chargé de couronner le roi doit revêtir les plus somptueuses habits royaux. Ainsi lorsque nous proclamons la gloire de la royauté divine nous devons nous tenir « propres » pur et sans tache et faire cette déclaration avec la ferveur voulue.
Heureux sommes-nous de compter parmi ceux qui « posent des couronnes ». Et ce n’est pas un roi de chair et de sang que nous couronnons mais le Roi des rois. Heureux sommes-nous de compter parmi l’escadron royale. Chaque fils d’Israël, même le plus humble, a le pouvoir de tresser des couronnes au Maitre de la Gloire.
 » Heureux le peuple qui bénéficie d’une telle chose, heureux le peuple
dont Hachem est le D. »

Histoire tirée du livre Chantez Sa Gloire

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