Histoires

Le Maitre de Maison

par Itshak Nabet

La paracha Béréchit que nous avons lue la semaine dernière, et celle de Noah, nous apprennent que le Monde est dirigé par un patron. Ainsi, l’homme est surveillé, puni ou récompensé. Même si le Créateur de cache, nous avons parfois l’occasion de voir Sa Main, comme ce fut le cas dans notre histoire :

Cette histoire se déroula aux Etats-Unis, il y a quelques années. Un riche homme d’affaires avait l’habitude de recevoir chaque jour, pendant une heure, des pauvres du monde entier afin de les aider financièrement. Une équipe de conseillers financiers, de managers et d’ hommes de sécurité travaillait dans la demeure du matin au soir. Ces derniers devaient, en plus de contrôler les visiteurs, leur expliquer comment arriver au bureau du maitre de maison, au premier étage. Un jour, l’un des gardiens eut une idée. Il décida de faire imprimer des panneaux fléchés sur lesquels étaient inscrits : Maitre de maison. Puis il les plaça sur les murs pour guider les nécessiteux et s’éviter de longues explications.

Ce système fonctionna à merveille jusqu’à l’arrivée d’un pauvre venu d’Israël. Celui-ci pénétra dans le magnifique vestibule puis suivit la flèche « maitre de maison » qui l’amena au salon. A peine eut-il le temps de contempler les meubles et les tableaux qui décoraient la pièce qu’un panneau « maitre de maison » l’invitait à monter des escaliers en marbre. Un tapis rouge était dressé le long d’un couloir qui donnait sur une chambre. Au-dessus de la porte, un panneau « maitre de maison » avait été accroché. Ce dernier entra. Le riche l’accueillit chaleureusement et l’invita à s’asseoir. « Excusez-moi, Monsieur » commença à dire l’étranger d’un ton sec. « Votre comportement est d’une arrogance rarement vue ! »

L’homme d’affaires fut surpris. Jamais il ne reçut de remontrance venant d’un nécessiteux. « Pourquoi est-il accroché dans ta maison : à gauche le maitre de maison, tout droit le maitre de maison ? De maitre de maison, il n’en existe qu’un, c’est le Maitre du monde. Toi tu n’es que sa marionnette. Il te confia Son argent, mais du jour au lendemain, Il peut tout te reprendre. »

L’homme d’affaires voulut dans un premier temps jeter cet étranger dehors. Puis il réfléchit. Jamais il n’avait vu quelqu’un agir ainsi. Son comportement était illogique : venir agresser une personne qui doit nous aider ? Il s’agit sans doute d’une allusion divine. Il accepta ainsi la remontrance, s’excusa de son attitude et promit de changer les panneaux. Une fois ce détail réglé, il lui demanda pourquoi il était venu. Puis il sortit son chéquier et lui fit un don dix fois plus élevé que la somme demandée. Le jour même, il fit changer les panneaux en écrivant cette fois : « le directeur ». Convaincu de n’être que l’un des directeurs du Maitre de maison.

Quelques jours plus tard, notre gentil homme d’affaires regardait l’écran dans son bureau. Sur ce dernier apparaissaient les images des différentes chambres filmées par les caméras de sécurité. Soudain, il s’aperçut qu’un tuyau avait explosé dans une des chambres et que ces meubles précieux risquaient de s’abîmer. Il appela tout de suite une femme de ménage qui se trouvait dans la chambre voisine. Celle-ci, pour une raison inconnue, fit semblant de ne pas entendre son patron. Celui-ci, très énervé, continua de l’appeler, toujours sans succès. Entre-temps, d’autres employés débarquèrent dans la salle et se dépêchèrent de couper l’eau.

Il fit amener la femme de ménage et lui présenta sa lettre de licenciement. Celle-ci rentra chez elle en pleurs et raconta à son mari comment son patron, un sale juif, l’avait humiliée et renvoyée. Ce dernier, emporté par un vent de colère, prit son pistolet, le cacha sous son vêtement et se dirigea vers sa cible. Il réussit à passer la sécurité et suivit les panneaux « directeur ». Il ouvrit la porte et demanda : « C’est toi le directeur ? »

« Comme ça, il parait. » répondit l’homme d’affaires avec un sourire.

« Où est le maitre de maison ? » Alors, le riche pointa du doigt en direction du ciel.

Le mari quitta la pièce et monta les escaliers en courant, pensant que le maitre de maison se trouvait au second étage. L’homme d’affaire comprit qu’il s’agissait d’un individu suspect. Il s’enferma à clefs puis demanda à ses gardiens de s’occuper de lui. Ces derniers, avec l’aide de la police, arrivèrent à l’immobiliser. Il raconta alors les motifs de sa venue et avoua qu’il voulait venger l’honneur de sa femme.

L’homme d’affaires leva les yeux au ciel et dit : « Hachem, Tu es le seul Maitre de maison. Si j’avais crié sur l’homme qui me blâma, je n’aurais plus été de ce monde à cette heure-ci. Le vrai Maitre du monde m’a sauvé… »

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