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Une leçon dure à intégrer

par Itshak Nabet

La Torah,dans la paracha de la semaine,Bo, nous raconte comment nos ancêtres sortirent d’Egypte. Après les trois dernières plaies, les sauterelles, l’obscurité et la mort des premiers nés, Pharaon accepte enfin de libérer les bné Israël. Les Egyptiens observent leurs esclaves quitter leur pays suite à dix mois de chaos, de cris et de souffrances. Selon Rabi Yéhouda, chaque plaie durait une semaine. Suivaient ensuite trois semaines de pause, pendant lesquelles Moché rabénou prévenait Pharaon de faire Téchouva, puis la nouvelle plaie arrivait.Nos sages soulèvent plusieurs questions à propos du déroulement des événements en Egypte. Nous savons que les juifs se trouvaient au seuil du cinquantième niveau d’impureté après 210 ans d’exil. Et c’est une des raisons pour laquelle Hachem ne put attendre plus longtemps. Pour sauver les bné Israël, il fallait absolument les faire sortir maintenant. S’il en est ainsi, pourquoi Hachem les libéra-t-il en un an? Moché rabénou ne pouvait-il pas proposer à Pharaon le planning pour les dix semaines à suivre? » Du dimanche 6 Chvat au samedi 12 Chvat il y aura du sang dans le pays. Puis du dimanche 13 au samedi 19 les grenouilles ….puis le 15 Nissan nous partirons après la mort des premiers-nés. Si tu changes d’avis et décides de nous libérer plus tôt, appelle-moi, au revoir ! » Et plus encore, pourquoi Hachem ne proposa-t-Il pas un ultimatum directement à Pharaon ? » Si demain tu ne libères pas mon peuple, il y aura un tremblement de terre qui détruira les trois- quarts du pays. Et si tu continues le lendemain, j’envoie une inondation qui rasera le dernier quart. » En quelques heures, Hachem pouvait régler l’histoire… Alors pourquoi envoya-t-Il des « plaies » qui laissèrent la possibilité à Pharaon de refuser ?

Le rav Rozenblum chlita explique que le but des plaies n’était pas uniquement de punir les Egyptiens. C’est pour cela qu’il ne suffisait pas d’envoyer les plaies les une après les autres. Les miracles de cette sortie d’Egypte devaient également permettre aux bné Israël d’ancrer dans leur cœur la foi qu’Hachem dirige le monde. Ainsi,chaque plaie était suivie d’un congrès théologique de trois semaines pendant lequel le peuple étudiait en détails la semaine qui s’était écoulée. Pour comprendre de quoi il s’agit, intéressons nous à un passage de la Aggada : Rabi Eliezer enseignait que chaque plaie se composait de quatre plaies…Rabi Akiva, lui,disait qu’il y en avait cinq… Ces tanaïm sont en discussion sur le nombre de symptômes qu’il y avait dans chaque plaie. Par exemple, lorsqu’un homme est malade de la grippe, cela se traduit par plusieurs symptômes : il a mal à la tête et a de la fièvre. Il est très faible physiquement: parfois,il peut avoir des vertiges ou des vomissements…Il en était de même lors de chaque plaie. Les grenouilles, les poux…n’étaient que le titre d’un ensemble de quatre ou cinq plaies. Ainsi, les bné Israël, pendant ces mois de préparation pour recevoir la Torah, apprenaient-ils de chaque plaie à quel point Hachem dirige ce monde.

Par exemple, la première plaie était celle du sang. Nos sages racontent qu’Aaron prit son bâton, frappa le Nil, et toute l’eau d’Egypte se transforma en sang. Les Egyptiens avaient beau creuser des puits, chercher dans leurs tonneaux…il n’y avait plus une goutte d’eau en Egypte. Seuls les juifs possédaient ce bien précieux. La solution paraissait simple. Il suffisait de voler ces vulgaires esclaves. Seulement, au moment où un Egyptien posait la main sur le verre ou la bouteille, l’eau se transformait en sang. Alors ils essayèrent une autre solution. Ils prirent des verres et y placèrent deux pailles. Ils demandèrent à un juif de boire dans une des pailles pendant qu’un Egyptien buvait dans la seconde. Cependant,encore une fois, ce fut un échec. A la sortie de la paille de l’Egyptien, du sang apparaissait. Le seul moyen de boire fut d’acheter l’eau aux juifs. Nos ancêtres devinrent riches lors de cette plaie,disent nos sages. Chaque bouteille « Nilus » se vendait au marché 1000 euros égyptiens. Assoiffés par l’été, les Egyptiens donnèrent tout leur argent pour boire de l’eau !

Qu’a voulu nous apprendre Hachem lors de la plaie du sang ? Qu’apprirent les bné Israël pendant trois semaines ? Hachem nous enseigna que lorsqu’une personne prend un verre d’eau et fait la brakha « Baroukh ata Hachem Elokénou Melekh Aolam Chéakol Niyha Bidvaro» Hachem est assis sur son trône céleste et lui permet de boire cette eau. Car de même qu’Il vérifiait où chaque goutte d’eau terminait sa course, de même il n’existe pas un liquide ou un grain de blé qui échappe à Sa surveillance. Ainsi, un homme ne doit pas s’inquiéter si un concurrent ouvre un magasin dans sa rue. Car personne ne peut toucher le bien d’autrui sans la permission du Maître du monde. Pendant trois semaines,les bné Israël ancrèrent ces fondements de la foi en eux.

Pourquoi fallait-il neuf mois pour apprendre que Dieu dirige le monde, me demanderez vous ? Il est écrit dans le livre de Dévarim : « Tu sauras aujourd’hui et tu placeras dans ton cœur qu’Hachem est ton Dieu… » De nombreuses personnes savent qu’Hachem existe, croient en lui et accomplissent le début du verset « Tu sauras aujourd’hui » mais cette foi n’est pas encore entrée dans leur cœur. Elles savent qu’Hachem fixe le revenu mais trichent dans leurs déclarations d’impôts. Elles savent qu’Hachem guérit, mais qu’en est- il lorsque les médecins disent qu’il n’y a plus d’espoir..? Il fallait donc toutes ces plaies, tout ce temps, pour pouvoir faire entrer dans nos cœurs que ce n’est que Lui qui décide et personne d’autre. Ainsi, il ne suffit pas de croire en Dieu, il faut étudier, réfléchir, répéter tout cela des milliers de fois. Voilà pourquoi plus de cinquante Mitsvot viennent pour nous rappeler la sortie d’Egypte tout au long de l’année. Alors qu’Hachem nous aide à creuser un petit trou dans nos cœurs afin de faire entrer cette croyance au plus profond de nous, amen ken yéhi ratson…

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