Histoires

Par le mérite du Birkat Amazone

par Itshak Nabet

La Covid 19 s’introduisit dans nos vies et nous ébranla dans de nombreux domaines. Elle frappa directement notre santé physique, mais indirectement, les confinements et autres mesures sanitaires provoquèrent de véritables désastres aux niveaux économique, social, psychologique, éducatif, culturel… Nos sages enseignent qu’il est aussi difficile de se rémunérer que d’ouvrir la Mer de Joncs. Des millions d’employés de certaines branches industrielles ont hélas vérifié la véracité de ce dicton. Voici une lettre qui fut diffusée aux Etats-Unis, il y a quelques semaines, et qui nous raconte le sauvetage d’une famille new-yorkaise :

« Comme de nombreuses personnes licenciées pendant ces jours obscurs, je perdis moi aussi ma source de revenus. En temps normal, je suis violoniste réputé. Je me produis le soir dans des orchestres ou en solo, ce qui me permet avec l’aide de Dieu de nourrir ma famille. Cependant, ma carrière musicale connut un stop en cette année 2020. Les mariages n’étaient autorisés qu’en comité restreint, les restaurants, les bars ont fermé leurs portes et je restais sans travail.

Dans un premier temps, je vécus de mes économies. Mais le temps passait, mon compte se vidait et mes peurs grandissaient. Alors, je me suis rappelé une « Ségoula » bien connue : il est écrit dans le Beer Hétév, dans le simane 185, que celui qui récite le Birkat Amazone, la bénédiction d’après le repas, en se concentrant,est assuré d’être nourri toute sa vie de manière honorable. Je pris sur moi alors de réciter doucement, mot à mot, dans le livre de prières, cette bénédiction avec la conviction qu’Hachem m’aiderait.

A cette époque, la municipalité de New-York avait décidé de fermer les synagogues. Et comme des milliers de juifs de Borough Park, nous avons organisé des offices dans les cours et sur les terrasses en respectant les règles sanitaires. Dans notre communauté, nous avons l’habitude de faire Séouda Chlichite le Chabat tous ensemble à la synagogue. Pour ne pas arrêter cette belle tradition, nous avons décidé de manger, chacun chez soi, l’essentiel du repas, avant de nous réunir dans une cour afin de consommer un petit morceau de pain autour d’une table et d’entonner des chants de Chabat.

Le premier Chabat, après avoir pris ma bonne résolution, tous mes amis avaient déjà fini leur Birkat Amazone alors que j’en étais encore à Rétsé. N’étant qu’un petit minyane, mes compagnons décidèrent de m’attendre pour la prière du soir. A la fin de celle-ci, un des fidèles s’approcha de moi et me demanda pourquoi j’avais mis autant de temps dans ma bénédiction. Alors je lui expliquai ma situation ainsi que ma décision de m’appliquer à dire le Birkat Amazone correctement.

Soudainement, je vis une lumière dans les yeux de mon interlocuteur. « Ecoute, j’ai peut-être une idée pour toi. Laisse-moi faire le Havdala à la maison et je te raconterai plus en détails. » Une heure plus tard, je reçus un appel de mon ami : « Ta Ségoula a marché !! » m’annonça-t-il. Ecoute, je travaille dans une maison de retraite importante. Cette semaine, le directeur me raconta que les pensionnaires souffraient de dépression à force de ne pas recevoir de visites. Alors j’ai pensé à toi. Il y a quelques minutes, je lui ai proposé que tu te serves de tes talents pour remettre de la joie dans leur vie. »

Je pris alors contact avec la maison de retraite. L’idée plut au directeur qui m’engagea pour passer de chambre en chambre dans ses trois établissements afin de réjouir les pensionnaires. Baroukh Hachem, voici déjà plusieurs semaines que j’ai commencé. Chaque jour, je redonne la vie à ces âmes en détresse. Désormais, le directeur m’a fait signer un contrat pour continuer après le confinement. C’est pourquoi je remercie mille fois le Tout-Puissant, et je conseille à tous de faire cette Segoula afin de recevoir l’aide Divine.

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