HistoiresItshak Nabet

Pour l’amour de la Torah

par Itshak Nabet

Le Ridbaz était le rav de la ville de Sloutsk en biélorussie. Il est connu pour son commentaire du Talmud Yérouchalmi. Lorsqu’il vieillit, il monta en Israël et s’installa à Tsaf. Une année, le jour de l’anniversaire de mort de son père, la neige tombait abondamment et le froid pénétrait la peau. Le rav hésita à se rendre à la synagogue. En effet, sortir par ce temps représentait un véritable danger. Cependant, il décida de partir.

Après avoir récité le kaddich, il éclata en sanglots. Un des fidèles lui demanda la date de sa disparition. Cela fait près de quarante ans.

Alors pourquoi, cette souffrance après tant de temps ?

«Je suis vieux, et le froid me fait beaucoup souffrir. Lorsque je vis ce temps, je pensai faire un office à la maison et m’acquitter de mon obligation de Kaddich. Alors des souvenirs d’enfance me firent changer d’avis.

Lorsque j’étais petit, mon père investit beaucoup pour mon éducation. Malgré notre pauvreté, il engagea le meilleur professeur de Sloutsk, le rav Haim Sander. Bien évidemment, son salaire était important, un rouble par mois, ce qui représentait à l’époque une somme conséquente.

Le travail de mon père consistait à construire ou réparer des fourneaux. A cette époque, chaque maison possédait une grande cheminée de briques qui servait à tenir les plats chauds et surtout à nous réchauffer pendant les longs et rudes hivers russes. Cela nous suffisait tout juste pour vivre, mais mon père réglait toujours scrupuleusement le maître, sans discuter.

C’était une année très dure. Les briques nécessaires à la construction des fourneaux étaient introuvables et mon père avait du mal à se procurer du travail. Trois mois avait passé et mon enseignant n’avait toujours pas été payé. Un jour d’hiver, il annonça à mes parents qu’il avait lui aussi une famille à nourrir et qu’il ne pouvait plus continuer à se charger de mon instruction…. Ces derniers étaient effondrés. Or le matin même, mon père avait entendu qu’un riche négociant avait fait construire une maison pour son fils et qu’il manquait un fourneau. Or il était impossible de se procurer des briques, l’usine locale avait fermé ses portes. Le négociant avait fait savoir que s’il trouvait un ouvrier capable de lui fournir le fourneau et les briques, il lui paierait six roubles, un excellent prix.

Pierre après pierre, mon père démonta notre grande cheminée et alla la reconstruire dans la nouvelle maison. Ce travail fut long et harassant. Enfin, il reçut les six roubles. Lorsqu’il revint, mon père m’appela près de lui, “Yaacov David, me dit-il, prends ces six roubles, trois pour les mois passés et trois pour les mois prochains et retourne vite étudier, et mets y tout ton cœur…”

 Cet hiver là, termina le Ridbaz, nous avons tous grelotté. Nous avions beau nous emmitoufler, nous avions du mal à nous endormir tant le froid nous tourmentait. Tout cela pour que Yaacov David puisse étudier chez le meilleur maitre…

J’ai pleuré parce que, lorsque je suis sorti de chez moi, il faisait froid… Immédiatement l’idée m’a traversé que je ferais peut-être mieux de rester au chaud… Quand je pensais à ce que mes parents ont été capables de supporter durant tout un hiver, uniquement pour me permettre d’étudier ! Comment ne pas pleurer? »

De tout temps, la Torah a été la chose la plus importante pour nos ancêtres. Nous avons la chance, à notre génération d’avoir accès à tous les livres, à des milliers de cours vidéos pour tous niveaux. Alors accrochons nous à cet arbre de vie et transmettons notre sainte Torah à nos enfants.

Articles Liés

Voir Aussi
Fermer
Bouton retour en haut de la page