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Le secret de la royauté

par Itshak Nabet

Dans la paracha de la semaine, Mikets, la Torah nous raconte comment les prophéties de Yossef se réalisèrent. En effet, après avoir été vendu en tant qu’esclave en Egypte, il devient vite le bras droit de son maître Potifar. Dès lors, la bénédiction s’installe chez ce dernier: tout ce que touche Yossef Atsadik se transforme en or. La réussite de ce beau jeune homme de 17 ans ne laisse personne indifférent, et encore moins la femme de Potifar qui tombe éperdument amoureuse de lui. Malgré ses refus quotidiens,celle-ci le harcèle pendant un an. A la suite d’un dernier échec, elle fait courir le bruit que cet esclave l’a violée. Pendant douze ans, Yossef est jeté dans la prison royale. Soudain, le roi d’Egypte fait un rêve que personne n’arrive à interpréter. Ses conseillers se souviennent qu’il existe un esclave juif qui excelle dans l’interprétation des songes. Pharaon sort Yossef de prison et lui décrit ses rêves. Ce dernier lui explique qu’il y aura sept années d’abondance qui seront suivies de sept années de disette. Yossef propose un plan de secours économique pour sauver l’Egypte. Pharaon accepte ses idées et le place à la tête de la plus grande puissance de l’époque. A la surprise générale, un esclave juif tout droit sorti de prison devient le second de Pharaon.

Comme vous pouvez le constater, l’histoire de Yossef ressemble à un scénario de film hollywoodien. Seulement,comme nous le répétons souvent dans le livre de Béréchit, la Torah n’est pas un livre d’histoire et encore moins un roman à l’eau de rose Has Véchalom. Si la Torah ne s’est pas contentée de nous dire que « Yossef est devenu second du roi en Egypte », si elle prit la peine de nous expliquer tout son parcours,c’est forcément pour apprendre à chaque juif, pour chaque génération, comment se comporter. Nous allons essayer de déduire un des enseignements de cette paracha.

A travers l’ascension prodigieuse de Yossef Atsadik, la Torah nous dévoile le secret pour faire partie des élites sociales, devenir chef d’entreprise, dirigeant…Si on observe bien le parcours de Yossef, nous pouvons constater qu’il n’a accompli pratiquement aucune démarche pour obtenir ce poste. Au contraire,lorsque Pharaon l’appelle pour lui interpréter ses rêves, il répond que ce n’est pas lui, mais Dieu, qui parviendra à le tranquilliser. Alors comment a-t-il réussi à se hisser au sommet de la hiérarchie?

La réponse se trouve dans le comportement de Yossef. Notre ancêtre a travaillé sur lui, puis est parvenu à faire ce que peu de gens réussissent: à régner sur lui-même! La Torah témoigne que, malgré les difficultés qu’il rencontra, il a su rester le capitaine de son navire sans jamais dériver de la route qu’il s’était fixée. Ainsi, pendant un an, il résiste aux avances de la femme de son maître. Qui peut s’imaginer l’importance de cette épreuve? Après l’avoir surmontée, on le jette en prison. N’avait- il pas toutes les raisons du monde de penser que Dieu l’avait abandonné? Il est maltraité pendant plus de dix ans et pourtant sa foi ne diminue pas. Il sort de prison et lance à Pharaon: « seul Dieu peut te répondre ». Enfin, lorsqu’il se dévoilera à ses frères qu’ils l’ont vendu, il leur dira: « Je suis Yossef votre frère! » Sachez que, malgré ce que vous m’avez fait, je suis votre frère, je ne vous en veux pas car c’est Hachem qui a décidé de tout cela.

Nous devons tous apprendre de Yossef à être des rois et à régner sur nous-mêmes. Ce travail comporte bien évidemment de nombreuses facettes, comme on l’a vu: il faut savoir se contrôler et ne pas céder à toutes ses pulsions, réussir à surmonter aussi ses rancunes, ses mauvaises pensées… Nous trouvons dans le traité Brakhot (4,a) à propos de David Amélekh l’enseignement suivant: « Ne suis-je pas un Hassid? Tous les rois d’est et ouest dorment jusqu’à la troisième heure du jour, alors que moi je me lève au milieu de la nuit pour Te louer. » Nous voyons de cette gémara que la royauté d’un juif s’exprime au réveil. Lorsque nous dormons, nous ne sommes plus les maîtres de notre corps. Au réveil, nous retrouvons cette possibilité de régner sur nous-mêmes. Ce premier défi de la journée est très déterminant pour la suite. A tel point que le Choulhan Aroukh, le livre qui enseigne les lois de la vie juive, s’ouvre par la loi suivante: « un homme doit se « lever » comme un lion pour accomplir le service divin. » Ainsi, lorsqu’un juif sort de son lit le matin, malgré le sommeil, le froid, et se prépare pour la prière, il commence sa journée en montrant qu’il est le roi.

Un autre aspect de ce travail, c’est d’arriver à lutter contre la perte du temps. Il est écrit dans les lois de Roch Hachanna que celui qui ne fait rien ressemble à une personne qui dort. Car le sommeil représente la non maîtrise de soi, l’absence. Lorsqu’une personne tue le temps, passe le temps…elle dort, elle quitte le navire. Cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas se reposer… Mais nous devons comprendre que le temps est précieux. « La vie est courte et le travail est important. » Si nous voulons arriver à de grandes choses, nous devons profiter de chaque instant. Voilà la leçon que nous devons apprendre de cette paracha. Il ne faut pas se laisser perturber par les épreuves et les situations de la vie. A l’image de Yossef, nous devons travailler sur nous nuit et jour, sans se poser de questions. Car c’est en devenant les rois de nos vies qu’Hachem nous fera accéder à toutes les acensions. Nous vous souhaitons de réussir dans cette longue lutte contre nous-mêmes, et aussi de passer de très bonnes fêtes et un très bon Chabat…

Inspiré de Sihot Hitkhaskout Hanouca.

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