'HoukatBamidbarItshak NabetParacha

Tu seras heureux dans ce monde-ci

par Itshak Nabet

Au début de la paracha de la semaine Houkat, la Torah enseigne de nombreuses lois concernant l’impureté contractée au contact d’un mort. Lorsqu’une personne touchait un cadavre ou si elle se trouvait dans la même pièce que lui, celle-ci devenait impure. Pour retrouver sa pureté, elle devait se rendre au Temple. Un cohen l’aspergeait le troisième et le septième jour de sa purification d’une eau dans laquelle on avait mélangé les cendres d’une vache rousse… »Voici la loi ( zot Atorah) lorsqu’un homme meurt dans une tente, tout homme qui y pénètre et tout ce qui s’y trouve devient impur pendant sept jours »(verset 19,14). Rech Lakich enseigne dans le traité Chabat (83,b)que la Torah ne réside que chez celui qui se tue pour elle, comme il est écrit « Voici la Torah, un homme qui meurt dans la tente ». En d’autres termes,voici comment on peut lire ce verset: que doit faire un homme afin que Cette Torah réside en lui? Il doit mourir pour elle dans ses tentes, dans les maisons d’études.

Si,à travers l’histoire,nos ancêtres ont appliqué ces paroles à la lettre, à l’époque des Romains combien de juifs furent torturés parce qu’ils étudiaient la Torah? Puis à l’époque des croisés, de l’inquisition, des cosaques, des nazis, des communistes… combien d’efforts afin de nous empêcher d’accomplir les mitsvot et d’étudier la Torah! Cependant,nul ne réussit à arrêter notre peuple. Malgré les persécutions et les horreurs, nos pères sacrifièrent leur vie pour cette Torah, accomplissant les recommandations de Rech Lakich.Baroukh Hachem, à notre époque chaque juif peut étudier librement dans tous les pays du monde. Alors comment appliquer de nos jours cet enseignement?

Le rav Niventzal Chlita explique que « se tuer pour elle » s’applique également en diminuant notre jouissance de ce monde. Ainsi, moins un homme profite des bienfaits matériels que cette terre lui offre, plus la Torah peut résider chez lui. En effet, la Torah est une entité entièrement spirituelle. Lorsque nous réduisons la place du matériel dans nos vies, alors automatiquement nous faisons de la place au spirituel. Et c’est ainsi qu’il est enseigné dans les maximes des pères (perek 6, michna 4):  » Voici le chemin pour acquérir la Torah: mange du pain avec du sel, bois de l’eau avec mesure, dors à même le sol, endure une vie de souffrances et étudie la Torah de toutes tes forces. Si tu fais cela, tu seras heureux dans ce monde-ci et tu auras une bonne part dans le monde futur. » Bien évidement, ce mode de vie que le Tana de cette michna nous décrit représente la fin du chemin.

A notre niveau, le moyen pour faire un peu de place à la Torah, c’est de commencer par diminuer un peu de nos moments libres pour étudier un peu plus. Prendre une heure de plus lors du chabat ou rajouter dix minutes par jour avant de dormir ou pendant les repas… En donnant un peu de notre temps à la Torah, nous pouvons nous aussi « nous tuer » pour elle. Ainsi, peu à peu, imperceptiblement, en rajoutant des heures d’études ,nous pouvons transformer nos vies et nous rapprocher de cette vie que la Michna propose.

Cependant, il nous reste encore un petit point à éclaircir. On comprend bien que celui qui vit comme un moine tibetain, qui mange du pain sans beurre, sans confiture, sans Houmous; qui ne boit que de l’eau et en petite quantité qui plus est, qui dort à même le sol sans matelas… mérite une place conséquente dans le monde futur. En outre, comment peut-on nous dire que s’il fait cela, il sera heureux dans ce monde?

Il est écrit dans le traité de Brakhot (61,b) que lorsque les Romains interdirent l’étude de la Torah, Rabi Akiva continua d’enseigner en public. Un juif qui était sorti du chemin,et qui se nommait Papous ben Yéhouda,lui demanda: Akiva,tu n’as pas peur des Romains? Le rav lui répondit :voilà à quoi cela ressemble: un jour,un renard vit des poissons qui fuyaient dans tous les sens. Que faites-vous? demanda-t-il. Nous évitons les filets des pécheurs! Pourquoi ne venez-vous pas sur la terre à côté de moi, au moins vous ne serez plus embêtés par les pièges des pécheurs? Les poissons lui répondirent: imbécile que tu es! Si nous sommes en danger dans notre environnement naturel, alors à plus forte raison si nous allons dans un endroit où la mort nous est promise. Pareil pour nous: tant que nous étudions,nous sommes en vie comme il est écrit  » Car elle est ta vie… » mais si nous arrêtons de l’étudier,nous sommes déjà morts.

Ce Papous ne comprenait pas comment Rabi Akiva pouvait se mettre en danger pour la Torah. En effet, à la suite de cet événement,il fut attrapé par les Romains et mourut d’une mort atroce. Cependant, Rabi Akiva lui répondit que la Torah est tellement douce, tellement profonde…que c’est toute notre vie! La vie sans elle ressemble à la vie d’un poisson hors de l’eau. De même la Michna nous enseigne que celui qui se met à étudier de toute ses forces, va tellement apprécier que, même s’il ne mange que du pain sec avec un peu d’eau…il sera le plus heureux du monde: il ne lui manquera rien.

Cependant, pour comprendre cela, il faut goûter un peu cette Torah. Si un homme essaie de décrire à son ami le goût d’une poire, il pourra lui en parler pendant une heure mais sera encore très loin de ressentir la douceur de ce fruit. Il en est de même pour la Torah. Je pourrais vous raconter des centaines d’histoires sur la joie que la Torah apporte à celui qui l’étudie. Mais je serais encore tellement éloigné du vrai goût de celle-ci! Le seul moyen pour savoir de quoi nous parlons ici, c’est de faire comme nous,dit le Tana,et de l’étudier de toutes nos forces. Car si nous appliquons le début de cette maxime,alors la fin s’accomplira et nous serons les plus heureux dans ce monde-ci. Nous vous souhaitons à tous d’avoir le mérite de connaître la joie d’étudier la Torah d’Hachem amen ken yéhi ratson.

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