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« Un demi » si important

par Itshak Nabet

Au début de la paracha Ki-Tissa, qui nous enseigne la mitsva de prélever un Mahatsi ashéquel, un demi shéquel. Hachem demanda à chaque juif de plus de vingt ans de donner une pièce d’un demi shéquel, ce qui représente 10 grammes d’argent. Ce prélèvement possédait deux objectifs selon Rachi zal : le premier était spécifique à cette génération. Grâce à cette collecte, Moché Rabénou devait dénombrer le nombre de juifs restant après la punition qui avait suivi la faute du veau d’or. En outre, ce prélèvement annuel servait à l’achat des sacrifices quotidiens, à la construction et à la réparation du Temple portatif puis du Temple définitif. Nos sages posent plusieurs questions à propos de cette Mitsva. Premièrement, pourquoi la Thora exige-t-elle un demi shéquel ? Lorsque l’on demande de l’argent, il vaut mieux demander une valeur entière… Alors pourquoi la Torah ne demanda-t-elle pas un shéquel ? De plus,il est précisé que « le riche n’augmentera pas la somme, et le pauvre ne la diminuera pas ». A priori, cette Mitsva est étonnante: pourquoi Hachem nous limita-t-il ? Qu’il soit interdit de donner moins, nous pouvons comprendre, mais pourquoi ne pouvait- on pas donner plus ? Enfin, si les sages ont ordonné cette lecture supplémentaire, il est évident que cette paracha porte un message qui nous concerne encore à notre époque.

La notion de « demi » fait inévitablement référence à un manque. Celui-ci se trouve comblé lorsque l’on unit les deux moitiés ensemble. Les sages nous enseignent que cette Mitsva de prélever un demi shéquel pour le Temple était une forme de Tsédaka. C’est pour cela que nous possédons l’habitude de prélever une fois par an l’équivalent de 10 grammes d’argent et de le donner soit aux yéchivot soit aux pauvres. Ainsi le message que livre la Torah ici s’adresse à tout celui qui donne de la Tsédaka.

Nous vivons à l’heure actuelle des temps très difficiles, tant sur le plan spirituel que matériel. Un juif d’Israël, de France ou des Etats-unis peut être sollicité de nombreuses fois par jour pour aider tel organisme, telle yéchiva ou telle famille. S’il nous est plus ou moins facile d’aider les premiers venus, un sentiment négatif survient souvent après plusieurs visites. L’impression d’être surtaxés… La Torah, une fois par ans, vient quelque peu tempérer cet agacement et nous explique comment surmonter ce Yetser Ara, ce désir de fermer la main.

Comme nous l’avons dit, la Mitsva de prélever de l’argent pour le Temple se limitait à un demi shéquel. Cette somme vient nous rappeler que chaque juif représente une demi valeur. Il ne peut atteindre sa plénitude sans l’autre qui représente la seconde moitié. Si nous comprenons à quel point un pauvre a besoin de l’autre pour vivre, nous devons savoir que l’inverse est tout autant vrai. A travers les guémarot et les midrachim, nous pouvons comprendre l’importance de la Tsédaka : Comme nous le savons, celle-ci sauve de la mort, nous dit Chlomo Amelekh dans son livre Michlé. Ainsi, il peut arriver qu’une personne soit condamnée à une punition très grave, lo alénou. Cependant, Hachem lui donne une dernière chance. Il lui envoie un pauvre ou un Roch Yéchiva. Si cette personne ouvre alors sa main et son cœur, elle peut sauver sa vie. Dans le cas contraire, elle recevra la sanction qui lui été destinée.

Plus encore, nos sages nous enseignent que, grâce à la Tsédaka, un homme est sauvé de l’enfer. Il sème des Mitsvot qui donneront des fruits au monde futur. Il rapproche la délivrance collective et individuelle. Il efface ses fautes… Il est écrit dans le Tania que : « nous avons l’habitude de donner plus de vingt pour cent de nos revenus parce que nous n’avons plus les forces de jeûner pour effacer nos fautes… A notre époque, le moyen le plus efficace pour réparer nos âmes est de donner de la Tsédaka autant que nous pouvons. » Ainsi, Hachem multiplia-t-il les pauvres dans le monde, en ces derniers instants avant la Délivrance, pour nous purifier et nous faire mériter la Géoula.

Désormais, nous comprenons pourquoi la Torah insista sur cette somme de demi Shéquel. Elle voulait nous éduquer à donner sans croire que l’on perd. Au contraire, chaque pièce donnée représente un bouclier, un grand nombre de jeûnes, un investissement pour le monde futur… Bien évidemment, pour que la Mitsva soit la plus efficace, il faut donner avec le sourire, ne pas humilier ou peiner le pauvre en face de nous. Et il faut aussi essayer de donner, autant que l’on peut, à des gens de confiance, des gens vraiment dans le besoin ou à des institutions de Torah qui vivent des moments si durs de nos jours. Nos sages ont prescrit de lire chaque année deux fois le début de notre paracha, afin de nous ancrer l’importance de la Tsédaka. Alors n’oublions pas cette leçon. Essayons de donner un peu plus et avec un peu plus de joie, afin d’annuler tous les décrets sur notre peuple et de mériter la Délivrance le plus vite possible, amen ken yéhi ratson.

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