ChémotItshak NabetParachaVayakel Pékoudé

Une épreuve hebdomadaire

par Itshak Nabet

La paracha de la semaine, Vayakel, décrit la construction du Temple portatif. Après avoir supplié Hachem de pardonner la faute du veau d’or, Moché Rabénou retourna vers les enfants d’Israël le 10 Tichri avec les secondes Tables de la Loi. Le lendemain, Moché rabénou rassembla tous les enfants d’Israël. Il leur dit : « Voici les choses qu’Hachem vous ordonna de faire. Pendant six jours, vous travaillerez, et le septième jour sera saint, Chabat pour Hachem. Tout celui qui fera un travail ce jour-là sera comdamné à mort…. » Moché rabénou ordonna alors aux enfants d’Israël d’apporter les matériaux pour la construction du Temple portatif. Puis, toute la paracha raconte la construction du Michkan. De nombreux sages s’interrogent sur ces premiers versets de notre paracha. Puisque les enfants d’Israël reçurent déjà la Mitsva de Chabat lors des dix commandements, pourquoi Moché Rabénou répéta-t-il cette Mitsva maintenant?

Pour répondre à cette question, revenons un instant sur la faute du veau d’or. Comme vous le savez, ne voyant pas Moché Rabénou revenir, les enfants d’Israël paniquèrent. Profitant de cette occasion, le Erev rav, ces gens qui sortirent d’Egypte avec les juifs, demandèrent à Aaron de faire des dieux pour marcher devant eux. Ils assemblèrent de l’or, le jetèrent dans un grand feu. Un veau d’or sortit de ce feu. Le Ramban zal explique que les enfants d’Israël ne voulaient pas servir un autre dieu. Ils dirent à Aaron que Moché rabénou, l’homme qui était notre guide et l’intermédiaire entre Hachem et nous,était mort. « Fais-la construction du nous un autre intérmédiaire afin de nous enseigner les voix d’Hachem. » Ainsi, toute la faute du veau d’or réside dans le désir de remplacer la perte de Moché Rabénou. Si c’est ainsi, nous devons comprendre pourquoi leur faute fut si grave. De plus, comme nous l’avons expliqué, les enfants d’Israël virent le corps de Moché Rabénou flotter dans les airs, il y eut soudain une tempête…Essayons de comprendre pourquoi Hachem fit subir cette épreuve à nos ancêtres.

Avant le don de la Torah, quelque quarante jours avant cette faute, tout le peuple se tenait devant le Mont Sinaï et proclama « Nous ferons et nous comprendrons ». A ce moment, ils témoignèrent à Hachem qu’ils étaient complètement anéantis devant Sa volonté. Seulement, certaines choses sont plus faciles à dire qu’à faire. Hachem testa donc les enfants d’Israël. Il établit ce scénario afin de voir si même dans de telles circonstances, ils tiendraient leurs engagements. En effet, si nos ancêtres avaient réussi à enlever toute initiative personnelle et avaient placé entièrement leur confiance en Hachem, ils n’auraient pas paniqué. Car même si,depuis leur sortie d’Egypte, Moché Rabénou fut leur intermédiaire, peut être qu’Hachem ne voulait-Il plus d’intermédiaire ? De plus, s’ils avaient vraiment réussi à s’annuler devant le Tout Puissant, peu importe ce qui arrive dans la vie, c’est Lui le patron et Il décide des événements. Ainsi, en désirant donner un remplaçant à Moché Rabénou, ils prouvèrent qu’ils n’avaient pas encore réussi à atteindre ce niveau de foi. Voici une des explications de la faute du veau d’or.

Désormais,nous pouvons comprendre pourquoi la Mitsva du Chabat et la construction du Michkan représentait la réparation de cette faute. Nous trouvons dans la paracha Pékoudé 18 fois l’expression « comme l’avait ordonné Hachem à Moché ». Ainsi,chaque partie du temple portatif fut exécutée exactement comme l’avait demandé Hachem. A travers la construction du Michkan, les enfants d’Israël s’annulèrent entièrement devant la Volonté divine. Nous retrouvons cette idée à travers la Mitsva du Chabat kodech. << Pendant six jours tu travailleras et le septième jour sera un jour de repos pour Hachem . >> A travers cette Mitsva, nous prouvons à Hachem que nous savons que c’est Lui qui décide de tout. Même si la majorité des recettes est faite le jour du Chabat, nous annulons notre volonté devant Lui. En fermant notre magasin, en éteignant nos téléphones, nous réparons la faute du veau or. Comme le dit la guémara dans le traité Chabat (118,b) : tout celui qui garde le Chabat comme le demande la loi, même s’il faisait de l’idolâtrie comme la génération d’Enoche, on lui pardonne. Parce que le fait de garder le Chabat représente la plus grande preuve de notre croyance en Dieu.

On raconte que,lorsque le rav Yaacov Yossef Herman fit son Alya avec sa femme, son bateau débarqua au port de Haïfa le vendredi 1er septembre 1939,une heure avant le coucher du soleil. Quelques heures plus tôt, Allemagne avait envahi la Pologne. Les soldats anglais sur le port ordonnèrent aux passagers de débarquer le plus vite possible et de prendre leurs bagages. Seulement, le rav avait eu tout juste le temps de se rendre chez le rav Alfa pour l’entrée du Chabat. Il s’empara donc de sa valise contenant son sefer Torah, son talith et ses téfilines. Sa femme prit son sac à main et ils se dirigèrent vers le commandant de la douane. Le rav expliqua au fonctionnaire anglais :

_ Je n’ai jamais transgressé le Chabat de ma vie, ce n’est pas en Terre Sainte que je vais le transgresser !

_ Monsieur le rabbin, la guerre a éclaté, vous devez en tenir compte.
_ « Contentez-vous de tamponner nos passeports et laissez- nous partir, nous reviendrons chercher nos bagages à la fin du Chabat »supplia le rav.
_ Impossible, répondit le douanier. Nous déchargeons les bagages du bateau et les laissons sur le quai.
_ Tant pis pour nos bagages ! Tamponnez simplement nos passeports.

Le fonctionnaire regarda le rav et demanda: « combien avez vous de valises » ?

_ Seize caisses dans la soute et neuf caisses dans la cabine >> répondit- il.

_ Avez- vous bien compris, déclara le douanier, qu’après votre départ, vos caisses et vos valises seront abandonnées sur le quai sans surveillance et que d’ici demain soir vous ne trouverez pas l’ombre de vos affaires ?

_ Je n’ai pas le choix. C’est presque Chabat et il nous faut arriver en ville à temps. Je vous en prie,mettez nos papiers en règle et laissez nous partir.

Le rav arriva, muni de la valise du « sefer Torah » chez le rav Alfa juste à l’heure de l’allumage des bougies. Pendant tout le Chabat, il était dans un état d’élévation spirituelle. Il répétait à sa femme: « Le Patron fait tout pour moi. Que puis-je faire pour Lui en retour ? » Sa femme avait du mal à partager ce degré d’élévation. Elle était épuisée physiquement et moralement. La nostalgie de ses enfants pesait lourd sur son coeur. Perdre tous ses biens, de surcroît, n’était pas
une pilule facile à avaler. Mais elle ne se plaignait pas.

Le samedi soir,après avoir attendu 72 minutes après le coucher du soleil et fait la Havdala, le rav Alfa proposa au rav de se rendre au port pour récupérer ce qui pouvait être sauvé. Lorsqu’ils s’approchèrent de la zone éclairée, une voix anglaise lança :

_ « Qui va là ? »
_ « Des passagers du bateau qui a débarqué hier en fin d’après-midi. »
_ « Votre nom ? »
_ « Yaacov Yossef Herman »

_ « Eh bien, Monsieur le Rabbin, il était temps que vous arriviez ! On m ‘a certifié que vous seriez là dès le coucher du soleil. J’ai été chargé de garder vos affaires depuis plus de vingt-quatre heures. Mon chef m’a menacé de me couper la tête s’il manquait le moindre de vos bagages. Ayez l’obligeance de vérifier si tout est en ordre et signez ces papiers. A présent, enlevez-moi tout ça au plus vite…je suis épuisé »…

Comme le prouve cette histoire, le Chabat est souvent une épreuve pour tester notre foi. Même si celle-ci est parfois difficile, nous devons savoir que celui qui concrétise Sa volonté ne peut pas perdre. Grâce à cette Mitsva,nous prouvons toutes les semaines à Hachem notre foi en Lui. Alors que le Patron nous donne les forces de nous renforcer dans l’accomplissement de cette Mitsva et qu’Il nous aide à croire en Lui dans toutes les situations, amen ken yéhi ratson.

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