Fêtes juivesPourimZakhor

Voir la main d’Hachem

par Itshak Nabet

Nous lirons prochainement la paracha Zakhor qui raconte la guerre que nos ancêtres firent contre le peuple d’Amalek. Samedi soir, nous entrerons, Béézrat Hachem, dans la fête de Pourim. Essayons de comprendre un des messages que véhicule ce jour si important. Il est écrit dans le traité de Chabat (98,a) à propos du don de la Torah « Et Moché fit sortir le peuple des campements pour aller à la rencontre d’Hachem. Il se tenait en-dessous de la Montagne. » Avdimi bar Hama bar Hasa disait que l ‘on apprend de là qu’Hachem plaça la montagne au-dessus des bné Israël et leur dit : Si vous n’acceptez pas ma Torah, Je vous ensevelis ici. » En d’autres mots, les bné Israël furent contraints de recevoir la Torah au Mont Sinaï . Cependant, Rava nous enseigne qu’ils prirent sur eux plus tard le joug Divin de plein gré à l’époque de Pourim. Comme il est écrit dans la Méguila « Les juifs prirent sur eux et acceptèrent … » Ils prirent sur eux ce qu’ils avaient déjà accepté.

A priori, il est étonnant que les bné Israël reçurent la Torah par amour presque mille ans plus tard. Pourquoi la génération du désert ou celle de David ne parvint-elle pas à prendre sur elle le joug divin de plein gré ?

Hachem intervient dans ce monde soit de manière surnaturelle à l’aide de miracles, soit de manière plus discrète à travers les règles de la nature. Lors de la sortie d’Egypte, tout le monde vit des miracles plus spectaculaires les uns que les autres. L’eau se transforma en sang. Des milliards de poux se jetèrent sur les Egyptiens et aucun ne toucha les juifs. Les bêtes féroces, la grêle, les sauterelles…Puis la mer de Joncs se divisa en douze pour laisser passer les enfants d’Israël. Une fois dans le désert, l’eau sortit d’un rocher et abreuva des millions d’individus. De la Manne tombait du ciel et prenait le goût désiré. Enfin, les enfants d’Israël virent le Mont Sinaï en feu lors du don de la Torah… Une personne qui vécut à cette époque ne pouvait avoir de doute sur l’existence d’Hachem. Elle voyait de ses yeux, au quotidien, l’intervention divine. C’est pour cela que même s’ils dirent Naassé Vénichma- » Nous ferons et nous comprendrons- » les témoins de ces miracles n’avaient pas le choix. La présence de Dieu était tellement forte qu’il n’y avait plus de place pour le libre arbitre.

A l’époque de Pourim, la situation paraissait tout à fait différente. Les bné Israël vivaient un exil amer depuis de nombreuses années. Le Temple demeurait en ruines. Les prophéties d’un retour en Terre Sainte après 70 ans semblaient erronées. Nos ancêtres se trouvaient dans l’obscurité totale: Hachem semblait « être parti ». C’est dans ce contexte que l’histoire de Pourim se déroula. Un roi barbare et cruel qui régnait sur 127 pays fit un grand festin. Il demanda à sa femme de paraître dénudée devant ses invités. Celle-ci refusa et il la fit tuer. Puis il rassembla les plus jolies filles de son royaume et choisi la plus belle, Ester, qui était d’origine juive. Jusque- là,rien de miraculeux. En Angleterre, Henri III fit plus ou moins la même chose un peu plus de mille ans plus tard. Ensuite, un des sujets du roi Haman s’éleva dans la hiérarchie et devint second du roi. Il détestait les juifs, et surtout Mordékhaï, un autre sujet du roi. Pris de haine, il conseilla et soudoya le roi afin de le faire disparaître ainsi que ses concitoyens. Finalement, la femme du roi, qui était elle-même juive, parla au roi, déjoua le complot et fit tuer Haman. Encore une fois, cette intrigue de palais semble classique et ne montre aucune intervention Divine. Et pourtant, c’est à travers cette histoire que nos ancêtres comprirent que le hasard n’existe pas.

Le Gaon de Vilna zal compare cela à un roi qui chassa son fils du palais. Une fois sorti, il ordonna à ses gardes de le protéger. Après quelques heures, l’enfant traversa une forêt. Lorsque soudain, un ours féroce se mit à courir dans sa direction. Apeuré, l’enfant pria Hachem. Alors que la bête se trouvait à quelques mètres de lui, un chasseur surgit et tua l’ours. L’enfant encore sous le choc remercia son sauveteur et lui demanda ce qu’il faisait dans la forêt. Il lui répondit qu’il passait par là. Plus tard, il se trouva nez à nez avec un serpent. Une fois encore, un chasseur qui passait par là le sauva. Après une troisième sauvetage, l’enfant comprit que tous ces hasards n’étaient que les gardes de son père. Il retourna alors chez lui et demanda pardon à son géniteur.

Et c’est ainsi qu’à Pourim, les juifs comprirent que même si Hachem avait exilé Ses enfants et avait retiré Sa présence Divine, c’était bien Lui qui les avait sauvés. A travers tous ces heureux hasards, les juifs échappèrent à la mort et à leurs ennemis. A ce moment précis, ils apprirent que les événements naturels sont des miracles. Les coïncidences s’appellent interventions Divines. Pris de regrets, les bné Israël acceptèrent la Torah et les Mitsvot par amour. Ainsi, seule cette génération qui vécut les cauchemars de l’exil pouvait prendre sur elle le joug Divin de plein gré. A Pourim, un juif peut se remplir de cette foi. Même si nous ne voyons pas de miracles chaque jour, même si nous traversons des tunnels et des tempêtes, nous devons savoir que nous ne sommes pas seuls. A chaque instant de notre vie, Hachem guide nos pas et nous rapproche de Lui.

Comme vous le savez, la valeur numérique d’Amalek est la même que le mot « safek », le doute. Or il n’existe pas une chose qui attriste et qui nous éloigne d’Hachem comme les questionnements. Ce Chabat, en lisant la paracha Zakhor, nous pouvons effacer Amalek, c’est à dire les doutes qui noircissent nos vies. Pour cela, nous devons comprendre que nos histoires personnelles sont comme cette Mégila, une suite de miracles voilés. La main d’Hachem demeure omniprésente, et il suffit seulement d’ouvrir les yeux. Alors qu’Hachem nous aide à posséder cette foi afin de nous remplir de joie et d’amour pour Lui, amen ken yéhi ratson.

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