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Yaakov n’est pas mort

par Itshak Nabet

Nous lirons cette semaine la dernière paracha du livre Béréchit, Vayé’hi. Yaakov avinou alav achalom rassemble ses enfants afin de les bénir. Après 147 ans de bons et loyaux services, le dernier des avot quitte ce monde et laisse les bné Israel en exil. La Torah nous décrit en détail les différentes étapes de ses funérailles. Pourtant un des
plus grands amoraim du talmud, bavli et yérouchalmi Rabi Yohanan zrouto yagen alénou, enseigne dans masseret Taanit (5,b ) que Yaakov n’est pas mort.

Encore plus surprenant, ce même Rabi Yohanan a dit dans la masseret Roch Hachanna (16,b) qu’il y a trois livres ouverts à Roch Hachanna: celui des impies, celui des justes et celui des moyens.Depuis Roch Hachana, les impies sont désignés pour la mort et les justes pour la vie alors que les autres sont en suspens de Roch Hachana jusqu’à Kippour. Encore une fois,ce sage nous annonce une leçon qui va à l’encontre de la réalité. En effet,nous voyons de nos yeux des justes quitter ce monde dans leur jeunesse et des impies vivre leurs vieux jours, alors quel message voulait nous transmettre Rabi Yohanan?

Face à ces incompréhensions, nous sommes bien obligés de conclure que notre définition de la vie et la mort n’est pas celle de la Torah. En effet, nombreux sont ceux qui pensent que le but de la vie est de profiter de ce monde, « carpe diem » comme ils disent. Ils organisent leur existence dans ce sens: ils cherchent un travail qui rapporte beaucoup d’argent facilement, courent après les femmes et le luxe, travaillent toute l’année pour bronzer deux semaines en Turquie et comptent les jours qui les séparent du Paradis sur Terre: la retraite.Pour ces gens là, la mort représente la fin de tous leurs rêves, la sonnerie de récréation qui annonce la fin des plaisirs. Même s’ils
s’efforcent de ne pas y penser et se disent que cela n’arrive qu’aux autres, ils savent qu’un jour viendra où la lumière s’éteindra et où ils ne pourront plus rien prendre.

La conception de la Torah s’oppose entièrement à cette vision occidentale du monde.Le Ram’hal (rav Moche Haim Luzzatto) za »l dans son oeuvre « Messilat Yecharim » (« La voix des justes ») nous explique que l’homme a été créé pour se délecter de la présence divine, pour jouir de plaisirs spirituels qui n’existent pas sur Terre. Comme il est
écrit « toutes les jouissances de ce monde ne valent pas un instant dans le Olam Aba ». C’est pourquoi Hachem consacra un endroit, le monde futur, afin de profiter de ces plaisirs. Le monde dans lequel nous vivons représente le chemin qui nous permet d’arriver à cette destination. « Ce monde ressemble à un couloir qui mène au monde futur »
nous enseignent les maximes des pères. Et c’est dans cette optique qu’Hachem nous donna des moyens afin d’atteindre ce but, les mitsvot. Ainsi,selon la Torah, la mort n’est pas une fin, mais c’est le commencement de la vie spirituelle pour laquelle nous avons été créés. Et cette vérité semblait tellement claire pour les enfants d’Adam
arichone qu’ils avaient fait un Yom Tov et des festivités lorsque ce dernier mourut,nous dit le Tana débé Eliahou.

Hélas, nos yeux se sont obscurcis et nous ne croyons pas plus loin que le bout de nos plaisirs. Nous construisons des couloirs de luxe avec home vidéo, canapés en cuir…sans même nous soucier de bâtir un palais habitable. « Qu’est-ce- qui se trouve derrière la porte de mon couloir? » doit se demander chacun. Vais-je vivre dans une maison propre,
éclairée et agréable, ou vais-je devenir un éternel sans abri? Car n’oublions pas,mes frères, que « l’éternité c’est long, surtout vers la fin »…

C’est pourquoi Rabi Yohanan est venu nous interpeller en disant que Yaakov n’est pas mort. Comme pour nous dire: ne vous fiez pas aux apparences. Même si Yaakov expira et fut enterré, sa vie ne fait que commencer. Avec le grand nombre de mitsvot qu’il accumula pendant ces années, il ne peut pas mourir, il ne peut que se délecter avec ses
pères des plaisirs qui lui sont réservés. De la même manière, nous comprenons pourquoi Rabi Yohanan appelait les tsadikim qui mouraient jeunes des vivants. Et, à l’inverse, ceux qui ne préparent pas leur monde futur sont considérés comme morts, car s’ils continuent ainsi ils ne pourront pas vivre l’essentiel de leur existence.

Cependant le Tana continue et nous enseigne que toutes les jouissances du monde futur n’égalent pas un instant sur Terre. De même le Gaon de Vilna répétait avant de mourir: « Qu’est ce qu’il est beau,ce monde dans lequel un homme peut faire des mitsvot avec quelques fils! » en touchant ses tsitsit. Car ce n’est qu’ici qu’un homme peut préparer
son monde futur. Comme nous disons dans la prière du soir, les mitsvot sont nos vies et elles éclairent nos jours. Alors nous devons prendre conscience de l’importance de chaque instant. Et essayer de profiter de notre passage sur Terre pour accomplir la volonté d’Hachem afin de construire des résidences de luxe qui seront les nôtres après 120 ans.

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