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Profiter d’une petite goutte

par Itshak Nabet

Cette semaine, en plus des parachiottes Vayakel Pékoudé, nous sortirons un second Sefer Torah et lirons la Paracha Para. Cette section, qui n’est autre que le début de la paracha Houkat, nous décrit le processus de purification d’un homme qui fut en contact avec un mort. A l’époque du Beth Amikdach, les cohanim préparaient un mélange d’eau pure et de cendres d’une vache entièrement rousse. Toute personne rendue impure après avoir touché le corps d’une personne morte devait se purifier pour entrer au Temple ou pour consommer des sacrifices, par exemple. Cette purification se déroulait sur une semaine: le troisième et le septième jour, on devait l’asperger d’une goutte de ce liquide, puis elle devait se tremper au Mikvé afin d’être purifiée. En outre, le cohen qui avait aspergé l’homme impur devenait à son tour impur jusqu’à la nuit.

Rachi zal, au début de la paracha Houkat, explique que cette Mitsva entraîne un étonnement chez les nations du monde. Si cette eau a le pouvoir de purifier la plus grande impureté, celle causée par un cadavre, elle doit avoir une force de purification immense. Alors comment comprendre qu’elle rend impure le cohen qui la touche? La Torah répond qu’il n’y a pas d’explication: ceci est un « Hok », uneMitsva dont le sens nous est caché.

A priori, si la Torah témoigne que cette Mitsva est une énigme, hors de notre compréhension, pourquoi existe-t-il une Mitsva de l’écouter une fois par an, en plus des lectures hebdomadaires? Quelle leçon devons-nous retirer de cette lecture?

Le rav Itshak Blazer zal, un des élèves du rav Israël Salanter, apprend de cette Mitsva une leçon fondamentale, qu’il explique à l’aide d’une parabole. Il y avait dans une Yéchiva un élève qui était extrêmement sérieux. Il étudiait, tous les jours, douze heures avec une énergie peu commune. Un jour, il commença à diminuer son temps d’étude journalier à dix heures. Après quelques temps, il n’étudiait plus que huit heures, puis six heures. Dans cette même Yéchiva, il y avait un autre étudiant qui passait son temps à traîner et à discuter. Un jour, il décida de se prendre en main, et d’étudier chaque jour deux heures. Petit à petit, il commença à s’asseoir quatre heures. A la fin de l’année, il parvint à apprendre la Torah six heures par jour.

Si nous devions conseiller à un nouvel élève un partenaire d’étude, lequel de ces deux étudiants choisirions- nous? Même si techniquement, ces deux hommes sont au même niveau, six heures par jour, il paraît évident que notre choix se porterait sur le second élève. Car le premier est dans une spirale descendante, alors que le second montre qu’il désire avancer. Nous retrouvons cette notion à propos de cette aspersion. Une petite goutte de cette eau pouvait rendre pur celui qui avait contacté la pire des impuretés. Même si son processus n’est pas fini, il lui faudra encore se plonger entièrement dans un Mikvé, mais il est déjà sur la pente ascendante. Cette petite goutte de pureté, ce petit réveil spirituel a permis à cet homme plongé dans l’impureté de prendre un nouveau départ. En revanche, un homme qui était entièrement pur et qui se contente aujourd’hui d’une petite goutte de pureté se trouve sur la pente descendante et doit vite se purifier!

Le Gaon de Vilna explique dans son explication de Michlé ( 15, 24): « qu’un homme est un être en mouvement. Il doit toujours monter de niveau en niveau, car s’il ne s’élève pas, il descend au fond du trou. » En d’autres termes, nous nous trouvons sur la pente d’une montagne et nous sommes obligés d’avancer. Aller de l’avant n’est pas simplement un moyen d’avancer, c’est notre seule chance de ne pas tomber.

Comme nous le savons tous, la vie se compose « de jours d’amour et de jours de haine ». Nous passons des moments où tout nous sourit, et nous avons l’envie de nous investir dans le service Divin, de prier, d’étudier… A l’inverse, il existe des jours où nous ne ressentons rien, où le désir a disparu. Même s’il parait très difficile de continuer à s’élever dans ces zones de turbulences, nos sages nous avertissent qu’il ne faut pas lâcher prise. Même si, provisoirement, la passion n’est plus la même, il faut continuer et se battre pour rester sur le bateau. Car celui qui reste accroché à la corde peut facilement reprendre son ascension lorsque la tempête se sera calmée.

Une fois par an, la Torah nous rappelle que notre vie est faite de montées et de chutes. Cette petite goutte de pureté peut être, chez certains, un déclic pour avancer sur le chemin de la vie, et chez d’autres la résultante d’une chute terrible. Après avoir vécu la joie de Pourim, pendant laquelle nous nous sommes rapprochés d’Hachem, cette lecture nous invite à continuer notre ascension. Notre seule chance pour ne pas perdre cet instant de pureté est de profiter de cet élan pour nous préparer à la fête de Pessah afin de plonger dans ce grand Mikvé le soir du 15 Nissan.

A partir d’une dracha du rav Yonathan Domb chlita.

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