Dans la paracha de la semaine,Nasso, la Torah nous enseigne la loi de la Sota et celle du Nazir parmi de nombreuses mitsvot relatives au Temple. Ainsi, au temps du Beth Amikdach, lorsqu’une femme mariée s’était isolée plusieurs fois avec un homme, devant témoins, celle-ci devait soit être divorcée, soit passer l’examen des eaux amères. Dans ce dernier cas, le couple se rendait au Temple et le Cohen faisait boire à la femme de l’eau dans laquelle avait été dissous un parchemin de la Torah. Si elle était innocente, elle vivait et était assurée d’avoir un enfant dans l’année. Dans le cas inverse, elle et son amant mouraient d’une maladie terrifiante. Puis la paracha nous transmet la Mitsva du Nazir. Un homme ou une femme qui voulait s’élever spirituellement pouvait faire le vœu de ne pas boire de vin pendant trente jours. Il fallait également ne pas se couper les cheveux, ni se rendre impur au contact d’un mort. A travers ces privations, le nazir se détachait de la matière et atteignait des niveaux spirituels très élevés.
Rabi Yéouda Anassi s’interroge dans le traité de Sota (2;a) sur la juxtaposition de ces deux sujets. Et il répondit que la Torah lia ces deux lois afin de nous enseigner que: « Tout celui qui voit une femme mourir de cette maladie atroce doit faire le vœu de naziréat et s’interdire le vin. »
A priori cette explication de Rabi est plus qu’étonnante. Pourquoi un homme qui se promenait près du Temple et qui croisait cette femme en train de mourir devait-il devenir Nazir? Avait-il fait une faute pour devoir s’infliger ces privations?
La Torah,à travers cette juxtaposition, nous donne une grande leçon:le hasard n’existe pas! Chaque événement,individuel ou collectif,provient de la volonté divine. Nos sages enseignent que même la trajectoire d’une feuille qui tombe dans une forêt est décidée par Hachem. Alors,à plus forte raison, nous pouvons déduire que toutes les situations et rencontres qui remplissent notre vie sont dirigées par le Créateur afin de nous parfaire. Ainsi,nos familles, nos amis et l’environnement dans lequel nous évoluons forment les outils pour nous permettre de nous élever et nous améliorer. Voila pourquoi ce touriste qui croisa cette tragédie, qui était sûrement très rare, devait s’interroger et se demander pourquoi Hachem lui avait montré cela. A l’aide d’une réelle prise de conscience, cet homme comprendra au final que se trouvait en lui une pulsion malsaine qui aurait pu l’entraîner vers cette fin terrible.
Après cette conclusion, il devait réfléchir à cette catastrophe et essayer de comprendre comment ces gens en étaient arrivés là. Car il est certain qu’ils n’étaient pas tombés du jour au lendemain. De même, il paraît très probable qu’ils n’étaient pas pires que d’autres. Ils avaient simplement dû s’égarer du chemin,lentement mais sûrement, vers le puits obscur dans lequel ils sont tombés. C’est pour cela que Rabi nous mit en garde: » Tout celui qui voit une femme Sota… ». « Tout celui »: même le plus grand des tsadiks doit trembler face à cette vision. Car malgré le niveau de chacun, nous devons savoir que nous ne sommes que des hommes et non des anges. La faute se tient à la porte de chacun de nous et nous guette sans cesse.
Enfin, il lui fallait prendre ses précautions afin de ne pas tomber lui aussi. Comme nous le savons tous, une fois proche de la faute, il est très difficile de fuir. Le seul moyen pour,véritablement,éviter de chuter, c’est de s’éloigner le plus possible des trous et des falaises. Or, en ce qui concerne les relations interdites, Rachi zal précise que le vin représente une des causes principales de ce fléau. Ainsi, en devenant Nazir et en s’éloignant du vin et de ses dérivées, notre bon touriste prenait ses distances avec la faute. Désormais,l’enseignement de Rabi nous paraît limpide. Lorsqu’une personne se trouve confrontée à un événement fort, il doit comprendre que c’est sûrement un message divin. Il se doit donc de réfléchir à cet incident et prendre les dispositions qui lui permettront de ne pas commettre les mêmes erreurs.
Comme nous l’avons dit, en devenant Nazir, un homme pouvait s’élever et se rapprocher d’Hachem. Même si cette mitsva est liée au Temple, nous devons savoir que nous avons tous la possibilité de devenir semblables à des Nazirs. A ces fins, nous devons nous rappeler l’enseignement de Rabi Yéouda Anassi. Il nous faut réfléchir sans cesse aux faits qui bousculent notre vie. Nous devons essayer d’en tirer leçon et poser des barrières pour nous éloigner de la faute. En procédant ainsi, nous pouvons être sûrs d’acquérir la sainteté des véritables Nazirs d’antan. Alors qu’Hachem nous aide à nous purifier et nous parfaire, afin de pouvoir voir bientôt de nombreux Nazirs apporter leurs sacrifices aux Beth Amikdach, amen ken yéhi ratson.