La paracha Emor se présente comme une des parachiottes les plus riches en Mitsvot, puisqu’elle nous en enseigne 63. La majorité de ces lois concerne les cohanim: avec qui ont-ils droit de se marier? Qu’est-ce qui est impropre à la céhouna?… Ensuite, la Torah nous indique les différentes fêtes qui marquent l’année juive. Enfin, nous trouvons l’histoire suivante: un homme de la tribu de Dan, fils de Chlomit bat Divri et de l’Egyptien que tua Moché Rabénou, se disputa avec un de ses voisins. Ce dernier lui interdit de planter sa tente avec la tribu de Dan. En effet, puisque le droit d’hériter d’une parcelle de terre d’Israël est donné en fonction du père, cet homme dont le père est non juif ne pouvait jouir de ce droit. Son voisin l’invita donc à planter sa tente avec les convertis, hors du camp de Dan. Les deux voisins se rendirent chez Moché Rabénou pour trancher ce litige. Moché Rabénou donna raison au voisin, et expliqua au fils de Dvora bat Divri qu’il ne pouvait planter sa tente là-bas. Cet homme, furieux de cette décision, se mit à maudire Hachem.
Notre paracha s’ouvre sur le verset suivant: » Hachem dit à Moché de dire aux cohanim enfants d’Aaron: et dis leur de ne pas se rendre impur au contact d’un mort. » La guémara,dans Yébamot,s’interroge sur cette répétition. Pourquoi la Torah n’a-t-elle pas simplement demandé aux cohanim de ne pas se rendre impurs? Pourquoi répéta-t-elle » et dis leur »? Le Talmud répond: » Hachem dit à Moché de préconiser aux grands d’être vigilants pour leurs enfants. » En d’autres termes, les cohanim doivent dire à leurs enfants d’être vigilants pour veiller à ne pas devenir impurs.
Le Hatam Sofer zal s’interroge sur cet enseignement. Si la Torah demande aux adultes de surveiller les enfants, le Talmud aurait dû dire: » que les grands disent aux enfants d’être vigilants. » Pourquoi dire aux adultes d’être attentifs?
De plus, quel lien existe-t-il entre notre paracha et l’histoire de l’homme qui sortit du Beth Din de Moché et qui blasphéma?
Pour répondre à ces questions, intéressons-nous à un des épisodes du livre des Juges. Il y avait un homme qui se nommait Manoah et dont la femme était stérile. Un jour, cette femme vit un ange qui lui dit de ne plus boire de vin et de ne plus se rendre impure au contact d’un mort car Hachem allait leur donner un fils, qui devait être Nazir depuis la naissance. (Un nazir est un homme qui prend sur lui de se sanctifier et qui s’interdit de boire du vin et de ses dérivés, de se rendre impur et de se couper les cheveux…). Cette femme raconta sa vision à son mari. Celui-ci pria Hachem de leur envoyer encore une fois l’ange afin de leur expliquer que faire avec l’enfant. L’ange revint une seconde fois et dit: » Faites tout ce que j’ai dit à ta femme! Ne mangez pas de ce qui provient du raisin, ne buvez pas d’alcool. » Alors Manoah apporta des sacrifices pour remercier Hachem… Cet enfant s’appela Chimchon et fut un des juges qui régna en Israël.
Le rav Ouri Ezrakhi chlita nous rapporta la question suivante: » nous voyons que Manoah ne douta pas de la prophétie de sa femme. En effet, il ne pria pas Hachem pour lui confirmer cette prophétie, mais pour savoir que faire de l’enfant. » Et pourtant, lors de la seconde apparition de l’ange, celui-ci ne rajouta rien à la première fois. Alors comment Manoah fut- il apaisé? Ce rav expliqua que lorsque Manoah entendit la prophétie de sa femme, il fut pris de panique: comment éduquer ce fils? Comment lui interdire de ne pas boire de vin, de ne pas aller au cimetière, d’être Nazir, alors que ses parents ne présentent pas cet exemple? Il pria donc Hachem pour lui demander comment éduquer cet enfant. Alors l’ange lui dit: « Faites tout ce que j’ai dit à ta femme. De même qu’il est interdit à ton fils de boire du vin, ne bois pas du vin. Ne mangez pas de raisin… » Manouah fut alors satisfait de la réponse de l’ange et sacrifia des offrandes à Hachem.
Le Hatam Sofer explique le début de notre paracha ainsi: » Hachem dit à Moché de prévenir les grands, d’être des exemples afin que leurs enfants suivent leur chemin et deviennent de bon cohanim. » La Torah nous prévient, dans notre paracha, que l’essentiel de l’éducation d’un enfant est entre les mains des parents. Il ne faut pas compter sur les professeurs ni sur les rabbins, ni sur personne… Chaque parent doit aider ses enfants à grandir dans le bon chemin et à se comporter correctement. Pour cela, le Talmud nous explique que nous devons être des exemples. Nous ne pouvons pas demander à nos enfants de parler poliment, d’étudier la Torah ou d’être Tsniout si nous ne le sommes pas! Comme disait le rav Wolbe zal: « l’éducation commence 20 ans avant la naissance de l’enfant. » Nous devons nous parfaire afin de devenir des modèles pour nos enfants.
Désormais, nous pouvons comprendre le lien avec la fin de notre paracha. La Torah ne nous dévoile pas le nom de cet homme qui maudit Hachem. Elle nous dit qu’il était l’enfant d’une femme: Chlomit bat Divri. Rachi zal explique qu’il n’existe pas de Divri dans la Torah. La Torah nomme cette femme Chlomit bat Divri car elle disait Chalom à tout le monde et elle discutait tout le temps (Divri vient de parler léDaber). Ainsi, cet enfant qui fauta et qui sortit du droit chemin était le fruit de cette mère qui ne s’occupa pas de lui!! Plutôt que de parler à son fils et de l’éduquer, elle passa son temps au téléphone ou devant la télévision. Pour autant, la Torah ne rendit pas innocent cet homme qui fut puni de la plus sévère des façons. La Torah dévoila la source de ce mal et sonna le signal d’alarme: faites attention à vos enfants. Passez du temps avec eux afin de les aider à grandir. Alors retirons la leçon de cette paracha, et investissons- nous dans l’éducation de notre progéniture.
Et, surtout, essayons d’être des exemples, amen ken yéhi ratson.