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Entretenir le feu

par Itshak Nabet

 

Le Rambam zal écrit dans son livre Sefer Amitsvot que l’interdiction de  » haïr son frère dans son cœur  » n’existe que si un homme n’exprime pas sa haine et la garde au fond de lui. Mais s’il lui dit qu’il éprouve de l’inimitié envers lui, alors il ne transgresse pas l’interdiction de la Torah. Rabénou Yona explique qu’une haine qui réside dans le cœur représente un danger beaucoup plus grand. Car une personne qui ne sait pas qu’elle est détestée par une autre ne peut pas se protéger d’elle. Ainsi la Torah nous ordonne d’exprimer nos sentiments afin de permettre aux gens d’être sur leurs gardes.

Dans le livre Bina Léétim, nous trouvons une raison plus profonde du sens de cette interdiction: Si un homme prend une marmite et la met sur le feu, une partie de la chaleur s’évacue et il devient difficile de dépasser les cent degrés. Mais si nous prenons une cocotte minute, fermée hermétiquement, nous pouvons atteindre des températures très élevées. L’homme ressemble à une cocotte minute!! Lorsqu’il arrive à exprimer sa haine contre autrui, celle-ci diminue automatiquement. Mais s’il la conserve au fond de lui, alors sa haine s’amplifie. Et c’est pour cela que la Torah interdit la haine qui reste dans le cœur.

Si nous examinons le comportement d’Essav dans la Torah, nous pouvons voir combien il cultiva sa haine contre Yaacov avinou. Premièrement, il garda sa haine dans son cœur, comme il est écrit:      « Il haït son frère dans son cœur ». Il ferma hermétiquement la cocotte minute. Mais il ne s’arrêta pas là. Il ranima le feu pendant 35 ans afin que la haine ne diminue pas.

Comme nous le savons, Essav reprocha deux choses à son frère, celle de lui avoir acheté son droit d’aînesse contre un plat de lentilles et de s’être déguisé pour lui voler sa bénédiction. Afin de ne pas oublier ces deux choses, il appela son pays Edom. Ainsi, à chaque fois qu’il mentionnait son lieu d’habitation, il se rappelait que son frère lui avait pris son droit d’aînesse contre un peu de « Adom Adom », de lentilles. Et il nomma sa région Séïr, qui signifie Bouc, pour ne pas oublier comment son frère s’était déguisé avec des poils de bouc pour dérober sa bénédiction.

Mais ce n’est pas tout, nous enseignent les Baalé Tosfot. Lorsque Yaacov avinou s’enfuit de chez lui, Essav eut un fils. Il appela le nouveau-né « Akhi », mon frère. Ainsi, à chaque fois qu’il demandait à son fils quelque chose:  » Akhi vient manger, va dormir… » il se souvenait de Yaacov. Cet enfant qui avait pour mission de rappeler la haine contre Yaacov grandit avec le seul objectif de tuer son oncle. Selon cette explication, lorsque Yaacov pria dans notre paracha Vayiclakh:  » Hachem sauve-moi des mains d’Akhi, des mains d’Essav » il faisait allusion à ce neveu qui voulait sa perte.

Ainsi Essav a-t-il entretenu le feu qui brûlait en lui pendant 35 ans. A tel point que lorsqu’il retrouva son frère, « il l’embrassa ». Le mot « embrasser » est surplombé de plusieurs points dans le Sefer Torah. Nos sages expliquent que lors des retrouvailles entre les deux frères, il mordit Yaacov au cou. Cependant, Hachem fit un miracle: le cou se durcit comme du marbre et Essav se cassa les dents. Or pour qu’un homme se brise les dents en mordant dans une chose solide, il faut qu’il morde avec toute sa rage et toute sa haine.

Comme nous l’avons déjà dit, nous devons apprendre de nos ennemis. La base du service divin, enseigne le Ramhal zal , est d’avoir toujours présente à l’esprit notre obligation dans le monde. Hélas, nous oublions trop souvent le but de notre existence. Nous nous laissons entraîner par ce monde et nous perdons à courir après l’argent et les plaisirs matériels. Même si nous savons que le temps est précieux, et que ce monde n’est qu’un couloir qui nous mène au monde futur. Nous ne vivons pas assez avec cette croyance.

Si nous désirons nous perfectionner et nous rapprocher d’Hachem, nous devons toujours garder à l’esprit la mission qui est la nôtre. Pour cela, nous devons, à l’image d’Essav, créer des rappels. Et c’est une des raisons pour laquelle nous lisons le Chéma Israël matin et soir, fixons des Mezzouzot et portons des Téfilines et des Tsitsit… Cependant, si nous faisons ces Mitsvot sans réfléchir, elles ne peuvent pas réveiller notre  désir de faire le service divin. C’est pourquoi nous devons essayer de penser à leur signification afin de nous rapprocher sincèrement d’Hachem et d’entretenir toujours le feu qui sommeille en nous, amen ken yéhi ratson.

Inspiré d’une dracha du rav Yonanthan Domb chlita

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