Comme nous l’avons dit la semaine passée, la première mission de Moché Rabénou s’est soldée par un échec. Cependant, au début de notre paracha Vaéra, Hachem rassure son libérateur par ces mots: « Moi aussi, J’ai entendu les cris de souffrance des enfants d’Israël et Je vais accomplir le serment que J’ai fait à vos pères Avraham, Itshak et Yaacov. Je vais les libérer avec un bras puissant, Je les prendrai pour peuple et leur donnerai la Terre de Canaan. » Quelques mois plus tard, les Egyptiens subiront les plaies du sang, des grenouilles, des poux, des bêtes féroces, de la peste, des ulcères et de la grêle. De nombreux commentateurs s’interrogent sur le sens de la réponse d’Hachem. Que veut- Il dire par les mots « Moi aussi, J’ai entendu… » ? Est-il possible qu’une personne ait entendu avant Hachem, pour qu’Il dise « Moi aussi, J’ai entendu »?
Il est écrit lors de l’alliance de Ben Abétarim qu’Hachem scella avec Avraham avinou : « Sache que ta descendance vivra comme un étranger sur une terre qui n’est pas la sienne. Elle sera asservie et souffrira pendant 400 ans. » Finalement, Baroukh Hachem, les bné Israël ne subirent les douleurs de l’exil que durant 210 ans. Le Hatam Sofer zal explique que notre peuple bénéficia de ce sursis de 190 ans pour la raison suivante : depuis la création du monde, il n’y eut entre les hommes que haine, jalousie et dispute.
En premier lieu, chez les enfants d’Adam Arichone, Kaïn tua son frère après l’avoir jalousé. Puis le monde s’est rempli de violence et de vols à l’époque de Noah, ce qui entraîna le déluge et la destruction de l’humanité. Ensuite,à l’époque de nos pères, nous retrouvons des confrontations chez les enfants d’Avraham : Itshak et Ischmaël. Puis chez les enfants d’Itshak :Yaacov et Essav, et même chez les enfants deYaacov :Yossef et ses frères. Tant qu’il existait cette haine entre les descendants d’Avraham avinou, le décret des 400 ans d’esclavage se tenait devant Hachem, explique le Hatam Sofer.
Soudain, un homme se leva et déchira cette punition divine. « Moché grandit et sortit voir les souffrances de ses frères. » Nos sages enseignent que Moché rabénou sortait de son palais pour pleurer avec les esclaves. Mais plus que cela, il les aidait autant qu’il pouvait, il portait leur charge…Bien que la tribu de Lévi n’était pas obligé de travailler, et encore moins Moché qui avait été élevé par la fille de Pharaon, il avait décidé de quitter son petit confort et de soulager la peine de ses frères. A travers ce don de soi, il montra ll’exemple à suivre à tout un peuple. Les juifs,qui n’étaient pas habitués à voir cet amour de l’autre, cette solidarité, firent le raisonnement suivant : si déjà cet homme qui n’a aucune raison de venir nous aider fait cet effort, nous qui connaissons cette difficulté devons d’autant plus être à l’écoute des autres et nous entraider. Ainsi,après un certain temps, tous les esclaves travaillaient main dans la main. Celui qui terminait ses briques avant l’autre ne rentrait pas chez lui. Il continuait à faire celles de son voisin pour que lui aussi finisse plus tôt…
Désormais,nous pouvons répondre à la question que nous avons posée. Tant que la haine et l’indifférence résidaient dans le cœur des juifs, Hachem ne pouvait répondre aux prières des bné Israël, et le décret de Ben Abétarim les condamnait à quatre cents ans de souffrances. Puis, Moché Rabénou changea la mentalité et le comportement des bné Israël. Alors Hachem dit à Moché : « Moi aussi, J’ai entendu… » Puisque chaque juif écoute son frère et l’aide, Moi aussi, Je suis prêt à vous écouter. Alors ils méritèrent cette réduction de peine de 190 ans. Grâce aux efforts de Moché rabénou et à la prise de conscience des enfants d’Israël, la punition fut réduite presque de moitié.
Un jour, un homme se présenta au Hatam Sofer et lui dit : « Rav, depuis un certain temps, je n’ai plus de réussite dans mes affaires. J’ai presque tout perdu et je me dirige vers la faillite. Faites-moi une bénédiction, je vous en prie rav. » Le Hatam Sofer zal, se tourna vers lui et lui dit :
_ Je veux bien te bénir, mais laisse- moi te poser une question : as- tu un frère qui habite dans tel quartier ?
_Effectivement. Répondit l’homme.
_Sais tu ce qu’il fait, ce qu’il devient ?
_Rav, la vérité, je n’ai pas le temps de m’occuper de ça avec mes affaires, ma famille…
_Est- ce que tu n’as pas honte ? Ton propre frère demande la charité tous les vendredis pour pouvoir manger à Chabat et tu ne t’intéresses pas à lui ! Comment veux- tu qu’Hachem s’intéresse à toi ?
Comme vous le savez, une grande tempête frappa récemment Israël et en particulier Jérusalem. Pendant le Chabat Vayékhi, de nombreux foyers n’avaient pas d’électricité,et certains n’avaient pas d’eau. De nombreuses personnes se sont trouvées prisonnières dans leur voiture sur les routes, dans le froid. Cependant, dans ces ténèbres et ce froid, les juifs surent montrer leur véritable visage. Des milliers d’actes de Hessed éclairèrent notre ville sainte. Ceux qui avaient du courant invitèrent leurs voisins et leurs familles. Des chaînes humaines s’organisèrent pour accueillir les prisonniers de leur voiture…Une solidarité surhumaine réchauffa le cœur de tous les habitants de notre capitale. Encore une fois, notre peuple a prouvé sa capacité à faire face à la difficulté. Si nous désirons qu’Hachem écoute nos prières et qu’Il nous délivre de cet exil amer,nous devons réussir à vivre avec cette solidarité même dans les moments de paix et d’accalmie. Car c’est en montrant à Hachem que nous vivons comme des frères que nous pouvons annuler tous les décrets et accélérer la venue du Machiah Tsikénou, amen ken yéhi ratson.