A'haré Mot KédoshimItshak NabetVayikra

La faute des enfants d’Aaron

par Itshak Nabet

Cette semaine,nous lirons la paracha d’Akharé Mot ainsi que celle de Kédochim. Puisque le début de notre première paracha rappelle la mort de Nadav et Aviou, nous allons nous aussi revenir sur ce triste événement. Rappelez-vous, la Torah,dans la section de Chémini,nous racontait la mort brutale de deux fils d’Aaron, Nadav et Aviou. Le premier Nissan,alors que le peuple célébrait l’inauguration du Temple portatif, ces deux tsadikim furent consumés par un feu céleste alors qu’ils avaient apporté de l’encens dans le sanctuaire. Nos sages,dans le midrach et les commentaires, ont essayé de comprendre la cause de cette punition. Une des raisons données au nom de Rabi Ishmaël fut qu’ils avaient bu du vin avant d’apporter leur offrande. Rachi zal explique que cette opinion se fonde sur l’injonction de ne pas boire de vin ni d’alcool avant de pénétrer au Temple qu’Hachem fit à Aaron tout de suite après leur mort. Cependant,le Roch zal s’interroge face à ce commentaire. Comment ont-ils pu être puni pour une interdiction qui n’avait pas encore été ordonnée? En effet, puisque ce n’est qu’après leur mort qu’Hachem a interdit de boire avant le Service Divin, pourquoi furent-ils condamnés pour cette faute?

Le Matanot Kéouna zal répondit que tout ce qui est logique n’a pas besoin d’être enseigné par la Torah. Or,il paraît évident que de boire avant de faire le service est un acte un peu grossier. Donc les enfants d’Aaron auraient dû comprendre d’eux-mêmes que c’était interdit. Puisqu’ils ne surent pas se comporter avec cette finesse, ils furent sévèrement châtiés.

Cette réponse nécessite une petite explication. Nous devons savoir que Nadav et Aviou n’étaient pas de simples cohanim, ni simplement les fils d’Aaron. Ils étaient aussi grands que Moché rabénou et Aaron, nous dit le Midrach. Cette faute était l’unique erreur de parcours d’une vie pleine de Mitsvot et de sainteté. Hachem Lui-même témoigne de leur grandeur en disant qu’Il fut sanctifié par ses proches…S’il en était ainsi, comment n’ont-ils pas pu comprendre qu’il ne fallait pas boire avant de faire le Service Divin ?

Il faut donc considérer que cette faute était plus fine qu’il y paraissait. En effet, nous voyons que lors des Yom Tov, les jours de fêtes-Pessah, Chavouot et Soucot- une Mitsva exige de boire un peu de vin pour être joyeux. Les enfants d’Aaron pensèrent ainsi que même pour faire une offrande on pouvait passer par cet intermédiaire pour augmenter son exaltation. D’après ce commentaire, le feu étranger qu’ils apportèrent représente cette joie synthétique que le vin leur donna. Et,malgré leurs bonnes intentions, ils furent punis et Hachem interdit l’alcool aux cohanim. Le Zohar Akadoch explique qu’un homme qui boit se sent plein de gaieté au début, mais,dès que les effets du vin s’estompent,il se remplit de tristesse. Or les cohanim qui doivent toujours être joyeux ne peuvent utiliser cet artifice pour leur service. Ils doivent parvenir à la joie par le simple biais de l’accomplissement des Mitsvot et de leur proximité avec Hachem,qui procure une satisfaction qui ne diminue jamais. Voilà l’erreur de Nadav et Aviou.

Le rav Moché Arié Chlita explique que la différence entre le vin et les mitsvot réside dans la nature de ces deux éléments. Toute chose matérielle est vouée à disparaître, à mourir. Les hommes, les animaux, les végétaux, les minéraux et mêmes les astres sont limités dans le temps. De même,les plaisirs physiques ne durent pas. On se lasse de nos vêtements, voitures, restaurants ou vacances…A l’inverse,ce qui est spirituel est éternel. Un homme peut étudier la Torah des années sans être écœuré une seconde. Nous accomplissons trois fois par jour la même prière sans pour autant en éprouver du dégoût. Au contraire,plus on avance dans le Service Divin et plus le plaisir augmente. Voilà pourquoi le vin laisse place à la tristesse alors que les mitsvot nous remplissent de vie. A notre époque, la déprime est une des maladies les plus virulentes. Une des raisons à cela est que nous courons après des plaisirs éphémères. Nous cherchons un conjoint « présentable », il nous faut la dernière mode, le dernier téléphone… Malgré tout ce qu’on a, un rendez-vous chez le psy relève le plus souvent de la nécessité…

La paracha de cette semaine nous donne le remède à ce fléau. Celui qui veut goûter au vrai bonheur doit comprendre que seule une vie spirituelle peut le lui fournir. Et plus il va s’investir dans la Torah et les Mitsvot, plus il se sentira comblé. Alors, commençons dès à présent cette thérapie qui n’a jamais failli et profitons enfin de la Vie, amen ken yéhi ratson.

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