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« S’affairer » à la Torah

Dans notre paracha, Pinhas, la Torah raconte comment la terre d’Israël fut partagée. Elazar, le cohen gadol, dénombra les juifs par tribu et par famille. En fonction de la quantité de familles et d’habitants par tribu, Hachem distribua la Terre Sainte. Cinq sœurs de la famille de Ménaché demandèrent à Moché d’hériter de la part de leur père Tsélofrade qui n’avait pas eu la chance d’avoir de fils. Hachem accepta et elles héritèrent d’une terre en Israël. Alors Moché Rabénou pensa, dit le Midrach:  » Si ces filles héritèrent de leur père, peut- être que mes enfants pourront, eux aussi, hériter de mon statut de chef spirituel » Il demanda ainsi à Hachem de choisir un successeur pour guider les bné Israël. Hachem lui répondit:  » Celui qui protège le figuier mange les fruits. » Tes fils ne se sont pas affairés à l’étude de la Torah. Yéhochoua, quant à lui, t’a beaucoup aidé: il t’a donné des honneurs. Il fut toujours le premier à arriver et le dernier à partir de tes cours. C’est lui qui mettait les chaises et les bancs en place. Puisqu’il t’a servi de toutes ses forces, il mérite de servir les bné Israël.

De nombreux commentateurs s’interrogent devant ce Midrach (Raba, 21, 14): comment Moché Rabénou pensa-t-il que ses enfants pouvaient être aptes à le remplacer s’ils n’étudiaient pas la Torah? Nous savons qu’il n’y pas de piston ni de succession dans la Torah. Alors comment comprendre la demande deMoché Rabénou?

Pour répondre à cette question, nous allons essayer de comprendre un enseignement du Talmud qui concerne la période de Ben Amétsarim. Il est écrit dans le traité de Yoma (9, b) que le premier Temple fut détruit à cause de l’idolâtrie, du meurtre et des relations interdites. Et pourtant, le traité de Nédarim(81, a) enseigne que personne ne connaissait les raisons qui avaient entraîné l’exil et la destruction du premier Temple. Jusqu’à ce qu’Hachem Soi-même dévoile que les bné Israël furent punis car ils avaient abandonné la Torah. Le Ran explique au nom de Rabénou Yona qu’il est certain qu’à cette époque les maisons d’étude étaient pleines. Car si les gens avaient cessé d’étudier la Torah, sans même demander aux sages et aux prophètes, ils auraient su la raison de l’exil. Ainsi la guémara enseigne que la faute de cette génération était qu’elle ne faisait pas la bénédiction avant d’étudier. En d’autres mots, les sages étudiaient mais la Torah n’était pas importante à leurs yeux.

Le Alcher Akadoch relève une contradiction entre ces deux guémarottes: Finalement, est-ce parce qu’ils avaient transgressé les trois fautes qui sont l’idolâtrie, l’inceste et le meurtre qu’ils furent punis ou parce que la Torah n’était pas importante à leurs yeux? Il répondit à l’aide d’une parabole: Il y avait un roi qui adorait la musique et le violon en particulier. Un jour, il décida de payer un musicien pour animer ses longues journées. Il fit un grand casting et choisit le meilleur virtuose. Celui-ci connaissait toutes les finesses et les nuances de cet art. Il était très apprécié par le roi et devint bientôt un des proches de la majesté. Un matin, des envoyés du pays voisin lui proposèrent une grosse somme d’argent s’il acceptait de raconter les secrets du palais. Ce dernier accepta et commença à divulguer de nombreuses informations à l’ennemi. La garde du roi ne mit pas longtemps à découvrir la taupe. Le violoniste fut jugé et condamné à mort. Cependant, le roi repoussa l’exécution et laissa le violoniste en vie, le temps de lui trouver un remplaçant. Il fit un nouveau casting mais personne ne trouvait grâce à ses yeux. Les mois passèrent et le condamné jouissait toujours de son sursis. Un soir, le roi sentit que la musique du violoniste commençait à sonner faux. Il porta attention aux mains de son musicien et remarqua qu’elles bougeaient anormalement. Il parla au violoniste qui lui avoua qu’il était malade et que rien ne calmait ses crises de tremblements. Le roi appela ses gardes et demanda l’exécution immédiate de cet ancien traître.

Le Alcher Akadoch explique que le Temple fut condamné à être détruit à cause de l’idolâtrie, de l’inceste et du meurtre. Cependant, tant que les bné Israël étudiaient comme il fallait, la Torah les protégeait. Dès qu’ils s’arrêtèrent de s’efforcer de la comprendre, dès qu’elle perdit son importance à leurs yeux, ‎la musique n’était plus la même.‎ Hachem revint sur la punition initiale et détruisit Son Temple.

Un homme qui est le chef d’une entreprise, ou responsable d’un magasin, pense toute la journée à son affaire. Du matin au soir, il vit pour cela. Même lorsqu’il n’est plus au travail, il passe des coups de téléphone sur la route, le soir et le week-end. Et si au milieu de la nuit, il pense à quelque chose, il se lève et l’écrit de peur de l’oublier.

Hachem reprocha aux enfants de Moché Rabénou de ne pas s’affairer à la Torah. Il est évident qu’ils étudiaient la Torah. Ils étaient sûrement les plus sages et les plus instruits puisque Moché pensa à eux pour le remplacer. Cependant Hachem lui dévoila que la Torah n’était pas toute leur vie. A l’inverse, Yéhochoua s’affairait à la Torah! Il était le premier au cours et le dernier à sortir. Il installait les chaises et les bancs, malgré son âge et sa position sociale, afin de ne pas perdre quelques minutes des enseignements de Moché, son rav. Ainsi, même si Yéhochoua n’était pas le plus intelligent, par son amour de la Torah et son dévouement corps et âme, il parvint à devenir le chef spirituel de cette génération.

Nous nous trouvons dans les trois semaines de Ben Amétsarim, entre le 17 Tamouz et le 9 av, dans lesquelles nous portons le deuil du Temple et de Jérusalem. En outre, une des raisons de notre exil provient du manque d’importance que nos ancêtres avaient donné à la Torah. Alors si nous désirons accélérer la délivrance et mériter de voir la reconstruction du Temple, nous devons faire de la Torah notre entreprise, notre principal centre d’intérêt. En réparant la faute de nos aïeuls, nous pourrons enfin accueillir le visage de notre Libérateur amen ken yéhi ratson.

Inspiré d’une dracha de rav Baroukh Rozenblum chlita.

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