Dans la paracha de la semaine, Chémini, la Torah nous raconte l’inauguration du Michkan. Rappelez-vous… Après la faute du veau d’or, Hachem pardonna aux bné Israël le 10 Tichri. Le lendemain, Moché ordonna d’apporter les matériaux afin de construire le Temple portatif. Le 25 Kislev, le travail était achevé. Hachem demanda à Moché d’attendre le mois de Nissan pour inaugurer le Michkan. Le premier du mois de Nissan, après sept jours d’entraînement, Aaron acohen offrit les premiers sacrifices sur l’autel du Temple. Lorsque tout fut disposé, le peuple attendait de voir la Présence Divine résider dans le Michkan. Soudain, un feu descendit du ciel et consuma les sacrifices. Les bné Israël se prosternèrent et se mirent à chanter les louanges du Créateur. A ce moment, nous dit le Midrach, il y eut autant de joie dans les sphères célestes que le jour de la création du ciel et de la Terre.
Et pourtant, c’est à cet instant précis que se déroula un des grands malheurs qui frappa notre peuple, comme il est écrit dans le chapitre dix : « Les enfants de Aaron, Nadav et Aviou prirent leurs pelles et y placèrent du feu et des encens. Ils apportèrent devant Hachem un feu étranger qui ne leur fut pas ordonné. Un feu divin les consuma et ils moururent devant Hachem… »
Nos sages témoignent que les enfants d’Aaron étaient de très grands Tsadikim. De nombreux avis furent donnés pour essayer d’expliquer la faute qu’ils commirent : certains expliquent qu’ils enseignèrent la loi devant Moché Rabénou, d’autres qu’ils avaient bu un peu de vin pour servir Hachem dans la joie, d’autres encore disent qu’ils n’étaient pas mariés, d’autres qu’ils n’avaient pas eu d’enfants… Si les avis sont si nombreux, cela prouve que personne ne peut dire de façon certaine quelle fut leur faute.
Nous devons essayer de comprendre deux choses. Premièrement, pourquoi Hachem n’attendit-Il pas un petit peu pour les punir? Peu importe l’erreur commise, pourquoi transforma-t-Il cette grande fête en tragédie ? De plus, nous rappelons la mort de ces tsadikim, tous les ans lors de la lecture de la Torah de Yom Kippour. Essayons d’expliquer quel lien existe entre cet événement et le jour de Yom Kippour.
Le Maguid de Douvno zal, comme souvent, répond à cette première question à l’aide d’une parabole :
Un homme très riche habitait une ville en piteux état. Il décida donc de déménager pour une contrée plus luxueuse. Il visita plusieurs endroits, puis choisit une des villes les plus belles du pays. Lorsqu’il arriva là-bas, il demanda aux habitants si quelque chose manquait dans cette cité. Ils lui répondirent qu’il n’y avait pas d’hôpital. Le riche réfléchit, puis décida de faire construire un bel établissement de soins. Quelques mois plus tard, toute la ville en célébrait avec faste l’inauguration. Puis le riche parvint à convaincre un des plus grands médecins du monde de prendre la direction de l’hôpital. Lorsque le spécialiste arriva dans la ville, les gens lui firent un accueil grandiose. Le médecin fit un petit discours et demanda s’il y avait un malade parmi les habitants. Un homme de l’assemblée éleva la voix et dit : mon père est alité depuis deux jours, il a besoin d’un traitement. Alors le médecin fit sa consultation et prescrit une liste de médicaments en disant que tout se passerait bien.
Quelques jours plus tard, la ville fut consternée d’apprendre que ce pauvre malade avait quitté ce monde. Le riche alla voir le médecin et lui demanda des explications. A priori, le cas ne semblait pas catastrophique puisque le praticien avait prévu un proche rétablissement. Le médecin regarda le riche et lui répondit: » Je savais que cet homme était condamné. Mais lorsque j’ai vu l’accueil que me firent les habitants, j’ai compris que ces gens pensaient que je pouvais les sauver de toutes les maladies. J’ai eu peur qu’ils ne se protègent pas assez ou qu’ils mangent imprudemment en s’appuyant sur mes compétences. A présent qu’ils savent que je ne peux pas guérir tout le monde, je suis sûr qu’ils vont se protéger comme il se doit. Et s’ils tombent malades malgré cela, je ferai tout ce que je pourrai pour les rétablir. »
Le Maguid de Douvno explique que lorsqu’Hachem inaugura le Temple, un nouveau danger apparut. Les gens pouvaient commencer à fauter en se disant qu’au pire, ils apporteraient des sacrifices afin d’expier leurs fautes. Désormais qu’ils virent que même des tsadikim quittaient ce monde à cause de petits péchés, les bné Israël tremblèrent à l’idée de fauter. Et c’est pour cette raison que nous lisons la mort de ces tsadikim le jour de Yom Kippour. Certaines personnes pourraient penser qu’il est possible de fauter toute l’année et être pardonnées à Yom Kippour. Encore une fois, la mort de ces tsadikim nous rappelle à l’ordre et nous met sur nos gardes.
Il nous arrive souvent de penser qu’Hachem est patient et miséricordieux. On repousse parfois sa Téchouva… Après ses études, son mariage ou encore la retraite… La Torah, cette semaine, nous met en garde. Malgré l’infinie bonté de notre Créateur existe aussi la notion de punition. Cette sanction Divine peut frapper les fauteurs à tout moment. Alors ne jouons pas avec le feu. Ne perdons pas la chance que nous avons chaque jour de faire Téchouva. Comme vous le savez, le temps passe vite. Alors profitons de chaque instant pour nous approcher d’Hachem et faire Sa volonté, amen ken yéhi ratson…