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Aborder Roch Hachanna comme il se doit

par Itshak Nabet

Comme vous le savez, nous sommes entrés dans la dernière semaine de l’année. Jeudi prochain, nous passerons tous devant la Cour Suprême. Les anges « avocats » que nous avons créés grâce à nos Mitsvot cette année plaideront pour nous contre les anges accusateurs, nés de nos fautes. Hachem jugera le monde entier en quelques instants, et décidera du sort de chaque pays et de chacun, comme nous le disons dans la prière de Moussaf : »qui vivra, qui sera en bonne santé, combien d’argent chacun recevra… » Il est écrit dans le traité Roch Hachanna (16,b) au nom de Rav Itshak : » lorsque les enfants d’Israël se comportent comme des pauvres au début de l’année, ils s’enrichissent dans l’année. » Le Chla Akadoch avait l’habitude de dire que le chofar exprime cette idée. En effet, les cornes de bélier sont fines et étroites au début, à l’endroit de la bouche, puis s’élargissent à l’endroit où le son sort. Essayons de comprendre le sens de cet enseignement.

Nous disons dans les Sélihot : » Comme des pauvres et des mendiants nous tapons à Ta porte, à Ta porte nous tapons ô Miséricordieux. » Le rav Naftali Troppe zal s’étonne devant cette prière. Pourquoi répéter que nous tapons à Sa porte? Il répondit qu’il existe deux sortes de nécessiteux. Le premier reçoit une aide de l’Etat qui ne lui permet pas de vivre convenablement. Grâce à cet argent,il peut payer son loyer, l’eau et l’électricité. Mais il lui manque encore un peu pour la nourriture et les autres dépenses quotidiennes. Alors que fait ce pauvre ? Une ou deux fois par mois, il fait le tour des quartiers bourgeois. Notre bon mendiant passe de maison en maison, tape doucement aux portes et récupère quelques euros par-ci par-là. Baroukh Hachem,rapidement il amasse la somme manquante. Mais il existe une autre sorte de pauvre. Celui qui ne reçoit pas cette aide de l’Etat. Lorsque le mois commence, il n’a rien : ni pain, ni loyer, juste une liste de dettes qui ne fait que s’allonger. Son seul espoir est de trouver de bons donateurs pour le sauver. Ainsi,lorsque ce malheureux arrive devant une maison, même si les habitants n’ouvrent pas, il continue à frapper de toutes ses forces. Pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas de choix:sa vie est en jeu. S’il ne trouve pas d’argent, qu’en est-il de sa famille?

De nombreuses personnes s’imaginent que les choses leur sont déjà acquises,et qu’ils bénéficient,en quelque sorte,d’une forme de rente de situation…. Baroukh Hachem, on vit depuis de nombreuses années, alors pourquoi pas encore une année de plus? On a une femme, des enfants, une situation…Roch Hachanna représente pour ces gens une possibilité de demander un peu plus. Un travail un peu plus gratifiant, une maison un peu plus grande, plus de réussite dans tel domaine…Une personne qui vient à Roch Hachanna avec cet esprit ne pourra pas prier Hachem comme il se doit. » Car il frappa à la porte tout doucement. Finalement,même si Hachem n’écoute pas mes prières, la vie continuera, » se dit-il. Rav Itskhak nous enseigne que celui qui veut réussir son jugement doit se présenter à Roch Hachanna comme un pauvre qui ne possède rien. Nous devons supplier Hachem de nous laisser la vie encore un an, d’épargner nos familles, de pouvoir conserver la possibilité de manger, de faire les mitsvot… »Si un homme vient avec cet état d’esprit,il arrivera à prier de tout son cœur et ses prières seront acceptées », explique Rachi sur place.

Lorsque nous nous arrêtons un instant sur l’année qui s’achève, nous pouvons constater à quel point la vie est précaire. Combien d’êtres chers nous ont quittés? Combien d’événements tragiques? Alors que la guerre et la crise sont à nos portes, qui ne tremble pas en ce Roch Hachanna? Nos sages nous enseignent que c’est avec cette crainte que nous pouvons provoquer la miséricorde divine et annuler tous les décrets négatifs.

Le rav Loupian zal disait à ses élèves que lors de la semaine précédant Roch Hachanna, nous avons la possibilité de réparer toute l’année. Ainsi ce vendredi, nous pouvons réparer tous les vendredis de l’année. Ce Chabat, tous les Chabats…Essayons de comprendre comment sept jours peuvent en sauver 348.

Le Maguid de Douvno raconte qu’un roi préparait une grande fête pour son anniversaire. Il demanda à son bijoutier de lui fabriquer un verre très spécial pour cette occasion. Il lui donna un an de délai, carte blanche pour utiliser les plus belles pierres précieuses du trésor royal et lui paya une année de salaire d’avance. Le bijoutier savait qu’il ne fallait pas plus de trois mois de travail pour confectionner même le plus beau verre de l’histoire. Il commença par profiter de cet argent pour visiter le monde. Il voyagea au Nord puis au Sud…Se logea dans les plus luxueux hôtels et ne se priva d’aucun plaisir.

Quelques mois plus tard, il rentra chez lui sans un sou. Il dut travailler un peu pour vivre, et les mois passèrent sans qu’il ait commencé le travail du roi. Un mois avant la fête royale, l’organisateur l’appela pour lui demander d’apporter le verre. Le bijoutier se rappela son contrat,mais trop tard. Il était désormais impossible de fabriquer le verre. Cependant, il ne se découragea pas. Il alla au palais, prit de l’or et des pierres précieuses et fabriqua un magnifique petit verre de 7 cm de hauteur. Il l’emballa de plusieurs papiers cadeau et le présenta au roi lors de la cérémonie. La majesté ouvrit les paquets et observa le petit gobelet,rouge de colère. « Où est mon verre? » dit-il à l’orfèvre.
« Je vous en prie,ô Roi, veuillez admirer la qualité du travail. »
Le roi regarda le petit verre, et constata qu’il n’avait effectivement jamais vu un travail aussi fin… » Mais où est mon verre ? »répéta-t-il.
« Seigneur, présentez cet objet à votre cour » demanda le bijoutier en tremblant.
Les nobles observèrent le tout petit verre et furent éblouis par sa beauté.
« Mais ce n’est pas du tout ce que nous avions conclu! » reprit le roi.
« Votre Majesté, je dois vous avouer une chose. Lorsque je suis sorti du palais l’année dernière, je suis parti visiter le monde. J’ai dépensé tout mon salaire annuel. Puis j’ai dû travailler pour vivre et j’ai complètement oublié de faire le verre du roi. Cependant, votre majesté, si vous me laissez encore un an, je m’engage à vous apporter ce petit verre en grand.

L’année s’achève. Nous avons tous imité ce bijoutier. Nous avons pris la vie qu’Hachem nous a donnée et en avons largement profité. A quelques jours du banquet royal, notre dernière chance est d’apporter ce petit verre à Hachem. De profiter de chaque prière, de ce dernier Chabat, de chaque minute qui nous reste pour accomplir la volonté du Patron comme nous le pouvons. Afin de supplier Hachem qu’Il nous laisse encore un an pour lui confectionner ce verre qu’Il désire tant. Alors ne perdons pas cette dernière chance…

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