BéréchitItshak NabetParacha

Le secret du service divin

par Itshak Nabet

Dix générations se sont succédé depuis la création du monde, lorsqu’Hachem décida de détruire la majorité de l’humanité. Pourquoi une résolution si radicale? Nos sages nous enseignent que les êtres vivants (hommes et animaux) s’étaient dégradés sexuellement et s’accouplaient avec d’autres espèces ou entre mâles. Le meurtre, l’idolâtrie et le vol remplissaient la Terre, ce qui obligea Hachem à en éliminer toute trace de vie. C’est dans ce contexte qu’un homme, qui s’appelait Noah, trouva grâce aux yeux du créateur.

La Torah dit de lui qu’« il était juste et intègre dans sa génération ». Rachi zal cite une discussion midrashique sur le sens de ce verset. Certains expliquent que c’est une louange. En effet, si Noah avait appartenu à une génération de justes, il aurait effectué un service divin encore plus raffiné. D’autres pensent que la Torah est venue diminuer son éloge: seulement dans cette génération, il était considéré comme tel. Mais s’il avait appartenu à celle d’Avraham avinou, qui était plus élevée spirituellement, il n’aurait pas été considéré ainsi.

De nombreux commentateurs, et notamment l’admour Yoel Teitelbaum zal, s’interrogent sur cette interprétation. Comment expliquer cette phrase comme une critique à l’encontre de Noah alors que la Torah elle- même témoigne de son intégrité?

Un jour, Rabi Haïm Vital zal, l’élève du Ari zal ,demanda à son maître: »comment pouvait-il dire que son âme était si élevée alors que ses actions n’égalaient pas celles des sages des générations peécédentes? » Il lui répondit: « sache que la grandeur d’une personne dépend de sa génération. De petites actions à notre époque (1572) sont équivalentes à de nombreuses mitsvot effectuées par les maîtres qui nous ont précédés, car, à notre génération, les forces du mal se sont renforcées énormément, ce qui n’était pas le cas auparavant. Et si tu étais en ces temps, tes actes et ton savoir dépasseraient ceux des Tsadikim d’antan »

Grâce à cet enseignement, nous pouvons désormais répondre à notre question. En vérité, il n’y a pas de discussion entre ces deux avis. Chacun dévoile une réalité et une approche différentes: Le premier nous enseigne que Noah aurait été encore plus Tsadik s’il avait vécu à l’époque d’Avraham avinou. En effet, ce dernier avait dévoilé le nom d’Hachem sur Terre, et de nombreuses personnes adoptaient les idées et les valeurs de notre religion. Avec des conditions aussi favorables, Noah aurait pu servir Hachem encore mieux et son développement spirituel aurait été tout autre. Comme nous le savons, l’influence de notre environnement et de nos familles intervient considérablement dans notre évolution religieuse.

Le second avis vient nous apprendre que la valeur de nos actes est évaluée en fonction de la génération. Effectivement, si Noah avait servi Hachem de la même manière à l’époque d’Avraham, ce service aurait été sûrement banal. Seulement Noah ne vivait pas à cette époque. Il dut s’attacher au Créateur dans un monde qui n’offrait pas de place à Dieu, où le seul but était le profit individuel, le vol et la recherche des plaisirs, l’hédonisme… Même si ce service n’était pas parfait, la Torah considère Noah comme un tsadik intègre.

Le mauvais penchant essaye souvent de nous décourager dans notre engagement spirituel. La Torah vient nous dévoiler une arme pour lutter contre ces arguments. C’est vrai que notre service divin n’est pas parfait: on prie sans ferveur, on n’est pas tsniout comme il le faudrait. Le Chabat, on commet des erreurs… Mais une chose est certaine: dans l’obscurité qui a envahi le monde depuis un siècle, chaque petite Mitsva a une valeur inestimable aux yeux d’Hachem. En effet, jamais la morale n’est bafouée comme aujourd’hui: la débauche s’affiche dans les rues sans aucune honte, les drogues sont banalisées et le rejet du monothéisme a laissé place à de nouvelle théories dont le seul but est la recherche des loisirs. Dans ces conditions, nous pouvons être sûr que nos efforts spirituels seront récompensés…

Alors, prenons conscience de la valeur de notre service divin et ne perdons pas espoir. Car c’est dans notre génération que nous pouvons devenir des grands avec un peu d’investissement. Prenons exemple sur Noah qui a su se démarquer de ses contemporains et devenons, nous aussi, les tsadikim de notre génération afin de mériter la délivrance dans les meilleures conditions amen.

Articles Liés

Voir Aussi
Fermer
Bouton retour en haut de la page