BéréchitItshak NabetParacha

La louange de Sarah

par Itshak Nabet

Au debut de notre paracha Hayé Sarah, la Torah nous annonce la mort de Sarah iménou et s’ouvre sur ce verset: «Voici les années de Sarah, la vie de Sarah fut de 127 ans. Telles furent les années de vie de Sarah. » Nos sages expliquent que cette répétition nous apporte de nombreux enseignements. L’un d’entre eux, nous dit Rachi zal, est que toutes ses années furent bonnes. A priori, ce commentaire est étonnant. Comment peut-on dire que les années de sa jeunesse furent aussi douces que celles de sa vieillesse? Pendant plus de 70 ans, elle n’a pas d’enfant. Elle se fait capturer deux fois, par Pharaon puis par Avimelekh. Elle connut la pauvreté pendant son voyage d’Irak en Israël. Enfin, elle donna sa servante à son mari et vécut presque 15 ans sans enfant après la naissance d’Ichmael. Alors comment Rachi zal peut-il dire que toutes les années de souffrances de Sarah étaient aussi douces que ses 37 dernières années, qu’elle vécut avec son mari et son fils, paisiblement ?

Il est écrit dans la paracha qu’Avraham est venu prononcer une oraison funèbre à sa femme. Cependant la Torah ne précise pas les paroles de notre ancêtre. Le Midrach Tanhouma indique que cet Espèd était le texte d’Echet Hayil que nous lisons tous les vendredi soirs avant le Kidouch. Le Midrach explique comment chaque verset correspond à une louange de Sarah. Ainsi, dans le dernier qui représente la louange la plus importante, « elle est louée pour ses actions. » c’est à dire que tous ses actes étaient appréciables.
Le rav Scmouellowitch zal s’étonne devant cette oraison funèbre. Si Avraham devait conclure sur la louange la plus grande, il aurait dû dire que Sarah avait rapproché des milliers de femmes du service Divin, ou qu’elle avait atteint un niveau de prophétie encore plus élevé que le sien, ou encore qu’elle eut le mérite de mettre au monde un fils tsadik, Itshak, qui fut prêt à donner sa vie pour Hachem. Alors pourquoi Avraham termina cet ultime hommage sur le fait que tous ses actes étaient appréciables ?

« La vie est faite de montées et de descentes », répondit ce rav. Par exemple, lorsqu’arrive le mois d’Elloul et de Tichri, nous sentons tous des forces et une volonté de nous engager dans le service Divin. Nous désirons étudier plus, prier mieux, respecter davantage notre famille et nos amis. Et pourtant,quelques semaines plus tard, nous sentons un relâchement dans nos Mitsvot. L’envie n’est plus la même. Nos vies sont en effet une suite de hauts et de bas. La Torah, dans la paracha Choftim, ordonne au roi de posséder deux Sifré Torah, un qu’il laisse chez lui et un petit qu’il devra toujours garder avec lui. Il devra le lire tous les jours de sa vie, nous dit la Torah, afin qu’il craigne Hachem et qu’il garde les Mitsvot. Le seul moyen d’avancer et de se rapprocher d’Hachem est de travailler tous les jours de sa vie, avec la même intensité. Si un homme veut chauffer quelques litres d’eau dans une bouilloire, il faut allumer le koumkoum un petit quart d’heure. Mais si notre ami doit faire une course au bout de cinq minutes et se voit obligé d’éteindre, puis qu’à son retour, il la rallume, l’éteint de nouveau… Même après quelques heures, l’eau ne chauffera pas. Pour la simple raison qu’il ne suffit pas de 15 minutes discontinues, mais d’un quart d’heure sans interruption.

Le traité de Kétouvot (62,b) raconte que lorsque Rabi Akiva épousa sa femme, il partit douze années consécutives étudier la Torah comme c’était la coutume à l’époque. A son retour, il était maître de 12000 élèves. Lorsqu’il s’approcha de la maison, il entendit sa femme parler avec un vieux monsieur, raconte la Guémara. » Jusqu’à quand vivras-tu comme une veuve? » lui demanda l’homme. Sa femme lui répondit que si son mari l’entendait, elle lui dirait de rester encore douze années de plus. Rabi Akiva, de suite, fit demi-tour et retourna à la Yéchiva encore douze ans. Encore une fois, le rav Scmouellowitch zal s’interroge : pourquoi Rabi Akiva ne rentra-t-il pas cinq minutes pour dire bonjour à sa femme ? Nous retrouvons la même idée. Deux fois douze ans ne font pas vingt-quatre ans consécutifs. Le seul moyen de s’élever réellement dans le service Divin est de travailler dans la durée sans interruption.

Désormais, nous pouvons comprendre le sens de cette dernière louange. Avraham témoigna que Sarah était constante dans la Torah, dans sa prière, dans sa volonté de se rapprocher et de rapprocher les autres d’Hachem. Malgré les années de souffrance et d’attente, elle servit tous les jours son Créateur avec la même ardeur et la même conviction. Il est évident que cette continuité paraît très loin de nous. Cependant nos sages ont dit que tout celui qui dit trois fois par jour Achré Yochvé Bétéra mérite le monde futur. En d’autres mots, celui qui prend une Mitsva, même aussi facile que dire trois fois par jour ce psaume, et qui s’y applique tous les jours de sa vie, avec continuité, mérite le monde futur. Voilà comment nous devons essayer de respecter l’enseignement de cette paracha. Chacun possède une mitsva qu’il aime faire en particulier. A nous d’essayer de bien connaître les différentes lois qui nous sont propres, afin de les observer à la perfection, tous les jours de notre vie, et de mériter le monde futur, amen ken yéhi ratson.

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