Comme vous le savez, nous célébrons depuis quelques jours la fête de Hanouka. La Guémara,dans le traité Chabat (21, b), demande: « Qu’est ce que Hanouka? » Rachi zal explique que la question du Talmud est: « Pour quel miracle a-t-on institué cette fête? » Est-ce pour le miracle de la victoire contre les Grecs? N’oublions pas qu’avant la victoire des Cohanim, la situation des juifs était catastrophique. Le Ramban zal enseigne que,sans leur intervention, la Torah et les Mitsvot auraient été oubliées. En effet, tout juif qui faisait la circoncision, qui étudiait ou qui faisait Chabat était tué sur place. Pendant des dizaines d’années, les juifs durent s’exiler dans des grottes ou des forets pour pratiquer la Torah. Alors qu’une grande partie de la population s’hellénisait à grande vitesse, une famille de Cohanim décida de mourir pour Hachem. Rachi zal,dans Vézot Abérakha (33,11) enseigne que les Hachmonaïm étaient 13!! Ces treize Tsazdikim étaient des personnes très faibles,comme nous le disons dans la prière: » Tu donnas les forts entre les mains des faibles. » Il est en effet évident qu’un homme qui vit pourchassé par des ennemis ne peut se nourrir normalement, dormir convenablement…Ainsi,ces 13 Cohanim se présentaient comme des individus très diminués physiquement. Et pourtant,Hachem livra ces dizaines de milliers de guerriers grecs armés jusqu’aux dents entre leurs mains. Entraîna la fuite de l’envahisseur, la fin des décrets et le retour du service au Temple. Après plus de 250 ans de colonisation (Babel, perse et grecque) les juifs retrouvent leur indépendance.
Ou est-ce pour le miracle de la fiole d’huile? Les Cohanim,après la guerre, retournèrent au Beth Amikdach. Ils virent le Temple souillé de graisse d’animaux interdits, et que des statues de dieux étrangers avaient été placées sur l’autel…Ils nettoyèrent, purifièrent et commencèrent à reprendre le service dans la mesure du possible. Ils construisirent une Ménora en bois et trouvèrent par miracle une fiole d’huile pure pour un jour. Ils allumèrent la Ménora en attendant de ramener de la nouvelle huile pure. Et,comme vous le savez, les lumières brillèrent huit jours.
La guémara répond que les sages instaurèrent les jours de Hanouka pour célébrer le miracle de la petite fiole qui brilla huit jours.
Le rav Haïm Chmoullowitch zal s’étonne de cette réponse. Comment pouvons-nous comprendre que ce miracle,qui n’avait finalement aucune utilité, ait pu être plus important que celui de la guerre? Si les Cohanim avaient dû allumer de l’huile impure en attendant la nouvelle huile, est-ce que la joie de la libération aurait été diminuée? N’est-ce pas grâce au miracle de la guerre que nous sommes là aujourd’hui à pouvoir étudier, prier, faire Chabat…?
Pour répondre à cette question, revenons un instant sur un des événements de la paracha Vayéchève. Yosef Atsadik a été vendu par ses frères à des commerçants arabes qui se rendaient en Egypte. La Torah précise qu’ils vendaient des arômes et des herbes pour parfumer. Les sages expliquent que la Torah donne ce détail car il s’agissait d’un miracle. Les commerçants arabes ne vendaient que des peaux et du goudron dont l’odeur est répugnante. Ce même rav Choullowitch zal dit: « Yossef à ce moment est en train de vivre le pire des cauchemars. Ses frères ont voulu le tuer, et finalement, décidèrent de le vendre pour quelques pièces d’argent en tant qu’esclave. Il se dirige vers l’Egypte, le pays de l’impureté. Que va-t-il devenir? Reverra-t-il un jour son père? Pourquoi Hachem lui inflige-t-il une telle épreuve? Se peut- il qu’à un moment aussi critique,Yossef soit consolé parce qu’il y a un peu de parfum dans son chameau? »
Il répondit que Yossef se trouvait au fond du trou, au bord du désespoir. Soudain, il leva les yeux et vit ces parfums. Depuis quand les Arabes vendent ils des encens? Il comprit qu’Hachem avait accompli un miracle. Cette intervention divine ne changea pas sa situation. Mais elle venait lui dire; » tu n’es pas tout seul! Je suis avec toi, nous allons descendre main dans la main. » Ainsi,il existe deux sortes de miracles,ceux qui sont nécessaires et ceux qui n’ont pas d’utilité en soi, si ce n’est que de montrer à la personne qu’Hachem est à ses côtés.
Lorsqu’un père achète de la nourriture ou des vêtements à ses enfants, cet acte ne prouve pas qu’il les aime car il est obligé de s’occuper de sa progéniture. Cependant, lorsqu’il leur achète des cadeaux, il dévoile son amour pour eux. Ainsi le miracle à l’égard de Yossef venait prouver sa compassion pour lui.
Désormais,nous pouvons comprendre pourquoi nos sages instituèrent la fête de Hanouka sur le miracle de la fiole d’huile. Comme l’a enseigné le Ramban zal, sans les Hachmonaïm, il n’y aurait plus de Torah et de Mitsvot. Ainsi, Hachem « était obligé » de sauver nos ancêtres et de faire un miracle pour cela. Cependant, cette intervention divine ne prouvait pas son amour pour nous. En outre, lorsque les Cohanim virent la Ménora briller pendant huit jours, ils comprirent qu’Hachem les avait sauvés par amour. Ainsi, nous fêtons Hanouka pour ranimer cette flamme qui nous lie à Lui. Pendant ces quelques jours, nous devons chercher cette petite fiole qui se cache en nous. Tous les miracles dont Hachem nous gratifie au quotidien par amour pour nous… Chaque juif possède son sac, ses épreuves, ses difficultés…Mais même dans l’obscurité la plus totale, Hachem se tient avec nous et nous aide. A l’image de Yossef, nous devons regarder autour de nous et remercier Hachem pour la vie qu’il nous redonne chaque jour, pour la santé, la famille, la réussite…Voilà un des messages de cette fête.