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Une bâtisse en feu 

par Jeremy Cohen

Le Midrach Berechit Raba (39,1) : Rabbi Itshak donne un Machal, une parabole :

Imaginons quelqu’un qui va d’un endroit à l’autre et voit une construction en feu, il dit : va t-on dire que cette construction n’a pas de gérant, de dirigeant ?

C’est alors que le dirigeant l’observe et lui dit : « c’est moi qui suis le propriétaire de cette construction ».

Cela image l’étonnement d’Avraham notre ancêtre qui s’est demandé :  » comment peut on dire que ce monde n’a pas de dirigeant ? (il en a forcément un !) alors Hashem l’observe et lui dit c’est bien moi qui le dirige ! c’est ce que le verset relate en disant : » Hashem parle à Avraham « .

Pourquoi Avraham doit voir dans notre monde une construction en feu, cela ne suffit pas d’y voir une belle bâtisse où tout y est harmonieux pour se questionner et rechercher son propriétaire ?

Qu’est ce que le feu vient nous apprendre ?

Pourquoi Avraham cherche un dirigeant et pas un créateur ?

Avraham comprend que le monde est plein de vitalité, cette vitalité se renouvelle à chaque instant. Comme le feu qui est constamment nouveau, qui tient sa force en brûlant de la matière à chaque instant, et donc en renouvellement permanent.

Peut-être bien qu’il y ait un créateur qui ait réalisé une bâtisse harmonieuse certes, mais pourquoi est-ce qu’il continue de manière permanente à renouveler à chaque instant l’énergie et la vitalité du monde entier ?

Tel est l’étonnement d’Avraham, la seule conclusion possible c’est que le monde a non seulement un architecte et un constructeur mais aussi un dirigeant, qui est dynamique et qui observe et gère son monde et ses créatures, vu qu’à chaque instant il décide de renouveler la vitalité et l’énergie du monde, de tout.

Comme ce que l’on dit dans le yotser : « qui renouvele par sa bonté, tous les jours, tout le temps »

Le Beth Halevi nous explique que Hashem a innové à chacun des six jours  de la création, après le monde est renouvelé à chaque instant, sur le même modèle que les six premiers jours. C’est ce que la Torah dit dans le terme de « וישבות  » traduit généralement par « il s’est reposé, il n’en est rien.

Il s’est » reposé » uniquement d’innover mais renouvelle le monde à chaque instant. Le terme de Chabat est donc le repos de l’innovation.

Mon maître Rav Yaacov Deutsch explique ainsi que les travaux de chabbat qui sont interdits, ce sont tous des innovations.

Hashem a innové les 6 jours, après il a arrêté d’innover, nous aussi nous m’innoverons pas le chabat. Cela témoigne donc de la création du monde et de toutes les innovations Qu’Hachem a faites les six premiers jours.

Hashem a certes arrêté d’innover mais renouvelle le monde qui est fait d’énergie et de vitalité.

Cette réflexion marque le début du parcours d’Avraham de ramener à Hashem ce qui lui appartient, c’est à dire tout, c’est le début de la התבטלות, de l’annulation personnelle que Avraham va formuler tout au long de sa vie.

Face à cela Hashem va veiller sur Avraham et sa descendance, c’est le terme מציץ, utilisé par le Midrach, Hashem qui va l’observer, c’est à dire veiller, jusqu’au comble de la Émouna d’Avraham (qui est Avraham Haïvri lui d’un côté et l’autre monde de l’autre côté) lorsqu’il ne bouge pas d’un iota de sa fidélité vers Hashem et se jette dans la fournaise, à ce moment là, Hashem le sauve, et la bénédiction que l’on récite tous les jours Maguen Avraham est récitée par les anges à ce moment là.

Avraham va avec cette Emouna contre tout, alors que la Avoda zara  règne à l’époque.

La Avoda zara qui est symbole de laisser aller et de se donner bonne conscience avec une religion « Light ».

Le talmud dans Sanhédrin 63b explique que les juifs ont toujours su et compris qu’il n’y avait rien dans la avoda zara, que cela ne voulait rien dire, mais ils l’ont pratiqué uniquement pour se permettre publiquement les relations interdites.

Analysons ce phénomène : intellectuellement la avoda zara c’est bidon, mais on va se forcer à y croire pour pouvoir donner libre cours à ses envies.

Hass vechalom que la avoda zara n’existe plus ! La Torah se lit à toutes époque !

Elle n’existe plus dans sa forme initiale, mais son esprit existe bien évidemment !

Nous demandons tous les jours à Hashem de détruire la avoda zara dans « alenou lechabeah ».

La avoda zara moderne est le relâchement du joug divin, exactement ce que souhaitaient faire ceux qui pratiquaient la avoda zara à l’époque, pour être libre des mitsvot.

Ce qui se joue avec la Emouna c’est de savoir quoi faire avec notre connaissance intellectuelle, être un roc comme Avraham, sinon on peut basculer vers la avoda zara, se donner bonne conscience avec quelques bagatelles au lieu d’aller de l’avant avec sa Emouna quitte à aller à contre sens avec la société, ce qu’a fait Avraham.

Le Ramban (Chémot 13,16) explique que toutes les mitsvot sont là pour développer la Emouna et remercier Hashem de nous avoir créés.

C’est donc un travail de toute une vie de vivre sa Emouna et d’aller de l’avant avec elle !

 

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