BéréchitItshak NabetVayigach

Le prix de nos plaintes

Nous vivons, dans cette avant-dernière paracha du sefer Béréchit, la fin de l’épopée des avots. Toute la famille de Yaacov est descendue en Egypte, accomplissant ainsi la prophétie dévoilée à Avraham alav achalom. Même si cet exil aboutira à un lourd esclavage de 210 ans, pour l’instant la situation est tout autre. Yossef dirige la première puissance économique mondiale. Les enfants d’Israel sont accueillis de la plus belle manière qui soit.

Comme nous l’avons déjà dit, la Torah n’est pas un livre d’histoire. Chaque mot, chaque événement possède un grand nombre d’enseignements. Pourtant, il est rapporté lors de la rencontre entre Yaacov et Pharaon un dialogue qui semble vide de sens. »Quel âge as-tu? »Demanda Pharaon frappé par l’apparence du tsadik. « J’ai cent trente ans: peu nombreuses et mauvaises furent les années de ma vie, je n’ai pas atteint la longévité de mes pères. » Quel message devons- nous retirer de ce texte?

Dans leur commentaire sur ce passage, les Baalé Tosfot citent le midrach suivant: lorsque Yaacov répondit à Pharaon, Akadoch Barouh Hou proclama: » Je t’ai sauvé d’Essav et de Lavan, Je t’ai rendu Dina et Yossef, et tu décris tes années comme mauvaises. Je jure que je vais compter les mots qui sont sortis de ta bouche et je vais t’enlever une année par mot. Ton père a vécu 180 ans, tu vivras 147 ans. »

Nos sages nous expliquent que même si la réponse de Yaacov ne compte que 25 mots, il faut ajouter les huit mots de la question de Pharaon afin d’atteindre les 33 ans annoncés par le midrach. Puisque c’est l’air fatigué et triste qui entraîna l’étonnement du roi d’Egypte, même cela fut reproché au tsadik.

Voila la leçon terrifiante de cette rencontre. La Torah nous enseigne que même si un homme connaît les épreuves de Yaacov avinou, il n’a pas le droit de se plaindre. Et plus encore, il doit paraître souriant et heureux! Comment est-ce possible? Pouvons-nous rester insensibles aux événements qui nous arrivent? Le machgia’h de notre yéchiva, le Rav Yossef Bentata chlita répondit à ces questions en ces termes: « Nous devons savoir que chacun possède la vie qui lui convient le mieux. Hachem nous envoie exactement ce dont on a besoin: rien n’est laissé au hasard. Notre famille, notre parcours scolaire, nos rencontres… chaque détail a été choisi afin de favoriser notre évolution spirituelle.

Même nos problèmes ont été évalués et distribués avec une grande précision. » A tel point que le Schla Akadoch zrouto yagen alénou disait que si chacun prenait une feuille et écrivait tout ce qui n’allait pas dans sa vie, si on s’amusait à prendre les papiers de tout le monde et qu’on demandait à chacun de choisir la liste qui le dérangeait le moins, on verrait chacun prendre sa propre feuille. Car le monde est ainsi fait. Hachem a taillé un costume sur mesure à chacun. Le problème, c’est qu’on passe notre temps à regarder la vie de nos amis, les enfants de nos voisins… et on s’imagine que ce serait mieux si on avait telle ou telle chose…

Un homme peut ainsi perdre de nombreuses années de sa vie à remettre en question sa femme, son travail, sa situation au lieu de remercier le créateur pour tout ce qu’il possède. De plus, lorsqu’un homme se plaint, cela signifie qu’il subit une injustice, qu’ Hachem ne se comporte pas avec lui comme il le mérite. Or le midrach nous montre que dans un cas comme celui- ci, le Beth Din d’en haut ouvre ses dossiers et vérifie s’il n’y a pas d’erreur ou d’oubli. Si sa requête est fondée, on le paie sur le champ. Mais si on s’aperçoit qu’il se plaint pour rien et qu’en plus il bénéficiait de nombreux bienfaits dont Hachem l’avait gratifié, la justice divine donne à cette personne de quoi se plaindre et lui retire ce qui avait été octroyé. A l’inverse, celui qui remercie Hachem pour tous les bienfaits qu’Il lui procure, alors, mesure pour mesure, on lui fournit d’autres possibilités de le remercier.

Ceci, mes amis, n’est pas du moussar ou de la Hassidout! C’est la véritable vision du monde. Celle qui peut offrir à chacun le paradis sur Terre. Car c’est en prenant conscience des richesses que l’on possède que nous pourrons être vraiment heureux et réaliser à quel point notre vie est parfaite. Bien entendu, afin d’arriver à ces niveaux, il faut effectuer un travail quotidien. Il faut apprendre à remercier sur chaque chose, chaque détail de notre journée. Le rav Arouch Chlita conseille à chacun de prendre un carnet et d’inscrire chaque jour tous les bienfaits qu’Hachem lui a concédés. Ne pensez pas qu’il s’agit de philosophie! Des centaines de personnes ont vu des miracles en prenant sur eux de remercier Hachem chaque jour. Certains ont guéri de maladies incurables, d’autres ont eu des enfants après de longues années…

Voila peut être pourquoi la paracha Vayigash tombe toujours pendant la période de Hanoukka. Nous avons remercié Hachem pendant huit jours pour les miracles qu’Il a attribués à nos ancêtres. Cette paracha nous incite à continuer de louer le créateur pour tous les miracles qu’Il nous procure. Ainsi remplirons-nous nos vies de la joie qui a été la nôtre pendant cette fête de hanoucca et nous transformerons chaque jour de semaine en jour de fête.

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