Notre paracha Vayé’hi raconte les derniers jours de Yaacov avinou en Egypte. Avant de quitter ce monde, il appelle son fils, Yossef, pour lui demander de l’enterrer en Terre Sainte. Il déclare que Ménaché et Efraïm, les enfants de Yossef, sont des tribus à l’égal de Réouven et Chimon. Ensuite, il donne la bénédiction réservée au fils aîné à Efraïm, le cadet. Enfin, il rassemble ses fils pour les bénir. A chaque tribu, il offre une bénédiction qui l’accompagnera jusqu’à la venue du Machiah békarov. Alors qu’il prépare son départ et s’apprête à bénir Efraïm et Ménaché, Yaacov annonce à Yossef : » Je n’aurais jamais rêvé de te revoir,et aujourd’hui Hachem me permet de voir même tes enfants. » A priori, ce verset paraît plus qu’étonnant. Que vient faire cette phrase en plein milieu de cette paracha qui n’est que prophétie pour les enfants d’Israël? Et plus que cela, que veut nous enseigner la Torah ici?
A la fin du traité de Makot (24, a), la guémara enseigne comment, de génération en génération, les cœurs se sont rétrécis et les forces spirituelles ont décliné. Au début, nos ancêtres arrivaient à vivreavec les règles et les enseignements qu’ils puisaient des 613 Mitsvot. Puis à l’époque de David Amelekh, alors que les juifs ne pouvaient plus se comporter à un tel niveau, il réduisit ces bases à 11 Mitsvot qui englobaient les 613 Mitsvot. Ensuite, le prophète Mikha condensa l’ensemble des Mitsvot en trois grandes catégories. Enfin, Habakouk le prophète fit tenir la Torah sur une Mitsva, la foi, comme il est écrit: » le Tsadik vit sur sa foi. » Il existe bien évidemment de nombreuses façons de comprendre cette guémara qui paraît très abstraite. Un des sens simples que nous donne le rav Chlomo Bravda zal est le suivant: « l’ensemble de la Torah repose sur une base très fragile qui se nomme la foi. Plus un homme vit avec cette croyance qu’il existe un Patron qui gère tout, qu’il n’existe pas de hasard…plus ce juif a de force pour accomplir les autres Mitsvot. « Cela ne suffit pas de croire en Dieu et de faire les Mitsvot. Le tsadik est celui qui vit avec cette foi. Chaque jour, nous sommes confrontés à des difficultés, petites ou grandes, dans notre couple, avec l’éducation de nos enfants, avec notre entourage, dans notre travail…vivre avec notre foi, c’est arriver à vivre en pensant que tout vient de Lui.
Dans la paracha Hazinou (32,15), il est écrit: » Il s’est engraissé Yéchouroune et a donné un coup de pied. Tu t’es engraissé, tu t’es détourné d’Hachem et tu dénigras le rocher, ton Sauveur. » Le Gaon de Vilna explique que ce verset nous enseigne quel est le danger de celui qui ne vit pas avec cette foi. Lorsqu’un juif réussit dans les affaires ou dans n’importe quel domaine, alors, automatiquement, « il se détourne d’Hachem ». C’est à dire qu’il commence à penser qu’il est bon, qu’il est plus intelligent que les autres, par son travail ou dans sa famille…Dans un premier temps, cette pensée reste dans son coeur. Quelques mois plus tard, « tu dénigreras ton Sauveur », il commence à dire à sa famille que personne n’est plus malin que lui, ou plus doué dans ce domaine que lui. En d’autres mots, la Torah nous parle d’un homme qui fait dépendre sa réussite personnelle de ses mains et de son cerveau. Quel problème y a-t-il à parler ainsi?
La Torah continue: « Ils ont provoqué Sa fureur avec des dieux étrangers et ils Le mirent en colère avec des immoralités. Ils sacrifièrent leurs enfants à des démons… » Moché Rabénou nous enseigne qu’un juif, qui fait dépendre sa réussite de lui, peut tomber vers les plus grandes fautes qui sont l’idolâtrie, l’inceste et le meurtre!! Comment est-ce possible? Habakouk nous dévoila le secret: dès qu’un homme s’écarte de la foi que Tout vient d’Hachem, y comprit sa réussite, tout l’édifice est ébranlé. Ses Mitsvot sont de plus en plus faibles. Il s’écarte des chemins d’Hachem et se perd.
Nous vivons dans une société plongée 24h/24h dans les informations. Les téléphones sonnent toutes les dix minutes pour nous dire ce qui se passe dans tel pays ou ce qu’à déclaré tel politicien. Lorsque nous lisons cela, nous avons l’impression qu’il n’y a pas de Patron! Que le monde dépend des décisions du Président des Etats-Unis ou de Bibi…Et nous sommes affaiblis dans notre foi. Nous oublions que les Arabes et toutes les souffrances qui nous sont infligées sont les outils d’Hachem pour nous rappeler de faire Téchouva…Que le monde n’est qu’entre les Mains du Tout Puissant et que tous les politiciens sont les jouets de Sa volonté.
Pour lutter contre ces virus, nos sages ont institué de faire les brakhot chaque jour. Nous remercions Hachem pour chaque aliment que nous mangeons. Nous le louons de nous habiller, de pouvoir voir, marcher. Dans la prière, nous le gratifions pour chaque chose…Tout cela pour nous rappeler qu’Hachem est le Patron. Ainsi que nous le dit le Rambam à la fin des lois des bénédictions, nous devons remercier Hachem pour chaque bienfait qu’Il nous accorde et il faut crier vers Lui pour qu’Il nous donne la réussite dans chacun de nos actes. Plus nous vivons avec le Créateur de cette manière et plus nous pouvons renforcer la base des 613 Mitsvot, notre foi. Voilà le message que Yaacov avinou voulait nous transmettre avant de mourir. Lorsqu’il vit ses petits-fils, il se remplit de reconnaissance envers Hachem et le fit savoir à son fils Yossef: » Je n’aurais jamais rêvé de te revoir, et aujourd’hui Hachem me permet de voir même tes enfants. »
N’oublions pas cet enseignement, et essayons de toutes nos forces de l’appliquer au quotidien afin de vivre avec notre foi. Nous vous souhaitons, dans cette espérance, un très bon Chabat.