Le jour du 9 av, nous célébrons » l’anniversaire » de la destruction du premier et du second Temple. Pendant vingt-quatre heures, nous porterons le deuil de Jérusalem et de tout ce que nous avons perdu pendant ces deux mille ans d’exil. C’est pourquoi nous devons nous asseoir par terre, ne pas dire Chalom, ne pas chausser de souliers en cuir…comme de véritables endeuillés. Dans les synagogues, nous nous rassemblons pour lire des lamentations qui déchirent le cœur. Et pourtant, malgré cette atmosphère remplie de tristesse, nous avons souvent du mal à pleurer et à ressentir vraiment le manque du Beth Amikdach. A tel point qu’un léger désespoir s’est installé le 9 av. On jeûne et on lit les textes sacrés en sanglotant, mais,au fond de nous,on sait qu’on n’est pas là. Alors comment faire, me direz vous? Nous allons essayer d’expliquer un peu ce qu’Hachem attend de nous en ce jour si important.
Lorsque l’URSS s’est effondrée, un grand rav d’Europe est allé dans une ville importante de Russie afin de rallumer les étincelles de judaïsme qui pouvaient encore exister. Quelques jours avant le 9 av, il annonça qu’il y aurait un office dans la synagogue. Il réussit à trouver quelques dizaines de livres traduits en russe. Seulement, à sa grande surprise, un peu plus de deux mille personnes se rassemblèrent dans la Beth Aknesset. Les quelques sidourim apportés pour l’occasion furent très vite arrachés, et le rav se demandait comment il allait prier avec cette foule qui ne connaissait pas un mot d’hébreu… Il se rappela qu’il avait lu dans plusieurs histoires de tsadikim une solution à ce problème. Il leva les yeux et s’écria: « Maître du Monde, il y a tellement de bné Israël ici qui ont été privés de tout savoir, et je ne connais pas assez bien le russe pour pouvoir vraiment leur parler. Alors Toi qui a crée l’alphabet, prends les lettres que nous allons réciter et écris les prières qui T’apportent de la satisfaction. Il monta sur l’estrade, et hurla d’une voie déchirante: Aleph!! Les milliers de fidèles répondirent de tout leur cœur Aleph. Puis Beth, Guimel…Lorsqu’ils arrivèrent à Hé, Vav l’assemblée ne put contenir ses larmes. Ils terminèrent ainsi tout l’alphabet avec une ferveur indescriptible.
Si vous observez attentivement le texte de Ekha ainsi que ne nombreuses lamentations que nous lirons dimanche, les versets sont ordonnées par ordre alphabétique. Nos sages expliquent que le prophète Jérémie écrivit cette complainte avec la même attention. Afin qu’à la fin des temps, lorsque les juifs ne pourraient plus ressentir les souffrances de l’exil et de la Présence Divine, Hachem puisse prendre l’alphabet que nous allons dire afin de l’associer d’une autre façon. C’est pourquoi nous devons comprendre que même si nous ne ressentons pas beaucoup le deuil de Jérusalem, nos prières sont très importantes aux yeux du Maître du Monde.
Nous devons avoir la foi alors qu’Hachem sait que nous ne pouvons pas pleurer pendant vingt-quatre heures comme le faisaient nos ancêtres il y quelques siècles. Mais ce que nous pouvons faire, nous devons le faire de toutes nos forces. Essayer de prendre sur nous le deuil avec sérieux, et nous concentrer comme on peut lors des prières et des lamentations. Il est écrit dans le livre de Yéchayahou (63, 9) « Toutes leurs souffrances sont des souffrance pour Lui… » Nos sages nous apprennent qu’Hachem ressent toutes les douleurs que nous éprouvons à travers cet exil. A l’image d’un père qui peut devenir malade des problèmes de son fils, Notre Père aussi endure les douleurs de notre peuple. Or comme nous le savons, seule la venue du Machiah mettra un terme aux maux individuels et collectifs que nous connaissons. Toutes les difficultés financières, toutes les agressions racistes, toutes les maladies qui détruisent nos vies disparaîtront avec la reconstruction du Troisième Temple.
C’est pourquoi, même si nous n’arrivons pas à ressentir le deuil de Jérusalem, en ce jour du 9 av, nous devons nous endeuiller sur toutes les victimes de cet exil. Nous devons pleurer sur les tsadikim qui ont été arrachés de ce monde à cause de nos fautes. Et nous devons supplier Hachem de mettre un terme à toutes nos souffrances. Car en pleurant sur les peines de notre peuple, nous nous associons à la souffrance de notre Père. Nos maîtres enseignent que la naissance de Machiah a lieu le 9 av. Alors ne laissons pas passer cette journée! Profitons de chaque instant pour demander à Hachem de nous libérer de cet exil et de nous faire vivre ce monde parfait, ce monde sans souffrance, ce monde de paix et de Torah que nous espérons tant. Et n’oublions pas que chaque petite prière représente une valeur inestimable devant le Créateur. Qu’Hachem réponde à nos prières et que ce jour de jeûne se transforme en jour de joie dès ce dimanche, Amen Ken Yéhi Ratson.
Dvar thora inspire de « Si’hot It’haskout »