Les Mitsvot de la Torah se divisent en deux catégories: les Michpatim et les Houkim. Les Michpatim sont les lois que nous pouvons comprendre, comme la prescription nous demandant de ne pas voler, tuer,ou dire du mal des autres…Les Houkim, à l’inverse, nous paraissent incompréhensibles. La paracha de la semaine, Houkat, nous explique le processus de purification d’une personne qui est entrée en contact avec un mort. Celle-ci devenait alors impure pendant sept jours. Pour retrouver son état de pureté, elle devait être aspergée le troisième et le septième jour par une eau dans laquelle avaient été mélangées des cendres d’une vache rousse. Cette dernière devait être entièrement rousse, sans aucun poil d’une autre couleur. Elle devait également ne jamais avoir porté de charge et ne posséder aucun défaut physique. Enfin, la Torah nous enseigne que le cohen qui aspergeait l’homme impur le devenait à son tour pendant une journée. Voici le Hok de la Torah qu’Hachem demanda à Moché de transmettre aux enfants d’Israël.
Comme vous le pouvez le constater, il n’y a rien de compréhensible dans toute cette cérémonie. Pourquoi fallait-il que cette vache fût entièrement rousse, sans défaut? Mais surtout, pourquoi le cohen devenait- il impur? Nos sages disent que même le Roi Chlomo zal, l’homme le plus sage de tous les temps, ne comprit pas le sens de cet ordre divin. Rachi zal explique que la Torah précise que cette mitsva est un Hok car le Satan et les nations du monde interpellent les juifs en leur disant: « Qu’est-ce donc cette mitsva? Et quel sens il y a-t-il dans tout cela? » C’est pourquoi la Torah mentionne: « C’est un Hok, un décret qui vient de Moi et vous n’avez pas le droit de venir le remettre en question. »
A priori, les propos de ce Midrach rapportés par Rachi zal sont plus qu’étonnants. Premièrement, en quoi le fait de répondre que c’est un Hok constitue-t-il un argument contre le Satan et les nations du monde, alors que c’était là justement leur question? De plus, pourquoi Hachem précisa-t-Il que c’est un décret qui émane de Lui? Y-a-t-il donc une Mitsva qui ne soit pas un de Ses ordres? Enfin, la Torah appelle cette loi » le Hok de la Torah », comme si toute la Torah était un Hok. Or, comme nous l’avons dit, il existe beaucoup de mitsvot compréhensibles, alors pourquoi ne pas avoir dit « Voici le Hok de la vache rousse »?
Pour répondre à ses questions, nous allons ouvrir une petite parenthèse. Il existe chez les nations du monde des championnats de saut d’obstacles. Les organisateurs préparent un parcours constitué de barres à sauter, de flaques d’eau et d’autres obstacles à éviter. Les jockeys, ou plutôt leur cheval, doivent effectuer le parcours le plus rapidement possible. Un jour, un enfant qui observait cette course demanda à son père: » papa, pourquoi n’enlèvent pas tous ces obstacles pour que les chevaux aillent plus vite? »Son père lui répondit avec un petit sourire: » mon fils, ce sont justement ces obstacles qui font l’intérêt de cette course. Le champion,c’est celui qui arrive le premier malgré toutes les embûches. »
Un homme traverse dans la vie de nombreux événements qu’il ne comprend pas. Certaines difficultés peuvent entraîner une interrogation: » Pourquoi Hachem me fait Il ça? » La mitsva de la vache rousse vient nous enseigner que même ce qui nous semble incompréhensible provient d’Hachem. Et ces épreuves qui jalonnent notre vie sont des embûches que le Créateur dispose avec minutie. Par leur intermédiaire, un homme peut observer son niveau de foi et d’intégrité. En effet, s’il se décourage ou se rebelle devant les épreuves, c’est le signe qu’il n’a pas su surmonter l’obstacle qu’Hachem avait mis sur sa route. A l’inverse, s’il se renforce dans sa foi et dans ses prières, à l’image de nos ancêtres Avraham, Itshak et Yaacov Avinou Aléhem Achalom, alors il grandit et atteint le but de la course: se rapprocher d’Hachem.
Désormais, nous pouvons trouver des réponses aux questions soulevées. La Mitsva de la vache rousse n’est pas qu’une simple Mitsva. Elle nous enseigne qu’il existe des choses qu’on ne peut pas comprendre mais qui nous permettent de nous élever dans notre service divin et nous renforcer dans notre foi. Ainsi, toute la difficulté de cette Mitsva et son but sont de l’accepter sans poser de question, sans se rebeller. Il est écrit: « Voici le Hok de la Torah » car cet enseignement n’est pas spécifique à la vache rousse, et s’applique à toute la Torah, à toute la vie. Nous pouvons comprendre également la réponse d’Hachem affirmant que cette mitsva est un Hok, comme nous l’avons expliqué, car c’est justement le sens profond de cette Mitsva. Enfin Hachem précise que c’est un décret qui vient de Lui pour témoigner que cette Mitsva est pour notre bien. De toute façon, puisque Hachem se caractérise par son infinie bonté, toute ce qui provient de Lui ne peut être que pour notre bien. Et même si nous ne pouvons pas toujours le voir, Hachem nous certifie que toutes ces difficultés ont pour but de nous aider à parvenir à bonne destination.
Comme vous pouvez le constater, les épreuves spirituelles et les souffrances que nous endurons se sont multipliées depuis un certain temps. Les mauvaises nouvelles se font entendre presque chaque semaine, à notre grand désespoir. Cependant, nous devons savoir que la délivrance finale ressemble à une femme qui accouche. Plus elle se rapproche de la fin, plus ses contractions sont fréquentes et douloureuses. Les grands sages de notre génération nous demandent de tenir encore un peu, de faire encore un petit effort. Car le mauvais penchant essaie de faire tomber le plus de juifs possible avant la fin du match. Alors je nos dernières forces dans la bataille, afin d’arracher la victoire que notre peuple attend depuis si longtemps. Amen Yéhi Ratson.