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De ma chute je me suis relevé…

par Itshak Nabet

Les vacances sont souvent des périodes de chute spirituelle. Plongés dans un environnement qui n’est pas le nôtre, nous nous confrontons à des difficultés qui peuvent souvent nous faire tomber. Si ces chutes entraînent bien évidemment des taches que nous essayerons d’effacer, il existe néanmoins un aspect positif à ces moments de détresse. Il est écrit dans le livre du prophète Mikha( 7,8) « Ne te réjouis pas, mon ennemi, car de ma chute je me suis relevé, et dans l’obscurité dans laquelle j’étais Hachem fut ma lumière. » Nos sages ont enseigné: si je n’étais pas tombé, je ne serais pas debout, et si je n’avais pas été dans l’obscurité, Hachem n’aurait pas été ma lumière. En d’autres termes c’est la chute qui conduit l’homme à voir la vérité, comme nous allons l’expliquer.

Le Midrash Raba (65,18) raconte une histoire qui eut lieu lors de la destruction du second Temple: lorsque les ennemis s’emparèrent du Beith Amikdash, ils eurent peur de s’y introduire et de mourir. Alors que firent-ils? Ils envoyèrent un juif dans le saint des saints en lui promettant qu’il pourrait garder ce qui en sortirait. Jossef Mechita, un juif qui collaborait, accepta cette mission. Il entra dans l’endroit le plus saint et prit la menora en or, chandelier à 7 branches. « Un objet de cette valeur n’est pas fait pour un homme simple, lui déclarèrent les romains, Sa place se trouve dans le palais de l’empereur ! Vas et choisis un autre objet. A leur grande surprise, celui-ci refusa catégoriquement d’y retourner. Alors les Romains lui proposèrent une grosse somme d’argent, mais il s’obstina et répondit:  » J’ai déjà mis mon créateur en colère une fois, je ne veux pas récidiver. » Alors ils l’accrochèrent à la laboureuse d’un âne et le tuèrent cruellement, pendant qu’il hurlait : malheur à moi, car j’ai mis en colère mon créateur. »

Essayons de comprendre comment un homme qui était si loin se transforma en un instant en Rabi Akiva. Il semble que la cause de ce bouleversement fut la chute vertigineuse que ce Joseph effectua. Premièrement, il accepta de rentrer au Temple, ce que même les hommes les plus bas refusèrent. Ensuite il ne comprit pas que la ménora ne pouvait pas appartenir à un homme simple. Et pourtant ce fut à la suite de cette dernière faute qu’il prit conscience de l’obscurité dans laquelle il se trouvait. Et soudain, au milieu de cette désolation, ses yeux se sont ouverts et il décida de se laisser tuer. Et même lors des tortures atroces, il ne cria pas de douleur mais il s’accusait de ses fautes. En l’espace de quelques instants, cet homme sortit des ténèbres et atteignit les niveaux les plus élevés.

Le rav Schmulowitz explique que s’il n’avait pas connu cette terrible descente, jamais il n’aurait entrevu cette immense lumière. Car ce qui empêche un homme de s’élever dans le service divin, c’est qu’il s’habitue à sa condition. Ainsi un homme peut vivre des années sans se soucier de l’obligation de grandir dans la Torah et de s’approcher d’Hachem. De plus, la routine diminue bien souvent la flamme que l’homme éprouve à prier, étudier, faire shabbat…Comme le dit le prophète Isai(29,13): « Ce peuple me rend hommage avec ses lèvres mais il m’a effacé de son cœur, il exécute mes commandements comme une leçon apprise… »Ainsi Hachem nous reproche de le servir sans émotion, sans intériorité. Et c’est ce manque de chaleur qui empêche l’homme d’évoluer car il n’a ni l’envie ni les forces pour avancer. Seule une chute violente brise la routine dans laquelle il s’est enlisé, et entraîne ce réveil du cœur. C’est quand l’homme réalise à quel point il est tombé bas qu’il trouve l’énergie pour changer.

Nous sommes en ce moment, pour la plupart, en vacances. Cette période est généralement un temps de chute et d’obscurité. On oublie des prières, on mange alors que la cacherout est douteuse, les shabbats sont compliqués, les plages, les ambiances…. Mais la semaine prochaine arrive le mois d’Elloul et les selihot : la préparation à Roch Hachana commence. Voici le moment de crier « Ne te réjouis pas, mon ennemi, car de ma chute je me suis relevé ». Alors nous devons dès aujourd’hui réfléchir sur notre vie et notre routine. Cherchons des cours de Torah afin que la nouvelle année soit éclairée par la lumière divine. Qu’Hachem nous donne les forces pour nous relever et qu’Il nous élève jusqu’à son trône céleste, amen ken yéhi ratson.

Ces paroles de sagesse ont été enseignées dans le livre Sihot Moussar

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