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Les plaintes de Mara

par Itshak Nabet

Dans la paracha de la semaine, Béchalakh, la Torah nous raconte les nombreux miracles qu’Hachem accomplit en faveur des bné Israël après leur sortie d’Egypte. Dans un premier temps, Il ouvrit la mer de Joncs en douze tunnels. Les juifs traversèrent cette étendue d’eau comme des touristes visitent un aquarium géant. De chaque côté, l’eau immobilisée laissait entrevoir les différentes espèces aquatiques. Le sol sec était recouvert d’une sorte de marbre. Des arbres fruitiers et des bancs étaient installés pour permettre aux personnes âgées et aux enfants de se reposer. Et ce sera dans ces mêmes couloirs que les Egyptiens trouveront une mort atroce.

A la suite de ce sauvetage, les bné Israël chantèrent tous ensemble cette célèbre mélodie qui fait vibrer toutes les synagogues: Az Yachir Moché ouvné Israël…Ensuite,la paracha nous dévoile les conditions de vie de nos ancêtres durant ce difficile voyage. Hachem dirigeait son peuple grâce à une colonne de fumée qui désignait la route à suivre. La nuit,celle-ci se transformait en colonne de feu pour l’éclairer. Pendant ces quarante ans, le peuple but de l’eau qui provenait d’un puits qui se déplaçait avec lui et mangeait la Manne, une nourriture spirituelle qui tombait tous les matins pour chaque juif. Cependant, tout ne fut pas si simple. Par exemple, Hachem ne donna pas le puits immédiatement, comme il est écrit:

« Et Moché fit voyager les bné Israël de la mer de Joncs vers le désert de Chour. Ils marchèrent pendant trois jours dans le désert et ne trouvèrent pas d’eau. Ils arrivèrent à Mara et ne purent pas boire tant l’eau était amère. Et c’est pourquoi on appela cette ville Mara (qui signifie amertume). Le peuple se plaignit à Moché et dit: Qu’allons nous boire? » Et ce n’est qu’après cet incident qu’Hachem lui offrit le puits de Myriam qui l’ accompagna jusqu’à son entrée en Israël.

Arrêtons-nous un instant sur cet épisode. Le peuple encore ébloui par les miracles de sa traversée de la mer de Joncs se dirige vers Eretz Israël. Le cœur léger, les juifs débutent leur route dans le désert pleins de confiance en Dieu: « Celui qui nous sauva des Egyptiens nous sauvera de la sécheresse ». Trois jours et trois nuits s’achèvent. Les quelques millions de femmes, d’enfants, de personnes âgées espèrent plus que jamais trouver quelques gouttes d’eau pour étancher cette soif qui ne fait que s’amplifier. La joie laisse pourtant vite place au désespoir. Malgré les nuages de protection qui prouvent les bienfaits de notre Créateur, le doute est semé dans de nombreux cœurs.

Soudain,à Mara, l’espoir renaît. Une voix délivre le peuple: « De l’eau, il y a de l’eau! » Tous les jeunes hommes accourent vers ce puits fraîchement trouvé afin d’aider à creuser. On amène les seaux pour commencer à distribuer. Le premier buveur s’exclame « Chéahakol Niya Bidvaro », puis recrache écoeuré. La détresse retombe sur ces millions d’âmes: l’eau trouvée est imbuvable, amère au possible. Le peuple se jette sur Moché Rabénou et l’interroge: qu’allons- nous boire? Comment allons- nous traverser ce désert sans eau? Malgré la légitimité de ces questions, la Torah considéra ces requêtes comme une faute, comme « des plaintes »… Et,plus encore,il est écrit dans le traité de Arkhine (15;a) qu’à dix reprises les bné Israël ont mis en colère Hachem pendant la sortie d’Egypte. Or,dans la liste,nous pouvons trouver cet épisode. Alors,qu’est-ce-qui déplut au Créateur? Quelle faute y avait-il dans cette requête?

Nos sages expliquent que nos ancêtres n’auraient pas dû se plaindre. Il fallait qu’ils prient ou qu’ils disent à Moché Rabénou de demander de l’eau pour eux. Et s’ils avaient fait cette démarche, il est certain qu’Hachem aurait écouté leurs prières et ordonné à Moché de frapper sur un rocher afin de faire jaillir l’eau. En se plaignant, ils fautèrent contre leur Bienfaiteur. De cet épisode,nous devons nous aussi apprendre combien il est grave de se plaindre. Et même lorsque nous avons de bonnes raisons, comme nos ancêtres à Mara, nous devons choisir l’arme de la parole. En effet, la majorité des manques et des épreuves qui jalonnent nos vies visent à nous rapprocher de notre créateur. Et c’est pourquoi le mot « Téfila »,la prière, est composée des mêmes lettres que le mot « Pétila »,qui signifie une mèche. Car de même que la mèche relie l’huile, une matière organique,à la lumière,symbole de la spiritualité, de même c’est par la prière que nous pouvons nous lier avec Hachem, la Source de vie. Ainsi, la difficulté oblige-t-elle l’homme à lever les yeux vers le ciel, et donc à se rapprocher du Créateur. En outre, lorsqu’une personne se plaint, elle se détache d’Hachem. En désignant ce qui lui semble tenir de l’ injustice, elle témoigne que le Tout-Puissant ne maîtrise pas tout. Cette attitude la déssert ainsi deux fois. Non seulement cette personne ne profite pas de l’épreuve pour avancer vers Hachem,mais,plus encore,elle faute en se plaignant de sa condition. Alors retenons la leçon des fautes de nos ancêtres, et essayons de profiter de chaque difficulté pour nous rapprocher d’Hachem à travers la prière. Et qu’Hachem exauce toutes nos demandes,pour nous rapprocher de lui dans la joie et les bonnes nouvelles, amen ken yéhi ratson.

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