Dov Uzan

La Réponse de Moché

par Itshak Nabet

Dans la paracha de la semaine, Korah, la Torah nous raconte la révolte deKorah et de son assemblée contre Moché et Aaron. Le premier réussit à entraîner une partie du peuple à se lever contre ses dirigeants en leur reprochant de s’être octroyés, seuls, le pouvoir et le titre de Cohen Gadol (de grand prêtre). Comme il est écrit: « Vous avez trop pris. Puisque toute cette assemblée est entièrement sainte, pourquoi seriez-vous plus que nous? »Moché Rabénou leur proposa, pour les calmer, une épreuve afin de déterminer qui sera l’homme choisi par Hachem pour être le Cohen Gadol: « Au matin il sera su qui a choisi Hachem… Que tout celui qui revendique le poste vienne demain apporter de l’encens en sacrifice dans le sanctuaire. Mais sachez que seul le prêtre élu par Hachem en sortira vivant ». Ainsi, deux cent cinquante chefs communautaires et Aaron se présentèrent au rendez- vous. Lors de cette triste cérémonie, tous furent consumés par un feu céleste, à l’exception d’Aaron. Lequel prouva ainsi au peuple qu’il avait bien été désigné par Hachem.

Les sages soulèvent de nombreuses questions à propos de ces versets. Premièrement, pourquoi la Torah se répète-t-elle en disant: « Toute cette assemblée est entièrement sainte »? Il fallait dire soit: « toute cette assemblée est sainte », soit « cette assemblée est entièrement sainte »? De plus, pourquoi MochéRabénou leur répondit: »Au matin il sera su… » et ne leur a-t-il pas répondu plus simplement « Demain il sera su »? Enfin, pourquoi Moché Rabénou choisit-il l’épreuve de l’encens? N’aurait-il pas pu leur demander d’allumer les bougies du chandelier ou d’apporter des sacrifices?

Le Sforno répond à la première question ainsi:  » Toute l’assemblée », chaque juif, « est entièrement sainte » des pieds à la tête. Essayons de comprendre cette explication. Que voulait rajouter Korah en disant que tous étaient 100% saints?

Pour comprendre cette discussion entre Korah et Moché Rabénou, le RavYonanathan Doumb chlita utilise un Midrach ramené à la fin du livre TiféretIsraël:  » Après la sortie d’Egypte, un roi qui avait entendu parler de la grandeur de Moché Rabénou voulait vérifier s’il existait vraiment un homme comme cela. Il envoya dans le camp des bné Israël un dessinateur professionnel afin de reproduire son visage. Ce roi possédait des sages qui savaient lire sur les traits du visage les qualités et les défauts des gens. Lorsqu’ils virent le dessin, ils furent unanimes: l’homme dessiné est coléreux,orgueilleux, un menteur qui aime les délices de ce monde… Le roi était confronté à un dilemme car un de ses deux serviteurs se moque de lui. Pour régler l’histoire, il décida de se rendre au camp des bné Israël et demanda à voir Moché Rabénou. Lorsqu’il vit que le dessin était une photo conforme de notre maître, il fut contrarié et expliqua àMoché Rabénou que ses sages lui firent croire qu’ils savaient lire sur les visages pendant des années. Sur ce, Moché lui répondit: que ces sages ne s’étaient pas trompés. » Je suis né avec les pires défauts qui puissent exister. Cependant,j’ai réussi à surmonter mon mauvais penchant et j’ai su inverser toutes mes tendances naturelles pour le mal. Et sache que c’est pour cela qu’Hachemm’aime. » Ainsi,celui qui possède une attirance pour le mal et qui arrive à se parfaire mérite une plus grande récompense que celui qui est bon de naissance.

Le Qsot AHochen, dans son introduction du livre Chev Chmatata, explique dans ce sens un Midrach étrange sur le verset dans Béréchit  » Et Hachem vit tout ce qu’Il avait fait, et ce fut très bon… »: « Bon » c’est le bon penchant, « très bon » c’est le mauvais penchant. Ce rav explique que lorsqu’il n’y a que le bon penchant, un homme peut arriver au bon. Mais lorsqu’il possède un mauvais penchant, il peut se surpasser et atteindre des niveaux encore plus élevés. Ainsi,dira le Zohar Akadoch, c’est dans l’obscurité que l’on aperçoit la lumière. En outre, le Ran nous enseigne que nous retrouvons cette notion dans l’encens. Parmi les onze ingrédients qui composaient ce mélange de végétaux que l’on brûlait au Temple, il y avait une espèce, la Hélbéna,qui sentait mauvais. Pourtant, lorsqu’on la mélangeait aux autres herbes, c’était grâce à elle que l’on pouvait mieux sentir les autres éléments.

Désormais,nous pouvons comprendre le sens du conflit entre Moché Rabénouet Korah.

Korah pensait que seuls ceux qui étaient parfaits depuis la naissance méritaient la grandeur. Ainsi,partit-il voir Moché et lui dit: « comment oses-tu nous gouverner? Tu es moins bien, car nous sommes tous saints depuis la naissance. Or toi même, tu avouas que tu étais né avec de nombreux défauts. » AlorsMoché lui expliqua qu’il se trompait entièrement. Au contraire, plus un homme progresse grâce à ses efforts et plus il mérite d’honneurs. C’est pourquoi il leur donna rendez-vous le matin, là où la lumière chasse l’obscurité. Et c’est dans cet esprit qu’il leur ordonna d’apporter de l’encens. Car celui-ci enseigne que le mauvais qui réside dans une chose peut élever le bon lorsqu’il est maîtrisé.

La paracha de la semaine nous rappelle que la Torah n’est pas réservée à une élite. Au contraire, plus un homme connaît des difficultés et arrive à les surmonter, et plus il est aimé par Hachem. Alors ne perdons jamais espoir,carHachem ne regarde pas le niveau final mais bel et bien les efforts fournis et le désir de se rapprocher de Lui.

Alors qu’Il nous aide à nous dépasser et nous parfaire, amen ken yehi ratson.

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